Le Caire, rocher de la Fougère |
voir l'aperçu d'ensemble sur le Grand Vallon |
En amont de La Motte-du-Caire le torrent du Grand Vallon franchit orthogonalement la bordure tithonique du sillon des Terres Noires que forment les falaises des Rochers des Casses en rive gauche et du Grand Dévin en rive droite, cette dernière représentant la terminaison orientale de la barre qui arme la crête de la Montagne de Melve (voir la page "Melve"). Plus précisément cela se produit au plus creux du large synclinal W-E de Melve, pli qui s'intercale entre l'anticlinal des Chanderettes, en rive droite du Grand Vallon, et l'anticlinal du Jalinier, en rive gauche (voir la page "La Motte-du-Caire").
Coupe selon la rive gauche (sud-orientale) du Grand Vallon, au NE de La-Motte-du-Caire. Du fait de son orientation oblique aux plis cette coupe traverse successivement un synclinal NW-SE (celui du Caire) et un anticlinal W-E (celui du Jalinier). N.B. : La localité de La Motte-du-Caire est indiquée dans la position structurale qui est la sienne, mais elle ne se trouve pas sur le tracé exact de la coupe (lequel passe près de 2 km plus à l'est) : voir la carte schématique en fin de page. |
A/ Les abords du village du Caire :
Le village du Caire se trouve à mi-distance des deux étroitures qui affectent la partie sud-ouest du Grand Vallon et dont chacune est due au franchissement d'une barre de Tithonique transversale à la vallée. En fait ces deux barres, celle du Grand Dévin en aval et celle de La Fougère en amont, représentent respectivement les flancs SW et NE d'un synclinal du Caire, d'axe N160.
Le nom du Caire, qui a sans doute la même racine que le mot "cairn", est certainement dû au fait que le village est dominé au NE par le remarquable piton rocheux du Rocher de la Fougère qui retombe du côté opposé sur hameau de La Roche et sur lequel a été tracée la via-ferrata dite de la Grande Fistoire |
Ce synclinal du Caire est donc transverse aux plis d'axe W-E, notamment à celui des Chanderettes, qu'il intersecte à l'ouest du village du Caire : de ce fait les axes de ces plis, ainsi que leur voûte tithonique (plus ou moins dégagée par l'érosion) sont fortement basculés vers l'est. C'est pourquoi, de l'aval vers l'amont jusqu'au village du Caire, les pendages sont tous dirigés vers l'est (à des nuances d'azimut près). C'est aussi pourquoi, si l'on remonte en direction du nord le vallon de la Combe, on traverse la succession des couches de plus en plus récentes de Crétacé inférieur et pour finir on atteint la surface de chevauchement de la nappe de Digne.
La crête nord des Chanderettes, qui ferme du côté ouest la dépression du Caire, correspond à la voûte tithonique de l'anticlinal des Chanderettes, lequel s'enfonce par plongement axial sous le Crétacé inférieur de l'arête de Costaplane. Mais ces couches n'affleurent pas au delà du point coté 1522, où elle rejoint la crête de partage des eaux avec la Durance. Elles disparaissent d'abord là sous une écaille de Jurassique moyen, prolongement vraisemblable de l'écaille de Fleurans du versant nord de la montagne (voir la page "La Saulce"). Celle-ci s'intercale enfin sous le chapeau du sommet de Malaup dont le matériel est très différent puisque constitué par les couches de base de la succession triasico-jurassique qui est caractéristique de la nappe de Digne.
Ces affleurements, dont la succession se complète, dans le versant nord de cette montagne jusqu'à la vallée de la Durance, par des termes de plus en plus récents (voir la page "La Saulce") représentent en fait ceux de l'extrémité occidentale du lobe nord-occidental de cette nappe.
Le versant méridional de la montagne de Malaup, vu du SE, par dessus la crête de rive droite du vallon de Vermeil, depuis le sommet de la Postelle (l'avant-plan de ce cliché - ici supprimé - est visible à la page Vermeil). ØF = surface chevauchement de l'"écaille" de Fleurans (voir la page "La Saulce") ; ØD = surface de chevauchement de la nappe de Digne ; a.Ch = anticlinal des Chanderettes ; s.C = synclinal du Caire. |
La partie inférieure, liasique, du matériel de cette nappe est frangée par une lame triasique basale qui affleure sur la crête même qui descend depuis le sommet de Malaup vers le torrent de La Combe. Ce dernier la franchit à une distance de 1,5 km en amont du village du Caire (lieu-dit "la Pierre de Fabre") et y montre que les cargneules triasiques recouvrent l'autochtone par l'intermédiaire d'une "écaille tectonique" qui y a été traînée sous la nappe : elle comporte quelques bancs de molasses rouges oligocènes qui reposent sur une lame de Terres Noires. Il s'agit en fait de l'extrémité nord-occidentale de l'écaille de La Roche qui s'observe au hameau de ce nom dans la coupe naturelle du Grand Vallon (voir plus loin). Elle se prolonge dans le versant nord-ouest de la montagne de Malaup, où elle correspond vraisemblablement à l'écaille de Fleurans qui s'intercale de la même façon entre nappe et autochtone (voir la page "La Saulce") . |
Dans les pentes de rive gauche du vallon de La Combe on suit le tracé de la surface de chevauchement de la nappe, qui s'élève en oblique pour rejoindre la crête de La Fougère au NE de la bergerie puis s'engager sous le sommet de Piéfourchat (voir plus loin dans la présente page).
