Montagne de Bure |
Le sommet de la montagne de Bure correspond à l'extrémité méridionale d'un vaste plateau qui est très partiellement colonisé par les installations d'un laboratoire astronomique. Il est constitué par un entablement de calcaires sénoniens qui forment comme une carapace masquant tous les terrains plus anciens et qui dessinent une ample voûte anticlinale.
L'immensité minérale désolée du plateau de Bure vue depuis le sommet du Pic de Bure (panoramique ouvert à 150°). Ici l'érosion s'est pratiquement limitée à dégager la surface supérieure des calcaires sénoniens, qui dessine une ample coupole (correspondant à l'anticlinal de Bure, vu ici dans son axe). La ligne de tirets blancs matérialise l'inflexion du flanc est de la voûte de ce pli. Les combes, entourées de parois abruptes, qui entaillent ce flanc de la montagne résultent de sa dissection par des cirques glaciaires. La distance entre le Pic de Bure et le laboratoire de radio-astronomie est supérieure à 2 kilomètres, ce qui est également celle séparant la Tête des Pras Arnaud (qui domine Montmaur) du Pic Ponson (qui domine Superdévoluy) |
En y regardant de plus près on voit
que la surface de ce plateau est légèrement infléchie en
forme de selle car ses bords se relèvent également à
l'ouest (Têtes de la Cluse, 2613 m, et des Pras Arnaud,
2617 m) et à l'est (Pic de Bure, 2709 m). Ceci correspond
à l'ébauche d'une ondulation synclinale qui s'accuse, surtout plus au sud, dans le soubassement du plateau.
Mais cette selle n'est qu'une
ondulation très modeste sur l'ample voûte anticlinale dont le trait majeur est de s'enfoncer doucement
vers le nord et de s'élever progressivement vers le
sud jusqu'au sommet du Pic de Bure.
L'énorme échine de la montagne de Bure montre dans le détail un relief de dalles structurales, percées d'avens ou de vallonnements bordés de petits abrupts qui sont souvent déterminés par des failles mineures (la plupart sont orientées NE-SW, et semblent appartenir à la même famille que celles, plus importantes, des environs de Saint- Étienne). Les couches sénoniennes disparaissent enfin, au nord de la Joue du Loup, en s'enfonçant sous celles du Tertiaire. Ces dernières enveloppent la voûte anticlinale sénonienne mais, plus tendres, n'en traduisent plus la forme dans leur relief (voir la page "Agnières").
Du côté oriental de cette échine les dalles structurales modérément pentées, qui sont favorables au tracé de pistes de ski, se prolongent jusqu'à la station de Super-Dévoluy. Mais au sud de la station, même si sa structure reste celle, très simple, de la retombée orientale de la voûte anticlinale ce versant est du plateau de Bure se dote progressivement d'un relief plus vigoureux (voir la page "Bure est").
Du côté sud la dalle sénonienne du plateau de Bure est brutalement tranchée par d'impressionnants abrupts qui tombent sur la vallée du Petit Buëch.. Cette dernière met ainsi au jour les terrains plus anciens, affectés par le plissement anté-sénonien (voir la page "Rabou nord"). Aucune structure ne peut être tenue responsable de cette disposition, dont l'origine est à rechercher fondamentalement dans le fait que l'axe de l'anticlinal de Bure s'élève dans cette direction : la carapace sénonienne, progressivement de plus en plus exposée à l'érosion de ce fait, y a été décapée et a livré son soubassement, bien moins résistant, aux attaques de cette dernière.
Les abrupts méridionaux du Pic de Bure vus du sud, depuis le Pic de Charan. La dalle calcaire sénonienne est sectionnée
en une longue falaise E-W, presque rectiligne, qui dessine bien la
très large voûte anticlinale de Bure (a.B).
Elle n'est guère accidentée que par une petite faille extensive N-S qui
détermine le Pas du Follet ( f.F). |
On peut en outre penser que ce processus d'ablation de la carapace sénonienne a pu être largement facilité par l'intervention d'une érosion antérieure, d'âge anté-nummulitique. En effet pour retrouver, au sud du Pic de Bure, des affleurements de Sénonien il faut aller très au delà de la vallée de la Durance, jusqu'aux crêtes de la Blanche (au dessus de Seyne). Or, dans le secteur intermédiaire, on observe, de-ci de-là depuis Ancelle jusqu'aux abords de Turriers et de Monêtier-Allemont, des couches nummulitiques dont on constate qu'elles reposent directement sur les terrains anté-Sénoniens (souvent même sur les Terres Noires). Cela veut dire que, entre la fin du Sénonien et la reprise de sédimentation du Nummulitique, il a donc dû se former là, à peu près selon l'actuelle vallée de la Durance en aval de Serre Ponçon, un vaste bombement anticlinal NE -SW (prolongement vraisemblable de celui du massif du Pelvoux vers le sud-ouest) et que la voûte de ce pli avait été érodée jusque bien plus bas que le Sénonien avant même le Nummulitique. Il en résulte que l'ablation du Sénonien dans le Dévoluy méridional, au sud du Pic de Bure, peut aussi, assez vraisemblablement, avoir pour cause cette disposition paléogéographique d'âge tertiaire. |
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LOCALITÉS VOISINES |
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