La Mure |
La ville de La Mure (5000 habitants) est la capitale de la Matheysine. Elle se fait remarquer par son entrecroisement de rues NE-SW presque horizontales avec d'autres fortement pentées vers le SE. Cela est dû à ce qu'elle est installée au sommet d'une déclivité qui constitue le rebord méridional du plateau de la Matheysine. Ces pentes, qui s'abaissent doucement jusqu'à dominer les gorges du cours de la Bonne en amont de son confluent avec le Drac, sont uniformément garnies d'alluvions quaternaires ; elles sont bordées à l'ouest par l'extrémité méridionale des reliefs rocheux du "Dôme de la Mure" (voir la page "Signaraux") qui s'interromptent à la latitude de Prunières.
Les alluvions les plus basses, donc les plus anciennes, qui reposent sur le bedrock du fond de vallée sont indurées en poudingues, sont considérées comme des dépôts de progression glaciaire datant du début de l'époque de Würm. Elles ont été recouvertes, à l'époque du maximum d'extension de cette glaciation, par une langue glaciaire qui descendait de vallée de la Bonne jusqu'à 2 kilomètres en aval du confluent Drac-Bonne.
L'agglomération elle-même s'appuie du côté nord sur le bord interne de la moraine latérale abandonnée par cette langue glaciaire (site du "calvaire"). En contrebas sud-est les terrasses anciennes ont été recouvertes par un tapis de matériel pendant le retrait de cette langue de glace.
Le quaternaire des abords septentrionaux de La Mure, vu de l'est depuis le Haut Siévoz. La crête morainique masque le Marais de La Mure, dans lequel débouche le vallon de Nantison (la structure du versant montagneux en arrière-plan est analysée plus bas dans cette page). |
Au nord de la moraine du calvaire s'étend une zone plate et marécageuse, le Marais de la Mure, actuellement colonisée par les implantations industrielles. Elle résulte du comblement d'un lac qui s'étendait, au maximum de Würm, entre le front de la langue du glacier de la Bonne et celui de la langue issue du glacier de la Romanche (qui a creusé les lacs de Laffrey) et il était donc alimenté par des eaux provenant de ces deux langues. Son trop-plein ne pouvait s'écouler qu' en s'échappant par le col de la Festinière puis en empruntant la vallée d'Aveillans, au creusement de laquelle il a fortement contribué.
Coupe d'ensemble du plateau matheysin Cette coupe est orientée en sens opposé du cliché ci-dessus. (N.B. une erreur de la légende originelle a été retouchée). |
voir la carte d'ensemble des dépôts quaternaires de la Matheysine
Le soubassement des alluvions quaternaires, très largement masqué, affleure
dans la gorge de la Bonne, en contrebas des ressauts rocheux dessinés
par les bancs de poudingues de base (alluvions "anciennes" wurmiennes). Il est constitué par les
couches argilo-calcaires sombres du Jurassique moyen (Aalénien
et surtout Bajocien, ici très épais, comme dans
les environs de Grenoble). Ces couches dessinent un vaste pli
N-S, très ouvert, à axe plongeant doucement vers
le sud, le synclinal de la Matheysine. Ce dernier est suivi du côté ouest par un anticlinal de Saint-Jean d'Hérans, de même ampleur, au cœur duquel réapparaissent, à la latitude de la Mure, les couches liasiques, triasiques et même houillères (voir la page "Cognet") .
Le synclinal de la Matheysine est un accident d'importance régionale. En effet il se prolonge au sud du confluent du Drac et de la Bonne en constituant le berceau dans lequel se logent les couches du Jurassique supérieur puis du Crétacé inférieur du soubassement du chaînon de l'Obiou (Le Châtel), entre les deux zones anticlinales du Trièves à l'ouest et du Beaumont à l'est. C'est aussi lui qui est représenté, plus au sud encore, par le grand synclinal de Saint-Disdier - Agnières, dans lequel s'ouvre la dépression occidentale du Dévoluy. |
À l'est de La Mure (Commune de Sousville, Roizon) se développe en contrebas de la moraine WII un vaste espace peu déclive qu'entaille le ruisseau de la Nantette (la N.85 le contourne par le sud avant de passer en rive gauche de la Bonne en passant par le Pont Haut). L'analyse de l'organisation et la nature des dépôts quaternaires qui le constituent montre qu'ils représentent le remplissage d'une dépression lacustre libérée par le retrait de la glace : elle a finalement été comblée par des apports plus grossiers amenés à l'occasion d'une crue plus récente (épisode du Würm III) dont la moraine, médiocrement dessinée, culmine à 834 m (maison Carron au SW de La Faurie), c'est-à-dire plus de 100 m en contrebas de celle du Würm II.
voir le contexte plus large de cette morphologie quaternaire à la page "Drac : quaternaire" |
voir l'aperçu général sur la Matheysine
Carte géologique simplifiée,
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
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Sénépy |
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