LE RELIEF DE LA CHARTREUSE |
Le propos des 5 pages de cette section du site est d'examiner quel éclairage la connaissance de la géologie permet de jeter sur le relief de la Chartreuse, en ce qui concerne d'une part les formes de grande taille et d'autre part leur modelé de détail.
A/ POURQUOI et COMMENT LE MASSIF DE LA CHARTREUSE S'EST-IL INDIVIDUALISÉ ? |
La mise en relief et l'individualisation du massif de la Chartreuse résultent des effets antagonistes de deux phénomènes ; d'une part le soulèvement des Alpes et d'autre part leur dissection par l'érosion.
1 - La surrection des divers massifs alpins n'a pas été le résultat d'une simple montée verticale (comme c'est le cas pour celle des massifs volcaniques) mais au contraire de déplacements horizontaux dans la croûte terrestre. Tout le monde sait maintenant que ces derniers ont été induits par le rapprochement de deux "plaques" lithosphériques, l'européenne à l'W et l'africaine à l'E. Il en est résulté un raccourcissement horizontal de la croûte et des sédiments des fonds de l'ancienne mer alpine, antérieurement ouverte entre les deux croûtes continentales de ces plaques, qui ont fonctionné comme les mors d'un étau.
Ce raccourcissement horizontal a induit, en compensation, un sur-épaississement de la croûte terrestre (ainsi transformée en chaîne alpine) au prix de son écrasement par le biais de multiples et diverses dislocations : c'est ce que l'on a longtemps appelé le "plissement alpin" (mais ce terme est trop réducteur). La direction suivant laquelle s'est exercé le rapprochement des mors de l'étau alpin peut donc être déduite de l'orientation des plis et des cassures formés alors (et que l'érosion a mis depuis à nu) : en Chartreuse ces plis sont pratiquement allongés nord-sud, plus précisément N20°E en général, ce qui veut dire qu'ils résultent d'un raccourcissement sensiblement est-ouest.
2 - L'individualisation du massif et sa nette délimitation (surtout sur les cotés nord, est et sud) résultent de deux processus conjugués d'érosion qui sont intervenus depuis le début du soulèvement des Alpes :
a) - Une première étape a certainement été l'établissement de lits de rivières qui descendaient d'abord sur les flancs de la chaîne alpine en suivant sa plus grande pente : c'est à dire qu'elles se dirigeaient à peu près perpendiculairement à la ligne de faîte de la chaîne, donc du sud-est vers le nord-ouest. Leur approfondissement, au fur et à mesure du soulèvement du massif, est surtout à l'origine ici des deux "cluses" de Grenoble et de Chambéry (mais aussi de celles, moins profondes, du Guiers Mort et du Guiers Vif).
Ces vallées ont effectivement fonctionné dès le Miocène, comme en atteste la disposition des dépôts de deltas centrés sur leur débouché dans le bassin du Bas Dauphiné, où s'accumulaient dans la mer bordière de cette époque ("sillon molassique périalpin") les débris sableux de la chaîne naissante.
- b) Les étapes ultérieures se subdivisent
apparemment en deux groupes :
Lors d'une étape très ancienne (limite Tertiaire
- Quaternaire ?) les reliefs soulevés ont été
aplanis par une érosion non fluviatile, qui ne faisait
guère de cas de la nature des roches.
Au cours du Quaternaire le creusement fluviatile a repris et les
ruissellements superficiels furent amenés à rencontrer,
au cours de leur affouillement, des bandes de terrain de nature
différente, qui avaient été disposées
par les déformations tectoniques d'une façon globalement
allongée parallèlement à la chaîne
(c'est-à-dire orthogonalement à la direction d'ensemble
de l'écoulement).
L'alternance de bandes plus ou moins résistantes ainsi
mises à nu provoqua alors l'installation d'affluents latéraux
dans les bandes de terrains particulièrement tendres, ce
qui a donc orienté ces cours d'eau secondaires selon un
azimut proche de nord-sud.
|
(le nord est à gauche et l'allongement du bloc est perpendiculaire à celui de la chaîne de Belledonne).
Dans les deux étapes de gauche on a omis délibérément de représenter les dépôts molassiques miocènes, qui auraient masqué la structuration du mésozoïque (et dont on ignore jusqu'où ils s'étaient avancés en direction de l'est).
|
Les deux plus remarquables et les plus importantes de ces bandes
tendres constituent maintenant les dépressions qui limitent
le massif chartreux à l'est et à l'ouest :
- À l'est d'abord, c'est celle des "Terres
noires" : ces roches marneuses particulièrement vulnérables,
d'âge jurassique, ont été portées en altitude
par le soulèvement du massif de Belledonne et profondément
affouillées sur le flanc de ce dernier, jusqu'à
former la vallée du Grésivaudan.
- A l'ouest le contraste des reliefs limitant le massif
est à peine moins net. Il ne correspondait, au Tertiaire,
qu'à l'enfoncement progressif des terrains crétacés
et jurassiques qui affleurent en Chartreuse sous l'épais
remplissage de grès tendres ("molasses") du sillon
molassique périalpin (collines du Voironnais et de Pont-de-Beauvoisin).
Mais la netteté de la limite y a été accusée
par le passage d'une grande cassure chevauchante (la "faille
de Voreppe"), qui remonte maintenant le massif par rapport
à cette bordure.
Au sein du massif chartreux d'autres vallées de même direction, plus modestes suivent les bandes tendres correspondant selon le cas aux plis synclinaux ou anticlinaux : elles se connectent en tant qu'affluents avec les vallées NE-SW d'origine plus ancienne pour constituer le réseau fluviatile qui draine le massif.
B/ LES RELATIONS ENTRE LES GRANDES LIGNES DU RELIEF ET LES DISPOSITIONS TECTONIQUES |
C/ QUELQUES ASPECTS DES RAPPORTS LOCAUX ENTRE RELIEF ET STRUCTURE TECTONIQUE |
D/ LES FACTEURS DU RELIEF AUTRES QUE STRUCTURAUX |
E/ LES TRACES D'UN APLANISSEMENT ANCIEN |