Sièvoz, Saint-Pierre de Méaroz |
Les reliefs que traverse le cours tout-à-fait aval de la Bonne et ceux qui le séparent du cours du Drac, en amont du confluent de ces deux rivières, sont formés de collines dont l'organisation est un peu confuse, ceci surtout en raison de la prédominance des formations quaternaires.
En effet, au débouché des gorges du Pont du Prêtre, le revers sud-occidental de la montagne de Roussillon s'ennoie très vite sous les diverses formations quaternaires qui se rattachent au remplissage de la cuvette de la Matheysine. Les plus hautes pentes portent, sous forme de crêtes morainiques suspendues, les traces du niveau atteint par la surface du glacier de la Bonne à son débouché dans cette dépression.
On les observe d'abord en rive gauche de la vallée,
à Saint-Laurent en Beaumont : la plus basse détermine, à Villelonge le
rebord septentrional du sillon d'écoulement des eaux de fonte du Würm
III, qu'occupe le chef-lieu, tandis que la plus haute (Würm II)
soutient
le replat de Chalméane.
Ces moraines de rive gauche trouvent leur pendant à la même
altitude sur la rive opposée au dessus de Siévoz. Là le dessin de leurs
crêtes indique que le glacier envoyait vers le nord une langue
diffluente qui tentait de remonter dans la vallée de la Roizonne en
passant entre la montagne de Roussillon et le Petit Roussillon.
Globalement le dessin de ces moraines montre clairement que le
glacier, rétréci à une largeur de moins de 2 km dans les gorges,
s'épanouissait sur près de 10 km de large à leur sortie en formant un
véritable "lobe de piedmont" qui s'étendait jusqu'au-delà de La Mure.
Aux environs de Siévoz c'est-à-dire au sud-est de l'entaille du cours inférieur de l'affluent de rive droite qu'est la Roizonne (voir la page "Roizonne") le cours de la Bonne décrit un tracé en baïonnette en coulant là, sur 3 km, du SE vers le NW (c'est-à-dire parallélement au cours plus méridional du Drac). Le lit de la rivière atteint le soubassement jurassique et suit pratiquement l'orientation des couches, dont les niveau tendres de l'Aaalénien supérieur ont dû la guider. Par contre son versant de rive droite est largement occupé par des alluvions quaternaires qui représentent en fait l'extrémité orientale du colmatage la dépression de la Matheysine.
En fait ces alluvions quaternaires forment deux placages étagés aux alentours des deux villages de Siévoz :
- Le chef-lieu est situé sur un replat, que suit la D.526, qui domine d'une centaine de mètres le lit de
la Bonne : il s'agit du sommet d'une terrasse fluvio-glaciaire rapportée au Würm III.
- Cette terrasse est dominée à son tour par un escarpement que franchit
la route D.114a, menant au Haut-Siévoz : il est constitué par des
cailloutis disposés en séquences deltaïques, avec des couches inclinées
en direction du sud-ouest (c'est-à-dire vers la dépression de la
Matheysine).
|
Enfin les maisons supérieures du village de Haut-Siévoz se situent à l'extrémité occidentale d'un arc morainique qui est convexe en direction de la vallée de la Roizonne mais ne l'atteint pas (voir clichés plus haut dans cette page) : il est attribué à l'épisode 2 du retrait du Würm II ; la moraine du maximum, qui a été déposée par une langue diffluente qui remontait quant à elle presque jusqu'à Oris détermine le tournant saillant vers le nord de la D.114a.
En rive droite (septentrionale) de la Roizonne on se trouve franchement dans la partie sud-orientale de la dépression de la Matheysine et la coupe naturelle du second affluent de rive droite de la rivière qu'est le torrent de La Nantette permet d'analyser la succession des formations quaternaires qui remplissent cette dépression (voir aussi la page "La Mure").
Coupe en rive droite de la Roizonne, entre La
Mure et Roizon, le long du Ruisseau de la Nantette (extrait de G. MONJUVENT, 1978, fig.122, p.237, légende
retouchée).
