La stratigraphie du domaine vocontien
(chaînons à l'ouest du Grand Buëch)

Voir l'abrégé de la stratigraphie du Diois - Baronnies
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Diois - Baronnies : images stratigraphiques

Extrait du livret-guide de l'excursion géologique inter-universitaire
dirigée du 27 au 30 mai 1965 par
Jacques FLANDRIN


N.B : Ce texte inédit, complet, mérite d'être localement retouché pour l'adapter à la nomenclature actuelle, notamment en ce qui concerne celle des étages du Jurassique supérieur. Il ne tient évidemment pas compte des connaissances supplémentaires apportées depuis, notamment par les travaux de MM. Porthault, Artru et Moullade , que l'on trouvera cités en liste bibliographique.

Série stratigraphique

Trias : à 1'E et à 1'W de la région parcourue (zone de Laragne - Lazer - Montrond et zone de Propiac - Mérindol - Montaulieu - Condorcet) le Trias apparaît à la faveur de dislocations profondes sous forme de diapirs où il est difficile d'établir des subdivisions chronostratigraphiques précises. On peut toutefois reconnaître, dans ces masses extravasées, la présence de calcaires dolomitiques et de dolomies attribuables au Muschelkalk d'après les quelques fossiles récoltés (Myophoria vulgaris etc ...) et celle de gypses, de cargneules et de marnes versicolores classiquement rapportés au Keuper. Au cours de l'excursion, les formations triasiques, bien reconnaissables à leur vive teinte jaune, ne pourront être observées que d'assez loin au voisinage du petit dôme bajocien de Montrond.

Bajocien et Bathonien inférieur : forment le coeur des anticlinaux d'Eyguians et de Montrond à l'intérieur du grand anticlinorium de Laragne. Ils sont représentés, sur environ 300 m d'épaisseur, par des calcaires marneux finement détritiques, en gros bancs, bleu-noir à la cassure et roux en surface puis par des calcschistes et des marnes qui, d'après les rares fossiles récoltés, sont attribuables, les premiers au Bajocien (Cadomites sp., Coeloceras braikendgi Parkinsonia cf. parkinsoni) les seconds au Bathonien inférieur (Zigzagiceras sp. ).

Bathonien moyen et supérieur : cet horizon constitue le terme de base, le plus épais, de la série des "terres noires" Sa puissance atteint environ l000 m sur le pourtour de l'anticlinal d'Eyguians et demeure du même ordre dans la région de Die (sondage d'Aurel). Ce sont des marnes schisteuses de teinte sombre, très monotones, tout à fait comparables aux marnes de l'Oxfordien dont elles se distinguent toutefois par la présence de grandes Posidonomyes. Ces marnes, dont la base est attribuable au Bathonien moyen admettent à leur partie supérieure plusieurs gros bancs (0,10 à 0,50 m) de calcaires gréseux à patine rousse qui constituent un excellent niveau repère. Cet horizon, mis en évidence par les géologues du B.R.P. et de la C.O.P.E.F.A., appartient, d'après ses fossiles, au Bathonien supérieur (Bullatimorphites bullatus, B. uhligi) et au Callovien basal (Macrocephalites macrocephalus).

Callovien : épais de 500 à 700 m, cet étage se subdivise lithologiquement en trois termes :
- un terme inférieur marneux (env. 150 m), très peu différent par son faciès du Bathonien supérieur et de l'Oxfordien ;
- un terme moyen (env. 100 m), donnant généralement une zone de légers reliefs, qui est caractérisé par la présence d'abondants calcaires brun-jaune en plaquettes, de 0,05 à 0,10 m ;
- un terme supérieur marneux, azoïque, généralement réuni sur les cartes avec l'Oxfordien dont il ne se distingue pas lithologiquement (300 à 500 m).

Les deux termes inférieurs renferment d'assez fréquentes ammonites où prédominent les Reineckeidae : Reineckeia anceps, R. reissi, R. rehmanni, R. grossouvrei etc ..., Choffatia tenella, Siemiradzkia de Mariae etc

Oxfordien (et base de l'Argovien) (On a conservé l'ancienne échelle stratigraphique qui a l'avantage de correspondre, dans la région, à des ensembles lithologiques assez bien définis et qui est celle utilisée par les cartes au 80.000e et au 50.000e) : représenté sur 200 à 300 m par des marnes schisteuses de teinte sombre qui terminent la série des "terres noires" proprement dites. Les fossiles, parfois très abondants, appartiennent suivant les gisements et les niveaux aux trois anciennes zones classiques de l'étage : z. à Quenstedticeras lamberti et Peltoceras athleta (actuellement considérée comme la zone terminale du Callovien, à la suite du Colloque de Luxembourg en 1962), z. à Quenstedticeras mariae , z. à Cardioceras cordatum.

A 30 ou 40 m en dessous du sommet des "terres noires", la présence de petits bancs de calcaires argileux à patine rouge coïncide généralement avec l'apparition des premiers fossiles argoviens et marquent la base de cet étage.

Argovien (et base du Rauracien) : si 1'on excepte les 30 à 40 m inférieurs, l'Argovien correspond à une reprise partielle de sédimentation calcaire qui se traduit par l'intercalation de bancs calcaires marneux au sein des marnes. La patine jaunâtre ou rousse des calcaires confère à l'ensemble une teinte jaune sale bien reconnaissable dans les paysages.

