Albaron, Andagne |
Le sommet de l'Albaron (3667) est bien reconnaissable sur son versant mauriennais à son élégante pyramide de neige tronquée. Le groupe montagneux dont il constitue le point culminant est tranché du côté est par le cirque des Évettes et sa crête s'abaisse vers l'ouest jusqu'à former la rive droite de la vallée d'Avérole. Son versant nord domine la rive gauche de l'Arc au niveau de Bonneval, localité en direction de laquelle il est entaillé par le vallon glaciaire suspendu du Vallonnet.
Le groupe montagneux de l'Albaron, vu du nord-ouest, depuis l'Ouille des Tré-Têtes (groupe de Méan Martin). n.Ch = nappe du Charbonnel ; n.Al = nappe de l'Albaron ; n.Bo = nappe de Bonneval ; Øsl = surface basale de chevauchement des nappes liguro-piémontaises. f.V = faille du Vallonnet ; f.F = faille du couloir de la Fontaine (voir la page "Bonneval") ; "prs" = prasinites ; "srp" = serpentinites ; "js" = marbres jurassiques recouvrant les roches vertes ; "slci" = schistes lustrés à passées de radiolarites de la nappe de l'Albaron. |
Cet ensemble rocheux est entièrement sculpté dans des schistes lustrés ligures où de puissantes masses de "roches vertes" déterminent une barrière d'abrupts supérieure, dominant les replats du vallonnet et du plateau d'Andagne.
Dans cet édifice on peut distinguer trois nappes superposées, qui sont, de haut en bas :
- la nappe du Charbonnel, surtout formée de calcschistes à lits marbreux, avec des intercalations lenticulaires de prasinites et des lits parfois abondants de gneiss"albitiques" clairs ;
- la nappe de l'Albaron où une puissante dalle de serpentinites supporte des marbres jurassiques puis des calcschistes d'abord riches en passées de radiolarites.
- la nappe de Bonneval dont les schistes lustrés sont séparés des gneiss du socle cristallin par une bande de cargneules,
recouvrant des marbres jurassiques.
Ces trois nappes superposées sont tranchés par une importante faille extensive orientée NW-SE dont le compartiment sud-occidental est abaissé de plusieurs centaines de mètres (voir cliché suivant). Son tracé traverse la vallée de l'Arc environ 1 km en aval de Bonneval et ferme ainsi vers l'aval les affleurements rapportables à la nappe de Bonneval. Cette faille du Vallonnet détermine la partie supérieure du vallon de ce nom et passe au col du Greffier, qui isole le Pic Regaud du reste de l'arête nord de l'Albaron (elle est représentée par tronçons sur la carte au 1/50.000° Lanslebourg et Tignes mais sa continuité n'est pas mise en évidence dans le dessin de ces cartes ...). |
les crêtes de la rive gauche de la vallée de l'Arc au sud de Bonneval vues du nord, depuis la route de l'Iseran (D.902), versant Maurienne, peu en aval du Pont de la Neige. n.Ch = nappe du Charbonnel ; n.Al = nappe de l'Albaron ; n.Bo = nappe de Bonneval ; Øsl = surface basale de chevauchement des nappes liguro-piémontaises. f.V = faille du Vallonnet ; f.F = faille du couloir de la Fontaine (voir la page "Bonneval") ; "prs" = prasinites ; "srp" = serpentinites ; "js" = marbres jurassiques recouvrant les roches vertes ; "slci" = schistes lustrés à passées de radiolarites de la nappe de l'Albaron. |
En aval de Bonneval, la rive gauche de l'Arc est formée par l'escarpement qui soutient
le plateau d'Andagne : ce dernier correspond à l'épaulement*
de la vallée glaciaire mais il y est particulièrement abrupt parce qu'il entaille les serpentinites de la
nappe de l'Albaron.
La puissante dalle, particulièrement
résistante, de ces roches s'abaisse doucement vers le sud-ouest en se
moulant sur le flanc du vaste bombement de socle du Grand Paradis. Il en résulte que sa surface supérieure rejoint bientôt
le cours de l'Arc, à la hauteur du débouché
du torrent d'Andagne (1.5 kilomètres en amont du Villaron) de sorte que cette nappe disparaît définitivement en aval de ce point.
Cette masse de serpentinites représente une partie des fonds marins "océaniques" formés au Jurassique par l'ouverture de l'océan alpin. Elle est garnie à sa partie supérieure par un placage de marbres jurassiques blonds, pailletés de cristaux de micas, qui sont les premiers sédiments déposés directement sur ces fonds, à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Ces marbres supportent en outre des lentilles de prasinites qui correspondent sans doute à des brèches basaltiques. |
La succession stratigraphique de cette nappe de l'Albaron se complète vers le haut par des affleurements qui sont particulièrement développées et bien observables en rive ouest de la vallée, sur l'échine qui monte au refuge du Mollard depuis le village du Villaron.
Il s'agit de schistes lustrés qui contiennent des passées de quartzites et de gneiss clairs (albitiques) ; ces dernières représentent sans doute des crachées de sables d'origine continentale (ce qui suppose une certaine proximité des marges continentales). On y observe aussi d'épais bancs de radiolarites dont la répétition est sans doute due à de multiples plis couchés très plats. |
En aval du Villaron la vallée s'inscrit longuement, jusqu'au delà de Lanslevillard, dans les schistes lustrés surincombants, à lentilles de prasinites, qui sont ceux de la nappe du Charbonnel. Leurs couches s'abaissent à leur tour, depuis la Pointe d'Andagne jusqu'à l'entrée aval de la vallée d'Avérole. Ce n'est qu'en rive gauche et en hauteur que s'y développent les faciès à dominante calcaire qui sont l'autre caractéristique de cette nappe (voir la page "Avérole").
Liste des notations utilisées pour les schistes lustrés (entre crochets correspondances avec celles des cartes B.R.G.M): |
voir l'exposé sur la nomenclature des nappes de schistes lustrés ligures |
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Méan Martin |
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