Gap |
La ville de Gap occupe le coude d'un sillon arqué, orienté à peu près NE-SW à cet endroit. Ce sillon de Gap se poursuit jusqu'à Tallard du côté sud et jusqu'à Chorges du côté est. Son origine est fondamentalement structurale car s'agit d'une combe monoclinale* ouverte dans les marnes des Terres Noires : c'est l'équivalent, à cette latitude méridionale, du "sillon subalpin" des Alpes septentrionales.
Le cadre montagneux de la ville de Gap, vu de l'est, depuis le sommet du Piolit (cliché original obligeamment communiqué par Mr. B.Genre) |
Si cette combe a ici un dessin demi-annulaire c'est parce qu'elle suit le dessin périclinal* de la voûte du vaste anticlinal de Remollon, dont l'axe, orienté à peu près N130, plonge vers le nord-ouest, grossièrement en direction du Pic de Bure (il se prolonge en fait, dans le massif du Dévoluy, par l'"anticlinal de Bure").
En coupe transversale ce sillon est dissymétrique car il est directement bordé du côté sud par
le crêt*, émoussé ("cuesta")
du Bajocien inférieur, tandis que du côté nord il englobe les pentes, à soubassement de terres Noires, qui s'élèvent doucement jusqu'au pied de la corniche tithonique. Cette dernière forme, au nord de Gap, la montagne de Charance , qui est le contrefort le plus méridional du massif du Dévoluy.
En aval de Gap il est limité du côté ouest par la corniche tithonique de la montagne de Céüse, qui représente le rebord oriental des chaînons du Bochaine méridional.
Entre les deux s'ouvre l'importante trouée du seuil de la Freissinouse, où la corniche tithonique a été enlevée par l'érosion de la vallée du Petit Buëch (elle la traverse plus à l'ouest que La Roche-des-Arnauds). Le col Bayard (au nord de Gap) et celui de Manse (au nord-est) sont également ouverts dans les Terres Noires.
À l'est du second de ces cols il subsiste un petit fragment de la carapace tithonique qui forme la butte témoin* du "chapeau de Napoléon" (voir la page "col de Manse"). À l'est de ce petit sommet le Tithonique n'affleure plus nulle part, mais l'érosion quaternaire n'y est pour rien car cela résulte de ce qu'il y a été érodé avant le dépôt des couches du Nummulitique.
L'origine première de ces trouées qui rompent la continuité de la corniche tithonique est fluviatile : elles ont servi de cours à des tracés anciens de la Durance (comme en atteste notamment la présence de certains galets d'origine durancienne dans les alluvions du bassin de l'Isère). Mais elles ont surtout servi ensuite de voies de passage à des langues glaciaires "diffluentes" qui se sont détachées latéralement du glacier de la Durance. En effet ce dernier a rempli le sillon de Gap et l'a affouillé pendant une bonne partie des glaciations quaternaires successives, ce qui a d'ailleurs eu pour effet de dévier le cours de la Durance vers le sud, en lui faisant d'abord emprunter le sillon de Gap puis sa gorge actuelle.