Épais d'environ 100 m ou même moins dans le S. des Baronnies, l'Argovien atteint une puissance de l'ordre de 500 m dans le Diois et le Bochaine. I1 admet alors de fortes intercalations purement marneuses qui, lorsqu'elles sont azoïques et affleurent en dehors de leur contexte, peuvent très facilement être confondues avec les marnes de l'Oxfordien. La faune, abondante dans le S, plus rare car plus "diluée" dans le N comprend de nombreuses espèces d'ammonites : Sowerbyceras tortisulcatum, Kranaosphinctes sayni, Ochetoceras canaliculatum, 0. (Trimarginites) arolicum; Peltoceras (Gregoryceras) transversarium, Euaspidoceras oegir etc D'une façon générale, les 20 à 30 derniers mètres de la formation, dans lesquels les calcaires deviennent plus durs et plus abondants, appartiennent déjà au Rauracien d'après leur faune.

Rauracien, Séquanien, Kimméridgien : dans le SO de la région parcourue, ces trois "étages", dont l'épaisseur globale ne dépasse pas 80 à 100 m, ne peuvent guère être distingués. On peut toutefois reconnaître que la partie inférieure de l'ensemble caractérisée par des ammonites rauraciennes (Orthosphinctes tiziani etc ...) est plus calcaire que les parties moyenne et supérieure où peuvent être récoltées des ammonites séquaniennes et kimméridgiennes : Ataxioceras lothari, A. effrenatus etc , Lithacoceras arduescicus, Progeronia lictor, Streblites laevipictus etc.

[N.B : les termes de Rauracien et de Séquanien désignent les niveaux calcaires globalement qualifiés de Séquanien dans le site GEOL-ALPES ; ils n'ont pas valeur d'étage et correspondent aux couches du passage Oxfordien supérieur - Kimméridgien inférieur]

Dans le Diois et le Bochaine, l'épaisseur des mêmes horizons devient nettement plus forte (150 à 200 m) en même temps que s'accentue la distinction lithologique entre le Rauracien et les termes qui le surmontent. Ainsi qu'on le constatera dans la montée du Col de Grimone, la barre calcaire dite rauracienne atteint à peu près l'épaisseur de la barre tithonique - avec laquelle elle peut alors être confondue dans les paysages, tandis que le Séquanien et le Kimméridgien deviennent au contraire très marneux et évoquent alors, de loin, l'Argovien ou le Valanginien. Des figures de "slumping" s'observent en plusieurs points dans le Séquanien marno-calcaire.

Tithonique : est représenté par une assise calcaire, de 60 à 100 m d'épaisseur, qui constitue le trait morphologique et structural dominant de tous les paysages de la fosse vocontienne. Les calcaires, à pâte sublithographique claire, sont généralement massifs ou en gros bancs. Ils peuvent également , surtout lorsque les pendages sont voisins de la verticale, se présenter comme une succession de bancs durs, relativement peu épais, et de bancs plus tendres car l'érosion différentielle fait alors ressortir les légères différences de composition chimique des assises Vers le milieu et le sommet de l'étage, des niveaux de pseudo conglomérats intraformationnels apparaissent fréquemment.

En dehors de sa microfaune de Tintinnoïdiens (Calpionella alpina, C. elliptica), le Tithonique se montre toujours extrêmement pauvre en fossiles ce qui ne permet pas l'établissement d'une chronostratigraphie extrêmement précise

Berriasien (100 à 150 m) : sa limite exacte avec le Tithonique est difficile à préciser car l'étage débute par des bancs calcaires épais (0,4 à 2 m) n'admettant tout d'abord que de rares et très minces intercalations marno-calcaires. Lorsqu'on s'élève dans la série les intercalations deviennent rapidement plus importantes en même temps que diminue l'épaisseur des bancs calcaires et que la nature de ces derniers devient un peu plus argileuse.

A différents niveaux on observe des passées pseudo-conglomératiques intraformationnelles ainsi que des figures de glissements synsédimentaires. On peut également rencontrer, dans les régions septentrionales de la fosse vocontienne, des niveaux organo-détritiques et micro-conglomératiques généralement minces renfermant des Foraminifères benthiques.

Au point de vue paléontologique, l'étage renferme en assez grande abondance, dès sa base, une faune d'ammonites comprenant essentiellement de nombreuses espèces de Berriaselles ainsi que des Spiticeras et des Neocosmoceras. Jusqu'à présent, l'étude ce cette faune n'a pas permis de définir des subdivisions zonales de valeur générale. En ce qui concerne la microfaune, seuls les Tintinnoïdiens permettent l'établissement de coupures chronostratigraphiques. L'apparition de Tintinnopsella carpathica est classiquement utilisée comme repère marquant le début du Berriasien tandis que l'extinction des formes apparues au Tithonique s'effectue au sommet de la partie inférieure du Berriasien pour Calpionella elliptica et près de la limite Berriasien-Valanginien pour C. alpina.

