Grand Galbert, Rochetaillée |
La montagne du Grand Galbert représente l'extrémité septentrionale du chaînon du Taillefer. C'est pour contourner ce puissant éperon rocheux que la vallée de la Romanche se coude brutalement, à Rochetaillée, pour passer de la plaine de Bourg-d'Oisans (orientée presque S-N) à la gorge de la Basse Romanche (orientée NE-SW)
Le sommet du Grand Galbert (2561) est constitué par un chapeau isolé d'amphibolites, sans doute à rattacher à la nappe ophiolitique de Chamrousse comme celui de la Cime de Beauregard. Il couronne les abrupts de la partie amont de la rive gauche de la gorge de la Romanche. Ces abrupts, symétriques de ceux du revers sud-oriental de la crête de Belledonne, montrent le même système de failles mais il y est plus difficile à voir, en raison de l'important couvert forestier. Mais dès que l'on débouche sur le plateau qui s'étend au revers sud-est de la Cime Chalvine et qui porte les lacs du pied septentrional du Taillefer on y retrouve des failles dont les tracés poursuivent de façon assez évidente ceux de la Petite Vaudaine et des Lessines.
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La faille de la Petite Vaudaine se prolonge par celle du ravin de l'Échaillon et celle des Lessines par celle des chalets de La Barrière. En ce qui concerne la faille de la Pra son prolongement vers le sud est moins clair car il aboutit sous la Pointe de l'Aiguille, dans un secteur où le côté nord-ouest de cette crête est affectée par un début de tassement en masse. En fait on ne trouve sur le palteau des lacs supérieurs auun tracé qui semblecorrespondre à son importance : il semble donc qu'elle doit se raccorder à celle des Lessines, aux environs des chalets de la Barrière pour ne plus constituer qu'une cassure unique, la faille de la Barrière. Au sud du plateau des lacs les données cartographiques existantes ne permettent guère de savoir selon quel tracé ces failles se poursuivent dans les crêtes du Taillefer, au sud du chevauchement du Taillefer, mais l'importance de leurs rejets fait que cette prolongation y paraît a priori inévitable. |
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À l'ouest de la faille de la Barrière les pentes qui s'élèvent depuis le lit de la Romanche jusqu'au rebord du plateau du Poursollet sont formées uniquement par les orthogneiss clairs du complexe volcano-plutonique de Rioupéroux
Elles sont affectées par un important glissement de terrain qui détermine de larges crevasses colmatées d'éboulis au sommet et au flanc de ce versant. Il est totalement colonisé par la végétation et ne montre aucun indice de mouvements récents mais sa présence (qui n'avait encore jamais été signalée) est susceptible de perturber les résultats qui pourraient être obtenus en cas d'une étude précise de la structure de ce versant. |
En ce qui concerne l'origine de la gorge de la Romanche il faut remarquer qu'elle recoupe les tracés des grandes failles dont il a été question ci-dessus, sans que ces derniers (qui lui sont presque orthogonaux) soient décalés de façon perceptible d'une rive à l'autre : cela démontre clairement que le cours de la rivière n'a pas été guidé par une cassure (et surtout pas par un décrochement).
L'origine de la localisation de cette entaille est donc plutôt à rechercher dans le sens d'une antériorité de son tracé par rapport à la surrection du massif cristallin : il correspondrait vraisemblablement à celui du cours d'une "paléo-Isère" qui, descendant des abords de Briançon, amenait dans son delta miocène de Voreppe - La Côte-Saint-André des galets provenant du domaine piémontais (radiolarites).
Du côté nord-oriental la crête NE du Grand Galbert se poursuit en dominant la Romanche jusqu'à la Cime de Cornillon, où elle s'abaisse brutalement pour déterminer l'éperon de Rochetaillée que contourne le coude de la vallée de la Romanche. Les affleurements de socle cristallin de la gorge de la Romanche se terminent brutalement à cet endroit pour faire place à la plaine de Bourg-d'Oisans parce qu'ils sont coupés transversalement par l'abrupt N-S de la faille du col d'Ornon.
Mais il faut aller sur ce versant jusqu'au ravin du Treuil, au pied de la crête du Fort, pour voir que les escarpements du versant est de la Cime de Cornillon sont affectés par cette faille et voir affleurer les terrains sédimentaires qui s'appuyent contre elle.
Cela vient de ce que le tracé de la faille, qui devait s'élever dans ce versant, en diagonale vers le sud en direction du village d'Oulles, est masqué par l'important et spectaculaire amas d'énormes panneaux de matériel cristallin des Rochers des Clos . Il s'agit d'un énorme paquet tassé* dont certains éléments sont découpés en clochetons car ils ont été disjoints lors de leur glissement. Le replat des Clos lui-même (au pied de la cime de Cornillon) et la combe de Farfayet représentent la crevasse, en grande partie colmatée d'éboulis, selon laquelle ce paquet rocheux s'est détaché.