La partie sud-occidentale du sillon de Gap et le seuil de la Freissinouse vus de l'est, depuis l'aplomb de La-Bâtie-Neuve (l'hiver). En avant droit la partie sud-est de la ville de Gap, logée dans son sillon, ouvert dans la ceinture de Terres Noires qui entoure le Dôme de Remollon (les collines d'avant plan gauche sont celles de la cuesta du Bajocien, notée Baj.). Le regard plonge d'enfilade dans la vallée du Petit Buëch jusqu'à Montmaur. A gauche les pentes de la montagne de Céuse et et à droite celles de la montagne de Charance (voir schéma), dont les crêtes sont l'une et l'autre armées par la barre du Tithonique. On a indiqué (W max) le niveau maximume atteint par le glacier de la Durance (qui suivait le sillon de Gap de la droite vers la gauche) lors de la glaciation würmienne (il envoyait alors une langue vers l'ouest, à travers le seuil de la Freissinouse). On a aussi indiqué (moraine W4) la crête morainique la mieux marquée de toutes celles qui courent à flanc du sillon de Gap : celle-ci correspond à la 4° hésitation du glacier dans son retrait : chacun de ces "stades de retrait" correspond à une légére ré-avancée de la glace qui a ainsi repoussé un bourrelet de débris rocheux à sa marge. |
Effectivement le creusement des Terres Noires du sillon de Gap n'a pas été le fait d'une érosion fluviatile : il n'est d'ailleurs parcouru de nos jours que par un petit ruisseau (la Luye) qui aurait été bien incapable d'effectuer ce travail. Il a essentiellement été aménagé par le passage de la langue principale du glacier de la Durance, qui contournait par le nord, à partir de Chorges, les plus hauts reliefs du Dôme de Remollon (seule une langue secondaire parvenait à se frayer un passage par la gorge actuelle de la Durance en aval de Serre Ponçon) .
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figure plus grande
Carte des dépots quaternaires du sillon de Gap (extrait de la publication n° 046, 1969, retouché)
A = poudingues anté-wurmiens de Corréo ; B = cônes de déjections ; C = coulées et glaciers rocheux ; D = rebords d'érosion (indiqués dans quelques cas seulement, pour ne pas surcharger la figure) ; E = crêtes morainiques (leurs raccords originels probables sont indiqués par des alignements de points) ; F = principaux chenaux d'évacuation des eaux de fonte.
Les numéros désignent les stades de retrait du glacier wurmien : 0 = dépots rissiens ; 5 = "récurrence" du Würm III.
Le glacier a laissé pour traces principales ses moraines latérales, qui sont surtout conservées sur le versant nord et ouest du sillon, où le glacier s'appuyait latéralement sur une pente assez modérée pour que leur étagement soit assez espacé. Ses cordons morainiques, hauts de quelques dizaines de mètres, courent à flanc de pente avec une légère déclivité du NE vers le SW, c'est-à-dire selon le sens d'écoulement de la glace. Il déterminent du côté aval de raides ressauts et soutiennent du côté amont des replats qui correspondent à l'étalement des matériaux par les eaux de fonte qui empruntaient le "chenal marginal" entre le bedrock du versant et la moraine (voir des exemples à la page "col Bayard").
Ces cordons morainiques sont maintenant interrompus par les ravines post-glaciaires, toujours actives, qui mettent à nu et entaillent, souvent de façon abrupte et encaissée, le bedrock formé de Terres Noires. C'est tout spécialement le cas pour le torrent de Bonne, au nord de Gap, sous le seuil du col Bayard, celui de Malecombe qui descend de Charance, à l'ouest de gap, et celui de La Selle qui entaille, encore plus à l'ouest, les crêtes morainiques en contrebas du seuil de la Freissinouse.
Coupe du Dôme de Remollon selon son axe principal d'allongement (qui est celui de l'anticlinal NW-SE de Remollon). Gap se situe tout à fait à la marge des reliefs du Dôme de Remollon, là où le Jurassique moyen de la voûte de l'anticlinal de Remollon disparaît (à la charnière du pli) par enfoncement axial sous les Terres Noires. Le dispositif anticlinal qui apparaît sur la coupe est celui du pli d'axe N-S qui a replissé le tout. Pour plus de détails et pour des explications générales sur le Dôme de Remollon, voir la page "structure du Gapençais" et la publication n°113 |
Carte
schématique de l'extension des glaciers en
Gapençais au Würmien.
Carte des dépôts glaciaires en Gapençais.
en
savoir plus sur les glaciations
en Gapençais
carte géologique à 1/50.000° (*) à consulter : feuille Gap
Carte géologique simplifiée des environs de Gap
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
catalogue des autres cartes de la section Gap-Digne
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