Valanginien (100 à 120 m) : cet étage, où prédominent les formations marneuses, se traduit toujours dans la topographie par des dépressions bien marquées. Dans le détail, le passage du Berriasien au Valanginien est assez graduel, la base de l'étage montrant une alternance régulière de bancs calcaréo-marneux de 0,15 à 0,20 m et de lits marno-calcaires s'épaississant progressivement (0,20 à 0,50 m).
La partie moyenne de l'étage correspond le plus souvent à une séquence très marneuse dans laquelle ne s'observent que de rares et minces intercalations calcaréo-marneuses, devenant finement gréseuses et ferrugineuses vers le haut. Dans le N du Diois ces intercalations passent à des calcaires finement gréseux roux, en plaquettes, à rares silex, qui envahissent à peu près tout le Valanginien moyen et supérieur. On peut y voir l'équivalent latéral des "calcaires du Fontanil" du Vercors et de la Chartreuse. L'étage se termine enfin par un ensemble de couches encore essentiellement marneuses mais où les bancs calcaréo-marneux reprennent cependant de l'importance. Au point de vue paléontologique, le Valanginien de la fosse vocontienne est caractérisé par les abondantes faunes d'ammonites pyriteuses rendues classiques par G. Sayn et W. Kilian. La base de 1'étage correspond à la zone à Kilianella roubaudi et K. lucensis et les marnes de la partie moyenne à la zone à Saynoceras verrucosum. Les assises terminales n'ont pas encore été caractérisées paléontologiquement. On y recueille essentiellement des Aptychus (Lamellaptychus didayi), des formes à grande extension stratigraphique telle Neocomites neocomiensis et, vers le sommet, les premiers Lyticoceras. Micropaléontologiquement , on peut caractériser l'étage par la grande fréquence de Lenticulina nodosa. Dans les couches terminales, très peu en dessous des premiers Lyticoceras, apparaissent Marssonella kummi et M. hauteriviana que l'on peut utiliser comme repères pour marquer le début de l'Hauterivien.

Hauterivien (150-250 m) : cet étage est essentiellement représenté par une alternance très régulière de bancs calcaréo-marneux (0,25 à 0,50 m) et marno-calcaires (0,15 à 0,40 m) qui offre en affleurement un aspect rubané caractéristique. Cette régularité de stratification est toutefois assez souvent troublée, à différents niveaux, par des figures de glissements synsédimentaires (slumping) particulièrement spectaculaires. Lithologiquement, les seuls niveaux repères apparaissant dans la moitié inférieure de l'étage sont une à trois barres de calcaires très finement gréseux, à lits de silex noirs, qui renferment souvent des petits Foraminifères benthiques. Ces "barres à silex" sont particulièrement reconnaissables dans les parties septentrionale et centrale de la région parcourue. Vers le tiers supérieur de l'étage une passée marneuse, plus ou moins bien individualisée. correspond à l'Hauterivien moyen. Enfin le sommet de l'étage comporte très généralement de gros bancs calcaires qui prédominent nettement sur les marnes.
Les ammonites représentées dans l'ensemble de l'Hauterivien permettent d'y distinguer quatre zones :

- une zone basale à Lyticoceras (L. cryptoceras, L. amblygonius, L. cf. paraplesius) :
- une zone à Criocères très fréquents, avec Leopoldia castellanensis, Holcostephanus jeannoti, Spitidiscus incertus etc ;
- une zone à Subsaynella sayni, correspondant à la passée marneuse} où les ammonites sont généralement représentées par des exemplaires pyriteux ;
- - une zone à Pseudothurmannia angulicostata, avec Plesiospitidiscus gr. ligatus, Balearites sp., etc .."

En ce qui concerne la microfaune, Marssonella kummi et mieux encore M. hauteriviana caractérisent l'ensemble de 1'Hauterivien tandis que Haplophragmoides neocomianus, apparu dans la zone à Lyticoceras, ne dépasse pas la zone à Subsaynella sayni.

Barrémien (100 à 200 m) : cet étage est caractérisé dans sa partie supérieure, de même que le Bédoulien auquel il est toujours étroitement associé, par des assises franchement calcaires qui déterminent des lignes de reliefs généralement bien reconnaissables dans le paysage
A l'intérieur de la région parcourue par l'excursion, il présente des variations de faciès plus marquées que celles des étages précédents, qui conduisent à distinguer schématiquement :
- un faciès " à tendances néritiques ", qui admet des passées organo-détritiques présentant leur développement maximal dans le Centre-Nord et le NE de la région ;
- un faciès "pélagique", localisé dans le NW (avec de fortes épaisseurs) et dans l'extrême Sud (avec des épaisseurs réduites)
De même que dans l'Hauterivien, des figures de glissements synsédimentaires viennent fréquemment troubler la régularité des assises barrémiennes.

Une coupe-type du Barrémien, relevée dans la zone du faciès "à tendances néritiques", permet de distinguer schématiquement, de bas en haut :
a) une série alternante de bancs calcaires et de lits marno-calcaires, semblable par sa constitution d'ensemble aux formations hauteriviennes, à la partie moyenne et supérieure de laquelle s'observent des intercalations d abord minces (0,02 à 0,10 m) puis plus épaisses ( 0,20 à 0,50 m) de calcaires graveleux organo-détritiques bruns riches en Milioles et en Orbitolinidés. Cette série, d'une puissance totale de 80 à 100 m, se termine par un niveau essentiellement marneux de 10 à 20 m d'épaisseur ;
b) une barre calcaire de 60 à 80 m; formée de bancs massifs n'admettant pas d'intercalations marneuses où s'observent des passées organo-détritiques, plus épaisses, plus uniformes, mais à grain plus fin que dans l'assise précédente ;
c) une passée marneuse de 6 à 15 m, admettant de minces et rares lits calcaires, parfois organo-détritiques.