Le paquet tassé des Clos, à l'ouest des Sables en Oisans, vu du sud, depuis La Paute. |
Comme la plupart des tassements de flancs de vallée ce glissement de terrain a probablement été déclenché par le retrait du glacier würmien. En effet, lors de son passage, la glace qui rabotait le flanc de la vallée a dû contribuer à remettre à nu le miroir de faille en déblayant les terrains sédimentaires qui s'appuyaient sur lui. Cela a rendu le versant particulièrement abrupt et donc instable lorsqu'il n'a plus été épaulé par la masse de glace.
Le versant méridional du Grand Galbert s'abaisse progressivement pour former une vaste étendue mamelonnée, à relief et paysage très nordique (surtout l'hiver ...), qui porte, disséminés sur toute sa surface, une multitude de lacs plus ou moins petits (lac de l'Agneau, du Grand Pré, de la Jasse, etc ...) et qui se termine vers le SW au Pas de l'Envious et au Lac Fourchu (voir la page "Lac Fourchu").
La partie septentrionale du plateau méridional du Grand Galbert, vue du sud-ouest depuis le lac du Grand Pré. |
La longue surface, globalement presque plane, de ce "plateau méridional du Grand Galbert" s'est modelée, vraisemblablement comme celle du plateau du Poursollet, par la remise à nu, au quaternaire de la surface de l'ancienne pénéplaine anté-triasique. C'est d'ailleurs ce dont attestent les affleurements de Trias, formant autant de petites buttes-témoins, que l'on trouve dans sa partie méridionale, à la Jasse ainsi qu'à l'ouest du Lac Fourchu (ils sont formés de bancs de dolomies brunes qui reposent sur le socle cristallin par l'intermédiaire de quelques décimétres de grès à ciment dolomitique).
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Depuis le sommet du Grand Galbert se détache vers le sud l'échine de la montagne de la Séa, qui domine Oulles du côté est et qui s'abaisse progressivement jusqu'au refuge du Taillefer. Au delà elle est tranchée par l'entaille de la Jasse que draine le Rif Garcin, qui descend sur La Grenonière d'Ornon (voir la page "Ornon"). Cette crête de la Séa est séparée du "plateau des lacs", qu'elle domine nettement, par le ravin de l'Échaillon qui s'encaisse selon un tracé N-S avant de déboucher du côté sud peu à l'ouest du refuge du Taillefer. Ce ravin s'avère suivre une faille extensive N-S, à regard ouest, la faille de l'Échaillon, dont la présence explique la surélévation de l'échine de la Séa par rapport au plateau du Lac Fourchu.
La partie amont du ravin de l'Échaillon vue du sud-ouest |
Deux constatations le confirment : |
Le fond du ravin de l'Échaillon vu du sud, 500 m au nord du refuge du Taillefer f.E = faille de l'Échaillon ; le pendage des couches du Trias est variable, souvent assez fort, mais toujours dirigé vers la droite (vers l'est) ; c'est le compartiment oriental (crête de la Céa) qui est remonté par le jeu de la faille. |
Il apparaît d'autre part que cette faille se place dans le prolongement sud de la faille de la Petite Vaudaine, qui a un rejet important dans le socle cristallin du massif de Belledonne. Ici l'on constate que, si cette cassure a fonctionné après le Trias, son rejet a alors été moindre : il doit donc s'agir d'une cassure anté-triasique qui a simplement rejoué lors de l'extension jurassique.
Le fait que, au nord du refuge du Taillefer, le contact stratigraphique de la rive ouest du ravin soit très redressé et dépourvu de grès triasiques porte à envisager que le Trias y cachète une paléofaille : la cassure serait alors double, délimitant un petit graben N-S. |
Sur le versant oriental de la crête de La Séa la pente s'effondre rapidement pour tomber sur le village d'Oulles, au nord, et de la Grenonière d'Ornon, au sud. Mais on y trouve encore, par exemple autour du chalet communal du Carrelet, des témoins de Trias : ils correspondent chacun au toît d'un petit bloc faisant partie d'une succession de marches d'escalier dénivelées par des petites failles N-S. Celles-ci s'apparentent sans doute à celle de l'Échaillon mais peuvent aussi être considérées comme des satellites de la grande faille du col d'Ornon, qui traverse le versant peu en contrebas, vers l'altitude de 1800 m (en passant peu à l'ouest d'Oulles).
Page d'introduction à la géologie
de la chaîne
de Belledonne au sens large. aperçu d'ensemble sur le massif du Taillefer |
(Chamrousse) | (rive droite de la Romanche) | (Gde Lance d'Allemont) |
LOCALITÉS VOISINES | ||
La Morte, Poursollet | Taillefer nord | (Oulles) |
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