Chamechaude
le point culminant du massif de la Chartreuse

voir en fin de page la planche de coupes transversales au chaînon de Chamechaude

Ce sommet, au profil particulièrement élancé quand on le voit depuis le nord par exemple de Saint-Hugues est, avec ses 2080 m., le plus élevé de la Chartreuse. Mais il est aussi - paradoxalement - l'un de ceux de ce massif où la carapace des calcaires urgoniens est le moins bien conservée : en effet elle n'y est plus représentée que par un panneau de roche d'environ 1 km de long sur moins de 500 m de large, en forme de pupitre, qui a été isolé par l'érosion.
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Le village de Saint-Hugues, dominé par le sommet de Chamechaude (versant nord-oriental de la montagne).

Ce panneau d'Urgonien appartient, pour l'essentiel, au flanc oriental du synclinal du Sappey. Du point de vue géomorphologique c'est donc un "volet" synclinal (c'est-à-dire la moitié d'un synclinal perché).

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Vue d'ensemble du versant nord de la montagne
, prise dans l'axe du synclinal du Sappey depuis les pentes sommitales du Grand Som. Noter l'épais glacis d'éboulis anciens consolidés en brèches qui garnit les pentes boisées descendant vers le col de Porte.

On voit seulement s'ébaucher la charnière de ce pli au nord du sommet, dans les abrupts occidentaux de la butte-témoin des calcaires urgoniens, car tout l'Urgonien du flanc ouest a été enlevé par l'érosion ; par contre, dans les couches plus anciennes de son soubassement boisé, la variation progressive des pendages dessine assez largement la charnière du pli.
Quoi qu'il en soit il s'agit là d'un bel exemple de "relief inversé"* (c'est-à-dire où les "creux" structuraux sont portés en relief par l'érosion).

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La montagne de Chamechaude vue du NW depuis le sommet du Charmant Som.
dB = décrochement de Bellefond et son prolongement (des Bachassons), du versant ouest de Chamechaude ; s.mS (en bleu) = synclinal "méso-subalpin" (orienté N45 il recoupe les autres plis en oblique).
Les formations quaternaires (et notamment le vaste épandage d'éboulis anciens de ce versant) ne sont pas représentés pour ne pas allourdir la figure (voir ces aspects sur les clichés suivants du versant ouest).

Un décrochement dextre, le "décrochement du Bachasson", traverse d'autre part la crête peu au nord du sommet et passe à la fontaine du Bachasson. Sur le versant ouest de la montagne il se manifeste avec assez de clarté : en effet au nord de cette cassure une amorce de l'Urgonien du flanc ouest du synclinal a été conservé, grace au décalage vers l'est de la charnière ; au sud de la fontaine du Bachasson, au contraire, le flanc oriental du pli s'étend beaucoup plus loin vers l'ouest et aucune trace de l'Urgonien du flanc ouest a résisté à l'érosion (la charnière du pli se voit seulement dans les calcaires du Fontanil des pentes boisées sous-jacentes).

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Le versant occidental de Chamechaude, vu du nord-ouest, depuis le sommet de Canaple.
d.B = décrochement du Bachasson : noter le décalage de l'axe du synclinal du Sappey (s.S) ; a.E = anticlinal de l'Écoutoux ; d.gO = décrochement (secondaire) des Gorges de l'Oiseau.

Concernant les détails des affleurements d'Urgonien du sommet de Chamechaude on se reportera à la page annexe "sommet de Chamechaude", où elle fait l'objet de descriptions complémentaires.

Un autre décrochement (d'importance plus secondaire) détermine plus au nord le ravin principal des Gorges de l'Oiseau et s'y manifeste par un décalage des limites de la barre des calcaires du Fontanil (décalées vers le haut du côté nord) : il correspond sans doute à une branche septentrionale du décrochement de Bellefond.

En direction de l'est ce décrochement des Bachassons se place bien dans le prolongement de celui de Bellefond mais son tracé est assez difficile à repérer, tant dans la pyramide rocheuse sommitale que dans la falaise orientale (voir les clichés annexes ci-après).

Le décrochement des Bachassons est difficile à repérer dans les escarpements du versant oriental car il ne présente qu'un rejet vertical très modeste (le schéma ci-après interprète cela en admettant une direction de déplacement inclinée vers l'ouest; presque comme le pendage des couches du flanc est du pli).
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Le versant oriental de la montagne de Chamechaude, vu de l'est, depuis les pentes de Pravouta
Ce versant, le plus raviné, montre bien la succession des strates, ce qui permet de repérer finement les limites des "membres"* successifs que l'on y distingue.
d.B = décrochement du Bachasson : ici son rejet dextre occasionne seulement un faible surhaussement du compartiment méridional (celui de gauche) car le mouvement n'était pas vraiment horizontal mais comportait une inclinaison vers l'ouest, d'une valeur assez proche de celle du pendage des couches (voir le schéma ci après).