Les faunes d'ammonites, rares ou très rares, récoltées dans ces trois horizons conduisent aux attributions chronostratigraphiques suivantes :

- base de la série a : Barrémien inférieur (Barremites difficilis, Emericiceras emerici, Holcodiscus kiliani, Nicklesia pulchella, Pulchellia compressissima, etc ) ;
- barre calcaire b : Barrémien supérieur (Emericiceras barremense, Silesites seranonis etc ...) ;
- passée marneuse c : cette assise, qui correspond à la vire à Heteroceras de V. Paquier, appartient encore en totalité au Barrémien supérieur (Heteroceras astieri, Hamulina lorioli, Costidiscus recticostatus, etc)

Au point de vue micropaléontologique, il faut signaler l'apparition, dès la base du Barrémien, de Gavelinella djaffaensis, Globorotalites bartensteini, G1. intercedens, Hedbergella sp. (plusieurs espèces nouvelles), puis de Clavihedbergella n. sp., Orbitolinopsis gr. flandrini, O. kiliani, Paleodictyoconus cuvillieri. Avec le Barrémien supérieur apparaissent : Orbitolinopsis cuvillieri, Palorbitolina lenticularis et Gavelinella barremiana. Enfin, Globorotalites aptiensis débute peu avant la "vire à Heteroceras"

Bédoulien - (30 à 50 m) : à la suite de V. Paquier, il est classique (et commode cartographiquement) de faire débuter le Bédoulien avec la barre calcaire surmontant la "vire à Heteroceras". Toutefois, les ammonites franchement bédouliennes récoltées dans cette barre (Deshayesites deshayesi, D. weissi, Ancyloceras matheroni , Procheloniceras albrechti-austriae) ne l'ayant jamais été que dans ses bancs terminaux, tandis que les termes inférieurs ne livrent généralement que Costidiscus recticostatus et de rares Macroscaphites yvani, on peut penser que la limite précise entre le Barrémien et l'Aptien inférieur ne coïncide pas exactement avec la limite lithologique et se situe à l'intérieur même de la barre calcaire. Cette barre, dont l'épaisseur varie de 30 à 50 m, est constituée de bancs moins jointifs que ceux de la barre barrémienne car on y observe des intercalations irrégulières de lits marno-calcaires minces. On y rencontre sporadiquement, surtout vers la base, des niveaux organo-détritiques et on constate fréquemment, au toit du dernier banc calcaire, une pellicule ferrugineuse et des perforations de lithophages correspondant à un "hard-ground''. Toutefois le Bédoulien ne se termine pas avec ce "hard-ground" car les quelques mètres inférieurs de l'épaisse série des "marnes bleues" surmontant la barre calcaire ont livré en différents points : Lytoceras phestus, Costidiscus recticostatus et Parahoplites consobrinus.
De même que l'Hauterivien et le Barrémien, le Bédoulien a été fréquemment soumis à des glissements synsédimentaires qui altèrent la régularité de ses dépôts.
Les microfaunes ne permettent pas, tout au moins jusqu'ici de définir une limite entre le Barrémien et l'Aptien inférieur On peut seulement indiquer que l'association de Lenticulina gr- ouachensis, Trocholina gr. Infragranulata, Saracenaria spinosa, Globorotalites bartensteini-intercedens et Globigerinelloïdes gr. Escheri, correspond à la partie supérieure du Bédoulien.

Gargasien (env. 70 m) : représenté essentiellement par des marnes feuilletées gris bleu-noir qui constituent la partie inférieure du grand ensemble des "marnes bleues". Dans tout le secteur septentrional de la fosse vocontienne ces marnes admettent, dans leur partie médiane, un niveau gréso-glauconieux atteignant au maximum 1 à 2 m d'épaisseur, tandis que de façon très générale trois à quatre bancs de calcaires marneux constituent un repère lithologique et chronostratigraphique excellent au sommet de l'étage. Ce repère, caractérisé à la base par Hypacanthoplites jacobi, H. elegans etc ... et à son sommet par H. trivialis, correspond au Clansayésien supérieur et à l'Albien initial. En dessous, la moitié supérieure des marnes est pratiquement dépourvue de fossiles, en dehors de Neohibolites semicanaliculatus, tandis que les marnes inférieures livrent assez fréquemment des ammonites pyriteuses caractéristiques du Gargasien inférieur (zone à Aconeceras nisus) à "faciès oriental" de W. Kilian : Salfeldiella guettardi, Jauberticeras jauberti, Macroscaphites striatisulcatus, Cheloniceras martini etc

Au point de vue micropaléontologique le Gargasien inférieur correspond à une zone à Schackoina gr. Cabri, le Gargasien supérieur à une zone à Globigerinelloides ferreolensis et le Clansayésien à une zonule à Ticinella roberti et Planomalina cheniourensis (sans Pleurostomelles, qui n'apparaissent qu'à l'Albien).

Albien (env. 250 m) : représenté, comme le Gargasien, par des marnes feuilletées gris bleu-noir, il constitue la partie médiane et supérieure des "marnes bleues". Dans une grande partie de la fosse vocontienne, les marnes albiennes admettent deux intercalations gréso-glauconieuses importantes (quelques mètres à env. 20 m) dont l'une (dite des " grès sus-aptiens ") se situe au-dessus des intercalations calcaires du Clansayésien et l'autre 100 à 120 m plus haut. Les grès inférieurs, plus constants que les supérieurs, renferment souvent (région de Rosans notamment) des "sphéroïdes" de forte taille. Ils sont datés de l'Albien inférieur grâce à la présence, dans le dernier banc calcaire sous-ordonné, d'Hypacanthoplites trivialis. Les grès supérieurs, qui passent latéralement à des marnes sableuses et à des calcaires gréso-glauconieux à Pervinquieria inflata, Hysteroceras orbignyi, H. gr. binum, Kossmatella sp. pl. , appartiennent à l'Albien supérieur sensu stricto Le puissant ensemble marneux séparant les deux niveaux de grès correspond à l'Albien inférieur et moyen tandis que les marnes, encore très épaisses (100 m env.) qui s'intercalent entre les grès supérieurs et les premiers bancs calcaires du Cénomanien, représentent le Vraconien, caractérisé par Turrilites bergeri, Zelandites dozei, Stoliczkaia sp. etc