En aval de la Pierre de Fabre le thalweg de ce vallon traverse la rive droite du Grand Vallon en traversant la succession des terrains autochtones, ici d'abord formés d'Hauterivien puis, à partir du rétrécissement du Moulin par les calcaires plus massifs du Barrémien. Ceux-ci occupent le cœur du synclinal du Caire sur cette transversale et forment, au débouché du vallon de la Combe, un épaulement rocheux secondaire au pied duquel se blottit le village du Caire.
Peu au nord du village du Caire, au niveau du petit pont du Moulin , le ravin de la Combe coupe des bancs calcaires jointifs bien représentatifs du Barrémien : ceux-ci incluent en outre (à mi-hauteur de l'affleurement visible sur le cliché) un niveau de slumping*, très caractérisé par ses bancs contournés et désorganisés. |
Enfin en rive gauche du Grand Vallon ce sont les "marnes bleues" apto-albiennes qui occupent le coeur de ce pli : elles affleurent à l'extrémité NE du chaînon du Jalinier, dans les pentes septentrionales du Barrican, où elles y sont en partie masquées par des coulées de matériel ébouleux. Du nord au sud ce sont donc des terrains de plus en plus récents qui remplissent le cœur de ce pli : cela indique clairement que son axe plonge vers le sud.
B/ Le secteur du rocher de La Fougère :
Le piton de La Fougère représente l'extrémité, en rive droite, d'une crête rocheuse qui se poursuivait en rive gauche par l'arête de la Roche des Prises avant que le Grand Vallon ne s'y soit frayé un passage extrèmement rétréci. Elle est essentiellement constituée par la lame de calcaires tithoniques, redressée à la verticale, qui arme le flanc NE du synclinal du Caire.
En fait ce mur créé par l'érosion constitue une véritable barrière du point de vue structural car on pénètre, à son amont, dans le domaine des environs de Faucon dont la constitution est très différente de celle de ceux du Caire car la rive droite du Grand Vallon est essentiellement constituée par la nappe de Digne, tandis que sa rive gauche est surtout formée par des couches nummulitiques imbriquées par les écailles de Faucon. |
Cette barrière rocheuse rèvèle de multiples complications de détail qui se développent surtout sur le revers amont de la lame tithonique.
Elles consistent fondamentalement en un écaillage par des surfaces de failles compressives à pendage vers le NE. En outre le fait que ces écailles s'imbriquent sous la surface de chevauchement de la nappe de Digne suggère fortement qu'on doit les attribuer à un effet d'entraînement sous l'avancée de cette nappe.
- La rive droite (La Roche) donne une coupe orthogonale à ce débitage en lames imbriquées qui affecte le substratum de la nappe, qu'il appartienne à l'autochtone du Caire (Jurassique supérieur et Crétacé inférieur) ou au matériel constitutif des écailles de Faucon (Terres Noires et Oligocène). C'est en effet à ce dernier ensemble (plus précisément à l'écaille du Sapet) qu'il faut sans doute rattacher la masse triasique des pentes de La Roche, car elle est coiffée par un chapeau de conglomérats et molasses rouges oligocènes.
image sensible au survol et au clic |
- La rive gauche (La Gypière) montre un dispositif sensiblement différent (et plus complexe à interpréter), où les imbrications de chevauchements jouent un rôle moins prévalant. Néanmoins il est clair que c'est le matériel nummulitique du Défens qui prolonge celui de l'écaille de La Roche, puisqu'ils sont l'un comme l'autre chevauchés par les gypses rapportés à l'écaille du Sapet (voir la page "Roche Cline").
Or ces couches nummulitiques appartiennent aux affleurements, à substratum de Terres Noires considérés comme autochtones dans le vallon de Vermeil. D'autre part elles ne paraissent pas reposer ici en chevauchement sur le Tithonique vertical de la Roche des Prises. Au contraire, aux abords du col 1159 elles viennent en contact latéral avec cette barre tithonique du flanc NE du synclinal du Caire par l'intermédiaire de la faille de Vermeil (plus précisément de sa branche la plus occidentale : voir la page "Vermeil"), à l'est de laquelle cette barre tithonique ne réapparaît d'ailleurs pas. De fait cette grande cassure, qui se poursuit, plus au sud, en rive occidentale du vallon de Vermeil, a un pendage proche de la verticale et un tracé presque N-S, ce qui porte à l'interpréter comme une faille coulissante.
Vers le nord le prolongement de cette faille de Vermeil traverse à flanc les basses pentes du Défens et finit par se perdre sous les alluvions du fond du Grand vallon. Il est envisageable qu'elle s'y prolonge par la faille du Grand Vallon (voir la page "Faucon") qui sépare, immédiatement plus en amont. la nappe de son autochtone plus oriental selon un azimut très peu différent. |
La concentration d'accidents tectoniques que l'on observe autour du hameau de La Roche semble pouvoir s'expliquer par le fait que c'est un endroit particulier où le front du lobe NW de la nappe (déchiré le long de la faille du Grand Vallon) est venu s'affronter au promontoire, saillant vers le NE, que dessine sur la carte l'autochtone du secteur du Caire. |
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(crête des Selles) |
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Melve |
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