Chapareillan, abîmes de Myans |
La localité de Chapareillan, située dans le Grésivaudan, se trouve à l'extrémité septentrionale de la corniche tithonique du rebord subalpin de la Chartreuse. Celle-ci isole, depuis la latitude de Sainte-Marie-d'Alloix un petit plateau suspendu, garni de prairies qui est le relais et l'équivalent structural exact de celui des Petites Roches, plus au sud.
Au sud de Chapareillan cette barre tithonique est tranchée par le décrochement de l'Alpette entre Bellecombe au sud et Bellecombette au nord, mais cela ne lui occasionne qu'un décalage modeste (quoique bien perceptible) avant que son tracé se perde sous la plaine alluviale au hameau de l'Étraz.
Les couches tithoniques qui affleurent dans les pentes à l'ouest du chef-lieu pendent vers l'ouest, ce qui montre clairement que l'on est là dans le flanc oriental du grand synclinal oriental de la Chartreuse.
C'est à ce flanc du grand pli qu'appartiennent également les falaises
urgoniennes des rochers de l'Alpe, au sud de la Porte de l'Alpette. Par contre les falaises du Granier, qui dominent plus directement
les villages de la commune, sont tranchées dans l'Urgonien
du flanc ouest de ce pli (comme on le voit à leur faible pendage vers l'est): à cette latitude l'urgonien du flanc oriental de ce pli, et même sa charnière, ont donc été
enlevés par l'érosion.
Cette différence est n'est pas due à ce que l'érosion
a progressé plus loin vers l'ouest car le bord des falaises garde à peu près la même direction moyenne : elle est due à ce que
l'Urgonien qui dessine le synclinal a été découpé en trois
tronçons décalés dans le sens dextre par
le jeu du décrochement des Pinchérins et surtout de celui de l'Alpette, lequel a décalé le tronçon du Granier vers l'est par rapport à celui de l'Alpette.
Au nord de Chapareillan la disparition du rebord subalpin est due en premier lieu à l'effacement de la barre tithonique par l'érosion qui a ouvert la large Trouée des Marches avant même que les glaciers quaternaires ne l'empruntent. Mais elle est liée aussi à sa situation à la marge sud de la nappe de matériaux qui se sont étalés jusqu'à peu de distance de l'actuelle agglomération, lors de l'éboulement de du Granier de 1248 : en effet, à cette latitude, la barre tithonique disparaît maintenant en s'enfonçant vers le nord sous cette couverture quaternaire assez particulière.
On peut rappeler ici brièvement les traits structuraux de la Trouée des Marches, qui s'étend vers l'est jusqu'à Montmélian et vers le nord jusqu'à Chambéry : Elle est orientée à
120° par rapport au rebord subalpin, et ne coupe
que peu obliquement les plis de Chartreuse. Elle met en fait à nu
le Tithonique à la faveur de replis anticlinaux, notamment aux abords de Challes-les-Eaux ;
à la latitude de la Chartreuse le coeur jurassique de ces plis est éventré
à la faveur du relèvement de leur axe en direction de la voussure de la chaîne de Belledonne et masqué par les alluvions fluviatiles qui garnissent le fond du Grésivaudan. |
Les abîmes de Myans sont une zone de petites collines désordonnées qui occupent la partie
sud-ouest de la trouée des Marches,
à l'ouest de la ligne de relief des Marches et de Myans, où elle recouvre en l'effaçant le prolongement septentrional de la corniche tithonique du Grésivaudan. Elle est spécialisée dans le
vignoble car il s'agit d'une zone de coteaux caillouteux. On y
trouve en outre, par places, de très gros blocs. Cette
constitution témoigne de ce qu'il s'agit de la zone d'épandage
de la coulée boueuse, transportant les matériaux éboulés, qui a enseveli la ville de Saint-André lors de la catastrophe
de 1248.
Ces produits d'éboulement provenaient d'un importante tranche
de la montagne du Granier qui s'est effondrée en donnant à la face nord de
ce sommet son aspect actuel de puissants abrupts très verticaux.
pour en savoir plus sur l'éboulement
de 1248, voir le dossier spécial qui lui a été
consacré dans le n° 67 de ALPES-MAGAZINE, pages 22
à 29 (éditions Milan). |
Ce matériel qui avait glissé,
en amont, sur les dalles de marnes de Narbonne, inclinées
vers la vallée, s'est épandu ici en recouvrant des
alluvions relativement récentes : il s'agit des dépôts
glaciaires et fluviatiles abandonnées dans la trouée
de Chambéry par les glaciers à l'époque würmienne.
La partie de ces alluvions qui, au Marches, à Myans et
à Chacusard, n'a pas été recouverte par l'éboulement
se reconnaît par son relief en lignes de collines allongées
NNW-SSE, selon l'ancienne direction d'écoulement des glaces
et des eaux de fonte (ces collines ne sont pas des moraines mais des dépôts de chenaux sous glaciaires du type des "esker").
C'est sur les niveaux supérieurs des marno-calcaires du Berriasien (couches immédiatement sous-jacentes aux marnes de Narbonne) que s'appuient ces coteaux dans la région d'Apremont. Les bancs y sont régulièrement, mais assez faiblement, pentés vers l'est car ils appartiennent au flanc ouest du synclinal chartreux occidental. L'axe de ce pli passe sous les alluvions des Abîmes, à peu près à Chacusard. En effet les affleurements que l'on retrouve au nord de Myans (à Saint-Jeoire-Prieuré) pendent vers l'ouest et représentent le flanc ouest du système anticlinal de Challes-Curienne.
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