Les foraminifères permettent de définir les différentes zones suivantes :
- Albien inférieur et moyen (deux zones) : une zone inférieure à Pleurostomella subnodosa et Hedbergella trochoidea (elle-même subdivisée en deux sous-zones) ; une zone supérieure à Hedbergella planispirax H. infracretacea et Gavelinella cf.minima (elle même partagée en trois sous-zones) ;
- Albien supérieur s. stricto : zone à Globigerinelloides breggiensis et Hedbergella n. sp. (aff. infracretacea)(admettant trois sous-zones) ;
- Vraconien : zone à Rotalipora gr. Appenninica, Planomalina buxtorfi et Schackoina bicornis.

Cénomanien (140 à 700 m) : cet étage présente, à l'intérieur de la région parcourue, d'importantes variations d'épaisseur et de faciès.
D'une façon générale, son épaisseur diminue d'W en E et du S au N : 700 m à 1'W du synclinal de la Méouge, 250 à 300 m à 1'E de ce même synclinal ; 290 m à 1'W du synclinal de Chauvac ; 240 m au Risou ; 140 m à Montmorin et à Glandage.

Pour les faciès, trois secteurs principaux peuvent être individualisés :
--- Secteur nord - occidental (Dieulefit, Forêt de Saou) : le Cénomanien y comporte deux termes lithologiquement différents :
- terme inférieur "marno-calcaire" (60 à 100 constitué par une alternance assez monotone de marnes et de calcaires marneux gris en petits bancs ,
- terme supérieur "calcaréo-gréseux" (170 à 200 m) où les interlits marneux se réduisent très fortement tandis que les bancs calcaires se chargent en éléments détritiques et en glauconie.
--- Secteur central (Chauvac, Risou, Montmorin) où l'ensemble du Cénomanien est représenté par une alternance monotone de calcaires gris à patine jaune et de lits marneux plus ou moins épais, dans laquelle les éléments détritiques sont peu abondants
--- Secteur sud (synclinaux de la Méouge et des Eygaliers) où le Cénomanien atteint son épaisseur maximale et comporte un pourcentage élevé d'éléments terrigènes sous forme de bancs de grès et de calcaires gréseux intercalés dans des formations marneuses et marno-sableuses importantes.

Au point de vue paléontologique, l'état actuel des recherches ne permet pas encore de reconnaître, dans le Cénomanien des Baronnies et du Diois, les différentes zones faunistiques établies par G. Thomel dans les Basses-Alpes, le Var et les Alpes-maritimes. Les fossiles récoltés paraissent toutefois se répartir suivant les quatre ensembles suivants :
- dans les premiers niveaux de la base de l'étage : Schloenbachia subvarians, Puzosia mayoriana, Zelandites dozei, Sciponoceras baculoides, Inoceramus cripsi. Cette première faune pourrait correspondre à la zone à Mantelliceras martimpreyi.
- au-dessus, mais dans la moitié inférieure de l'étage . Mantelliceras mantelli, M. couloni, Schloenbachia subvarians, Sch. subtuberculata, Hyphoplites gr. falcatus, Inoceramus virgatus, In. sp. ex gr. atlanticus, In. cripsi etc... Cet ensemble de fossiles représente vraisemblablement la zone à Mantelliceras mantelli.
- à partir, approximativement, du milieu de l'étage : faune plus rare où l'on trouve encore Schloenbachia varians et sa var. trituberculata, Sch. ventricosa, Sch. subvarians, Turrilites costatus, Acanthoceras sp. Puzosia planulata, Inoceramus schondorfi, In. cripsi.
- dans les termes sommitaux : les fossiles deviennent extrêmement rares et l'on ne trouve plus guère que de petits Inocérames du groupe de In. pictus, accompagnant In. cripsi qui persiste.

La répartition chronostratigraphique de la microfaune n'est pas non plus définitivement établie et sa correspondance exacte avec l'échelle des macrofaunes reste à préciser. On peut cependant reconnaître à 1'heure actuelle, d'après les associations d'espèces, trois zones :
- zone à Schackoina cenomana, Rotalipora brotzeni, Rot. appenninica, et Praeglobotruncana stephani stephani ;
- zone à Rotalipora montsalvensiss Rot. brotzeni, Rot. appenninica, Rot. reicheli, Praeglobotruncana stephani stephani, Pr. stephani turtinata
- zone à Rotalipora cushnani, Rot. turonica, Rot. reicheli, Praegl. stephani turbinata (dominante), Praegl. stephani stephani (sporadique).

Turonien (270 à 700 m) : cet étage, extrêmement peu fossilifère, a été longtemps confondu avec le Sénonien du Vercors et du Dévoluy. Son existence n'a été reconnue avec certitude, dans le domaine vocontien, que depuis les travaux de J. Sornay en 1939. Dans la région parcourue par l'excursion il constitue, sous son faciès principalement calcaire, le terme essentiel des grands synclinaux E-W de Saou, Dieulefit, Pommerol, Chauvac, ainsi que la couverture méridionale de la Montagne de Lance, les assises terminales du synclinal de la Méouge et du synclinal des Eygaliers et les lambeaux témoins d'Arnayon, du Rizou, du Pilhon et de la Bâtie-Crémezin.