Variabilité des rejets induits par un décrochement en fonction de la position où l'on se trouve dans le pli et de l'inclinaison du déplacement (appliqué au cas de l'anticlinal de l'Écoutoux et du synclinal du Sappey).
Le "rejet vertical" que matérialise la flèche blanche est celui (nulle part observable) qui concerne la charnière du synclinal du Sappey.
Le rejet vertical dans les falaises orientales de Chamechaude correspond au décalage vertical entre les deux lèvres sous le "c" du mot "déplacement") : il est faible car ici l'inclinaison des couches est proche de celle du vecteur déplacement.

Dans ce versant oriental de la montagne les terrains antérieurs à l'Urgonien affleurent largement dans les ravins, encore en cours de creusement actuellement, qui l'affectent. Grâce à cela on peut y détailler la succession des "membres"* stratigraphiques qui subdivisent les formations géologiques majeures ou qui font transition entre ces dernières (c'est principalement le cas en ce qui concerne la formation des calcaires du Fontanil).

C'est là une notable différente avec le versant ouest de la montagne, où ces couches sont assez largement masquées par un vaste épandage d'éboulis anciens, qui s'étend jusqu'au delà du col de Porte.

Le versant sud de la montagne, qui surplombe le village du Sappey, est également assez garni par le couvert forestier et par les épandages ébouleux. Mais ces derniers, bien que stabilisés par la végétation, sont relativement récents, post-glaciaires, car ils garnissent les fonds de ravins des deux grands entonnoirs de réception qui se disposent de part et d'autre de l'éperon de la Roche Rousse.

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Le versant méridional de la montagne de Chamechaude, vu du sud, pratiquement dans l'axe du synclinal, depuis le Saint-Eynard.
L'Urgonien du sommet, incliné vers l'ouest, est un typique "volet" synclinal qui se rattache au flanc oriental du synclinal du Sappey.
Dans le flanc ouest du synclinal l'érosion a enlevé tous les terrains que l'on devrait trouver au dessus des marnes de Narbonne : en fait ils ont vraisemblablement été surélevés par une faille (f.wC) des pentes occidentales de Chamechaude.
Le village du Sappey est installé sur les marnes de Narbonne, évidées en une dépression ceinturant le pied des abrupts calcaires.
N.B. le décrochement Bachassons-Bellefond (cf. coupe ci-dessous) n'est pas visible sur ce cliché, car il passe en arrière-plan des falaises urgoniennes.

L'analyse des pentes boisées du versant ouest de Chamechaude (voir la page "Col de Porte") suggère qu'elles sont parcourues par une faille ouest de Chamechaude, sub-verticale et à peu près N-S, qui abaisse, du côté est, le contenu du synclinal du Sappey. Cela explique que les marnes de Narbonne affleurent encore dans ces pentes occidentales à l'altitude où s'abaisse la limite entre Hauterivien et calcaires du Fontanil sur l'éperon de Roche Rousse.

Le fait qu'il n'y ait pas trace du passage d'une telle faille dans le Tithonique, entre Écoutoux et Saint-Eynard, impose que celle-ci s'amortisse au sein des marnes de Narbonne du flanc ouest du synclinal du Sappey.

En fait il y aurait donc là un dispositif très similaire à celui de la faille de la Gorgette qui affecte le flanc ouest du synclinal oriental de la Chartreuse à la Dent de Crolles (voir la page "Dent de Crolles"), mais on ne dispose, à Chamechaude d'aucune entaille d'érosion suffisante pour le mettre en évidence.

 

 


version plus grande

Coupes successives, traversant du nord au sud le chaînon de Chamechaude.
Du fait de leur orientation ces coupes donnent un profil de la montagne conforme à celui de la vue que l'on en a depuis le versant Sappey (surtout pour la coupe D). Mais ce profil est inversé par rapport à celui que l'on voit depuis Saint-Pierre-de-Chartreuse, lequel correspond plutôt à la coupe A.
D.B. = décrochement du Bachasson (entre les tracés des coupes C et D il se prolonge vers la gauche et vers la droite entre les tracés B et A) ; f.wC = faille des pentes occidentales de Chamechaude (voir la page "Col de Porte").



Documents complémentaires :
Vues de détail d'affleurements :
voir la page "sommet de Chamechaude"
Description d'excursions géologiques à Chamechaude : voir le fascicule n°10

Carte géologique simplifiée (fond topographique d'après la carte IGN au 1/100.000°)
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuille Domène

Canaple

Saint- Hugues

Pravouta
col de Porte LOCALITÉS VOISINES Bec Charvet

La Pinéa

Le Sappey

Manival
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