Col et Puy de Manse, Chapeau de Napoléon |
Le Col de Manse constitue le pendant et le symétrique du col Bayard, sur le bord opposé (oriental) du large seuil surélevé qui sépare le Champsaur (vallée du Drac) du sillon de Gap.
Ce seuil a été aménagé (raboté et aplani) par le passage, à l'époque du maximum de Würm, d'une langue glaciaire diffluente du glacier de la Durance (voir la page "Quaternaire du Gapençais"). Elle s'avançait vers la vallée du Drac pour rejoindre le glacier, descendant du Champoléon, qui occupait cette vallée.
Les pentes méridionales du col de Manse vues du sud-ouest, depuis les environs du village de Romette (à l'est de Gap) |
Le Puy de Manse et le Chapeau de Napoléon représentent les reliefs du bord oriental de ce seuil. Ils sont essentiellement formés, comme sur le bord occidental (Gleize), par le Tithonique et le Crétacé inférieur (la succession va jusqu'aux marnes bleues apto-albiennes qui affleurent au revers oriental du Puy de Manse). Mais ici les reliefs du rebord du seuil, beaucoup plus discrets, n'émergent qu'à peine du placage de moraines würmiennes et ont même été rabotés par les glaciers d'âge antérieur au Würm.
Cette différence tient sans doute au fait qu'ici, comme en rive est du Champsaur, la chape protectrice constituée par les calcaires sénoniens du Dévoluy, a été enlevée par l'érosion qui a précédé la transgression des calcaires à Nummulites. De plus cette érosion a affouillé de plus en plus profondément en direction de l'est, de sorte que, dès le revers est du Chapeau de Napoléon il n'existe plus le moindre affleurement de Crétacé inférieur ni même de Tithonique : immédiatement au sud d'Ancelle, les calcaires à Nummulites des Tours Saint-Philippe reposent directement sur les Terres Noires.
Le Puy de Manse vu du sud-ouest, d'avion depuis l'aplomb du col de Manse On voit qu'à droite du Puy de Manse le glacier durancien envoyait une courte langue diffluente secondaire qui s'avançait vers la dépression de la plaine de Lachaup (voir page "Ancelle"), mais sans l'atteindre. |
L'isolement de ces pointements du sous-sol rocheux, qui résulte la large extension de ces dépôts quaternaires, conduit à alimenter des incertitudes quant à leur situation structurale, en particulier en ce qui concerne leur absence de prolongement du côté nord comme du côté sud de la barre rocheuse de la limité Jurassique - Crétacé qui les constitue. Du côté sud la terminaison des affleurements tithonique est dû à un chevauchement de La Rochette qui a dû surélever ces couches et l'on doit attribuer leur absence plus à l'est à une érosion antérieure à la reprise de sédimentation nummulitique qui s'observe au sud d'Ancelle. Celle-ci devait donc encore aller s'accroissant en direction de l'Embrunais indépendament du fait que ces dépôts nummulitiques eux même y ont été supprimés avant l'arrivée des nappes d'origine interne qui caractérisent ce dernier domaine.
Le site de La Rochette vu du sud, depuis la route de Romette La partie supérieure du rebord septentrional du sillon de Gap domine, au sud-est du col de Manse, un escalier de terrasses. Chacune est constituée par des alluvions fluviatiles déposées en marge externe de la moraine de l'un des stades successifs du retrait du glacier würmien qui empruntait le sillon de Gap. La barre tithonique disparaît vers le sud-est parce qu'elle est sectionnée par une surface de chevauchement (Ø = chevauchement de La Rochette) qui se poursuit vers le nord en passant au pied oriental du Puy de Manse (en arrière sur ce cliché). C'est là le premier témoin des écaillages* qui affectent l'autochtone aux approches de l'Embrunais, secteur où l'arrivée des nappes internes a provoqué, sous elles, des imbrications multiples. |
Du côté nord on peut penser que la coupe du Drac, presque parallèle à celle du sillon de Gap, devrait révéler une structure similaire, ce qui veut dire que le chevauchement de la Rochette devrait s'y prolonger vers le nord ; mais l'abondance de la couverture quaternaire empêche de le vérifier. Quoi qu'il en soit cela le conduit à y rencontrer le tracé de la faille du Pont du Fossé (voir la carte simplifiée de fin de page). Il va donc en subir le rejet horizontal dextre, ce qui rend dès lors à peu près évident qu'il constitue le prolongement décalé vers l'ouest du chevauchement des écailles ultradauphinoises de Soleil Bœuf.
figure plus grande
Carte des dépots quaternaires du sillon de Gap (extrait de la publication n° 046, 1969, retouché)
A = poudingues anté-wurmiens de Corréo ; B = cônes de déjections ; C = coulées et glaciers rocheux ; D = rebords d'érosion (indiqués dans quelques cas seulement, pour ne pas surcharger la figure) ; E = crêtes morainiques (leurs raccords originels probables sont indiqués par des alignements de points) ; F = principaux chenaux d'évacuation des eaux de fonte.
Les numéros désignent les stades de retrait du glacier wurmien : 0 = dépots rissiens ; 5 = "récurrence" du Würm III.
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col Bayard |
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Ancelle |
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Col de Manse |
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