Les différences d'épaisseur et de constitution du Turonien conduisent à distinguer pour son étude quatre secteurs principaux :
- Secteur nord-occidental (synclinal de Dieulefit et Forêt de Saou) : le Turonien y comprend généralement trois termes :
. formation gréso-glauconieuse, grossière ou très grossière, à stratification entrecroisée, contenant des galets phosphatés et des lits de silex, connue sous le nom de "grès rouges" par suite de la teinte que lui confère souvent 1'altération de la glauconie; Cette formation, dont l'épaisseur varie fortement d'W en E (3 à 70 m dans le synclinal de Dieulefit), surmonte parfois en légère discordance le Cénomanien supérieur. La microfaune qui y a été reconnue conduit à l'attribuer au Turonien inférieur/moyen, l'extrême base de l'étage paraissant manquer ;
. ensemble très puissant (env. 400 m) de calcaires blancs comportant des lits de chailles et de silex ainsi que quelques intercalations gréseuses. Le faciès varie de calcaires fins à Pithonella, Hedbergella et "Rosalines" à celui de calcaires organogènes à débris de Bryozoaires, Annélides, Echinodermes et Brachiopodes. Leur faune les place au niveau du Turonien moyen-supérieur (Angoumien) ;
. grès grossiers jaunâtres (100 m env.) connus sous le nom de "grès jaunes des Raymonds" dans le synclinal de Dieulefit. Ils admettent à leur base des interlits marneux et se terminent par des sables azoïques, à stratification entrecroisée, montrant vers leur toit des petits niveaux d'oxyde de fer correspondant sans doute à des arrêts de sédimentation. Leur faune conduit également à les ranger dans l'Angoumien.

Secteur central (Chauvac, Risou, Pommerol) : Le Turonien y est à peu près entièrement calcaire, à l'exclusion de sa base qui comporte quelques niveaux de grès glauconieux peu épais (2 à 10 m), apparemment concordants sur le Cénomanien. Dans les calcaires eux-mêmes il est possible de distinguer :
. calcaires blancs ou gris-clair en petits bancs, généralement séparés par de minces lits marneux, offrant une pâte fine le plus souvent riche en Foraminifères pélagiques et en Pithonella ;
. calcaires de même nature, mais très riches en silex, où l'érosion taille souvent des reliefs ruiniformes pittoresques. Ils admettent à leur partie supérieure des bancs de calcaires gréseux et glauconieux ainsi que de calcaires spathiques à Bryozoaires ;
. calcaires crayeux gris, à spicules très abondants, par lesquels le Turonien se termine à Chauvac et Pommerol.

- Secteur nord-oriental (synclinal de Glandage - Creyers près Châtillon-en-Diois) : le Turonien inférieur est absent et l'Angoumien est représenté par un puissant ensemble grèso-conglomératique à très gros éléments, d'une puissance d'environ 200 m, connu sous le nom de "conglomérat des Gâs''. Cette formation repose en transgression et discordance sur les différents étages antérieurs du Bédoulien au Cénomanien.

- Secteur oriental (Bochaine et Dévoluy) : le Turonien est absent par suite de la phase orogénique "anté-sénonienne" qui a provoqué l'émersion de cette région.

Les macrofaunes recueillies dans le Turonien sont rares et comportent essentiellement des Inocérames ; quelques ammonites ont cependant été trouvées dans le secteur occidental (W du synclinal de Dieulefit). On peut citer les associations suivantes :

- Calcaires blancs de Dieulefit : Germariceras aff. germari, Scaphites geinitzi, Lewesiceras peramplum, Pseudotissotia cf. nigeriensis, Inoceramus costellatus, In. inconstans, In. hercynicus, In. Gr. cuvieri, Micraster decipiens, M. icaunensis, Cardiotaxis cotteaui, Conulus subconicus, Echinocorys vulgaris, Terebratula subrotonda etc ...
- Grès jaunes des Raymonds : Lewesiceras sp., Inoceramus inconstans, In. gr. crassus, Cardiotaxis cotteaui
- Calcaires crayeux à spicules du Turonien terminal de Chauvac : Inoceramus gr. schloenbachi.

Les microfaunes permettent de reconnaître dans le Turonien trois zones d'inégale importance, dont la valeur chronostratigraphique n'est encore que relative. Ce sont :

- Turonien "inférieur" : Rotalipora cushmani (rare), R. turonica (rare), Praeglobutruncana stephani turbinata, Hedbergella sp. (plusieurs espèces connues sous la dénomination générale de "grosses Globigérines"), Globotruncana cf. saratogaensis, G1. marginata, G1. renzi, Gl. globigerinoïdes.

- Turonien "moyen" ; apparition de Globotruncana helvetica, persistance de G1. renzi, Gl. marginata, Gl. globigerinoïdes, raréfaction des "grosses Globigérines"~

- Turonien "supérieur" : apparition de Globotruncana angusticarinata, Gl. lapparenti-lapparenti, Gl. lapparenti inflata, Gl. bulloides, G1. tricarinata et G1. lapparenti coronata ; persistance de Gl. helvetica, G1. marginata, Gl. globigerinoides.

La plupart des espèces du Turonien "supérieur" persistant dans le Sénonien, la limite entre les deux étages est encore mal définie.