Les dépôts quaternaires sont numérotés
dans l'ordre d'ancienneté décroissante :
7 = terrasses glacio-lacustres du comblement de l'ombilic de Roizon,
appuyées contre 6 = matériel glaciaire argileux
déposé lors de la recrue glaciaire du Würm
III).
5 = dépôts du comblement du lac de l'ombilic de
La Mure, libéré par le retrait de la langue glaciaire
du maximum d'extension (Würm II de retrait) :
terrasses fluviatiles de fin de comblement du lac surmontant des argiles
et sables fins lacustres
4 et 3 = alluvions glaciaires (maximum du Würm II)
: 4 = matériel de fond argileux (c'est lui qui est sculpté en cheminées de fées) ; 3 vallum morainique du
calvaire de La Mure.
2 = cailloutis de progression glaciaire (Würm I) ;
1 = cailloutis probablement rissiens.
On y voit en particulier que c'est dans des alluvions glaciaires argileuses que sont sculptées les Demoiselles coiffées que l'on voit (notamment) depuis les tournants de la N.85 aux alentours du Pont Haut : il s'agit d'un garnissage morainique de fond qui a tapissé l'ombilic creusé par le glacier du Würm II. Les argiles qui les recouvrent correspondent à son colmatage lacustre, lequel devient plus sableux et caillouteux vers le haut. Elles supportent à leur tour les produits amenés par la récurrence du glacier Würm III, savoir la moraine du maximum d'avancée et les terrasses fluviatiles emboitées du comblement de la dépression libérée lors de son retrait.
Coupe détaillée de la rive gauche de la Bonne un peu en amont du Pont Haut.
Les niveaux 2, 3 et 4 correspondent aux pentes peu déclives du creux du
vallon des Terrasses Dans ce dernier les niveaux plus élevés ont été
sans doute enlevés en partie par des glissements récents comme ceux qui
ont justifié les forts travaux récents de stabilisation de la N.85.
La rive gauche de la Bonne est entaillée presque symétriquement par le ravin des Garguettes, plus court mais qui s'allonge encore un peu vers le sud-est par "recul de tête" sous l'effet de l'érosion sub-actuelle. Il donne une coupe pratiquement identique, montrant que le lac de l'ombilic frontal du glacier s'étendait aussi sur cette rive.
Les environs du confluent Drac-Bonne, vus du sud depuis le sommet du Châtel. voir la suite de cette image vers la droite à la page "Beaumont occidental". Les tirets jaunes limitent le secteur où le bedrock est masqué sous le quaternaire. cgl base = conglomérats fluviatiles de base (Würm I) ; m.W2 : crête de moraine du Würm II ; all,gl. = alluvions glaciaires de fond ; all.fl-lac. = alluvions fluvio-lacustres (constituant essentiel de la terrasse de Pellafol) ; m.W3 : moraine du Würm III ; |
Le cours de la Bonne en amont du Pont Haut et celui du Drac en aval sont presque parallèles. Ils sont séparés par une dorsale de petites montagnes au flanc SW de laquelle la N.85 court en dominant le cours du Drac. Elle est partagée à son extrémité NW par la dépression qu'emprunte la N.85 pour descendre au Pont Haut. Ce vallonnement affecte l'aspect d'un amphithéatre ouvert vers le nord-ouest car il se ferme du côté SE par l'alignement de collines qui dessinent un fer à cheval entre le village des Miards au nord et le Serre de l'Aigle au sud. La nature de leur matériel constitutif montre que ces collines correspondent à la crête de moraine qui enfermait le berceau dans lequel l'extrémité de la langue glaciaire de la Bonne s'est engagée lors de la "récurrence" du Würm III.
Coupe transversale aux lits de la Bonne et du Drac,
orthogonale au vallonnement des Terrasses, passant peu au sud du
village des Égats (à mi-distance des deux bords du cliché ci-dessus).
Carte géologique simplifiée,
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
|
|
|
La Mure |
|
|
|
|
|
|
|
|