Sénonien : Dans l'étude du Sénonien il convient de distinguer le domaine vocontien proprement dit, où le Coniacien, normalement superposé au Turonien, est seul connu, des régions avoisinantes du Bochaine et du Dévoluy où le Campanien et le Maestrichtien sont représentés mais où, à la suite de la phase orogénique "anté-sénonienne", le Sénonien est transgressif sur le Crétacé moyen et inférieur et mêmes par endroits, sur le Jurassique supérieur.

A ) Domaine vocontien proprement dit : le Coniacien a pu être reconnu et daté dans le synclinal de Dieulefit, la Forêt de Saou, la région de Nyons et le Synclinal de Chauvac.

A Dieulefit il comporte, au-dessus des "grès des Raymonds" les termes suivants :
- banc calcaire à Oursins et Lamellibranches (6 m)
- - grès calcaires, fossilifères, très glauconieux, constituant l'horizon dit des "grès verts de Dieulefit" (70 m)
- - sables argileux, à niveaux de lignite et végétaux fossiles Ces derniers sont directement surmontés des calcaires lacustres du Lutétien

L'horizon des "grès verts" est daté avec certitude du Coniacien grâce à sa riche faune étudiée par E. Fallot puis J. Sornay Peroniceras czornigi, P. westphalicum, P. subtricarinatum, Gauthiericeras baluvaricum var. isamberti, Tissotia robini, T sliezewiczi, Scaphites meslei, Hemiaster soulieri, H. baroni, Cardium latunei, Trigonia scabra, Exogyra plicifera var. ligeriensis, Lima morini, Natica lyrata etc
Une faune semblable, quoique moins riche, date le même horizon dans la Forêt de Saou et dans la région de Nyons.

A Dieulefit, les sables à lignite n'ont pu être datés que du Sénonien indéterminé à la suite de leur étude palynologique, mais à Nyons, les mêmes sables admettent une intercalation marine à Hippurites (Orbignya socialis, O. requieni, Vaccinites moulinsi, Praeradiolites subpailleti), qui conduit à les attribuer encore, au moins dans leur majeure partie, au Coniacien.

Dans le synclinal de Chauvac, le Coniacien est représenté par 100 à 120 m de grès grossiers polygéniques et que leur microfaune permet d'attribuer au moins en grande partie à cet étage. Les interlits marneux existant dans ces grès ont en effet livré quelques "Rosalines" dont l'apparition caractérise le Coniacien. Ce sont Globotruncana fornicata et Gl. aff. concavata, qui se montrent d'ailleurs associées à des espèces déjà représentées dans le Turonien telles que G1. lapparenti lapparenti, Gl. tricarinata, Gl. globigerinoides etc

Dans l'Ouest de la fosse vocontienne , où les macrofaunes sont heureusement présentes, les formations coniaciennes ne renferment que des microfaunes benthiques peu significatives.

B ) Synclinal de Glandage - Creyers : le "conglomérat des Gâs", d'age angoumien, est surmonté par un ensemble puissant (env. 350 m) de calcaires fins à spicules et Radiolaires et de grès calcaires jaunâtres avec quelques intercalations conglomératiques, dont les termes de base renferment une association de ''Rosalines" caractérisant le Sénonien inférieur (Coniacien ou Santonien) Globotruncana arca, G1. cf. fornicata, associées à G1. lapparenti coronata, Gl. tricarinata, Gl. bulloides, Gl. lapparenti lapparenti etc

C ) Synclinal de Lus-la-Croix-haute : le Sénonien y est transgressif sur différents termes du Crétacé inférieur et moyen.

Ses termes de base, qui renferment la même microfaune que dans le synclinal de Glandage Creyers, sont également attribuables au Sénonien inférieur (Coniacien ou Santonien).

Les termes supérieurs du Sénonien de Glandage-Creyers et de Lus-la Croix haute ont été rapportés, sous forme d'hypothèse, au Campanien par P. Lory et par J. Mercier. Aucun argument paléontologique ne permet jusqu'ici de confirmer cette attribution mais elle peut cependant être retenue, au moins provisoirement, étant donné l'analogie de faciès existant entre ces termes et le Campanien daté du Dévoluy

Éocène : l'Éocène continental a été découvert en 1962, par C. Montenat, dans le coeur du synclinal d'Eygalayes, dont les sédiments, épais d'environ 200 m, avaient été rapportés jusque là au Sannoisien.

Les fossiles récoltés permettent de distinguer deux termes :
-- Lutétien supérieur : argiles sombres à débris ligniteux, admettant deux horizons de calcaires lacustres blancs en plaquettes, à silex, riche en Characées, datées par Lophiodon isselense Cuv.; Planorbis pseudoammonius, Limnea alpina, L. michelini etc...
Localement, à la base, conglomérat à gros éléments turoniens et cénomaniens.
-- Éocène supérieur : marnes argileuses versicolores, avec lentilles de grès et de conglomérats r à Plagiolophus minor Cuv. et Gyrogona (Chara) wrightifi.

Ces formations éocènes, plissées au coeur du synclinal d'Eygalayes, reposent en nette discordance sur le Turonien ou le Cénomanien.

A Nyons (vallée de l'Aygues) et dans le synclinal de Dieulefit, l'Éocène moyen est également connu sous forme de calcaires lacustres à silex, à Planorbis pseudoammonius, reposant directement sur les sables sénoniens. A l'E de Nyons, ainsi que dans les zones structurales complexes de Montaulieu et de Condorcet et au voisinage de Teyssières (les Pignes) le Lutétien présente le même faciès mais repose sur le Coniacien, le Turonien, le Cénomanien ou le Vraconien par l'intermédiaire d'argiles verdâtres pouvant représenter l'Éocène inférieur.

Oligocène : les formations continentales attribuées à 1'Oligocène sont représentées d'une part dans le Bochaine et le NE. du Diois (synclinal de Lus-la-Croix-haute et fossé d'effondrement de Bonneval), d'autre part dans le grand sillon synclinal du Jabron-Montbrun-Col de Fontaube, au N du chevauchement de Lure-Ventoux.

Dans la première de ces régions il s'agit d'un complexe d'argiles, de marnes, de grès, de calcaires et de conglomérats, connu sous le nom de "molasse rouge", qui est rapporté au Stampien supérieur et à l'Aquitanien d'après sa faune malacologique : Limnea coenobi, Planorbis cf cornu, Sphoerium gibbosum.

Dans le synclinal du Jabron-Montbrun-Fontaube, où le Miocène inférieur marin surmonte généralement l'Oligocène continental, ce dernier correspond vraisemblablement, d'après les rares fossiles récoltés (Cyrena dumasi, C. carezi, C. retracta, Potamides submargaritaceus var. rhodanica), à 1'ensemble du Sannoisien et du Stampien, mais sans que la part des deux étages puisse être précisée.
Dans le bassin de Montbrun, où la série parait la plus complète (150 m env.), cet Oligocène comporte des marnes blanchâtres ou jaunâtres , généralement sableuses, des calcaires lacustres feuilletés ou en plaquettes, souvent fétides au choc, à écailles de Poissons et lits de silex et des marnes grises à cristaux et petits lits de gypse.
A Montfroc, dans la vallée du Jabron, l'Oligocène admet des lentilles de conglomérats où l'on constate :
1°- l'absence totale de tout élément provenant de la chaîne de Lure ;
2°- la prédominance d'éléments "vocontiens" de forte taille, allant du Sénonien au Tithonique ;
3°- la présence, en petit nombre, d'éléments de faible taille provenant des zones internes des Alpes (zones pré-piémontaise et briançonnaise).

Miocène : Dans la fosse vocontienne proprement dite, dont la série stratigraphique est seule décrite ici, le Miocène marin, toujours transgressif, n'est connu, en dehors du grand synclinal du Jabron-Montbrun, qu' en deux points : le synclinal complexe de Montaulieu, à l'E de Nyons, et le lambeau de Mévouillon, dans le synclinal de la Méouge.

Dans le synclinal du Jabron, le Burdigalien est représenté par 450 m env. de marnes argilo-sableuses admettant des petits bancs de grès molassiques micacés et glauconieux. Il renferme, dans le voisinage de Chateauneuf-Miravail et de Lange, une riche faune caractéristique à Chlamys praescabriuscula , Scutella paulensis etc .

Dans le bassin de Montbrun, le Burdigalien, d'une épaisseur globale de 120 à 175 m, est formé à la base par une série de bancs calcaréo-gréseux, débutant parfois par un niveau de galets à patine verte et à sa partie supérieure par des marnes sableuses, des grès fins et des calcaires à débris. Ce Burdigalien est surmonté par un Helvétien probable, épais d'environ 100 m, représenté par des marnes grises, jaunes ou rousses, des sables et des conglomérats à gros éléments, dont certains arrachés au Burdigalien sous-jacent

A Mévouillon, le Burdigalien constitue un entablement de calcaire grossier à Algues, Bryozoaires et débris de lamellibranches et d'Echinides, qui repose en discordance totale sur le Cénomanien supérieur du flanc nord du synclinal de la Méouge.

Quaternaire :

Dans son tronçon compris entre la cluse de la Faurie et le confluent de la Durance, à Sisteron, la vallée du Buëch montre une série remarquable de terrasses emboîtées, qui ont été reconnues et étudiées depuis longtemps. La localisation de ces terrasses en aval de la cluse de la Faurie tient à ce que leur formation est liée à l'histoire des glaciers de la Durance et de leurs émissaires, histoire dont les effets ne se sont pas fait sentir dans la haute vallée du Buëch. Pour les hautes terrasses tout au moins, il serait par conséquent plus exact de parler, même lorsque leurs témoins se situent dans la vallée du Buëch., de terrasses de la Durance plutôt que de terrasses du Buëch proprement dites.

Si l'on excepte la très basse terrasse des alluvions actuelles ou subactuelles du fond de la vallée (2 à 5 m), on peut distinguer dans le Buëch. et ses affluents - ainsi que dans la vallée de la Durance en amont de Sisteron - deux groupes de chacun deux terrasses :
- groupe des basses terrasses fluviales, dont les altitudes relatives sont de l'ordre de 10 à 15 m et de 20 à 30 m ;
- groupe des hautes terrasses fluvio-glaciaires, se situant respectivement à 70/80 m et à 120/150 m au-dessus du thalweg actuel.

Au point de vue des âges, les terrasses fluviales pourraient correspondre à deux sous-stades de la régression wurmienne. Cette hypothèse serait confirmée par la découverte, encore inédite, d'un petit outillage aurignacien (type Bos del Ser-Dufour, niveau des lamelles Dufour ; dét. Docteur Cheynier) dans la plus haute de ces deux terrasses, dans la vallée de la Chauranne près de St Pierre d'Argencon. Quant aux terrasses fluvio-glaciaires elles pourraient, pour autant que de telles attributions puissent se justifier, avoir pris naissance durant le retrait du Riss, pour la plus basse et durant le retrait du Mindel, pour la plus élevée.


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