La Motte-du-Caire |
La localité de la Motte-du-Caire se situe au débouché aval du Grand Vallon, à un endroit, en aval du Caire, où cette vallée s'élargit fortement et où le torrent qui la draine a développé une petite plaine alluviale. Le lit de ses ravines affluentes est au contraire affouillé dans les Terres Noires supérieures et moyennes (Oxfordien à Callovien) dont les niveaux les plus ancien (Bathonien à Bajocien supérieur) affleurent plus largement à l'ouest, sur le plateau de Melve et dans les collines de Sigoyer.
Les environs de La-Motte-du-Caire, vus du sud, d'avion, depuis l'aplomb du Bois d'Aubert (cliché emprunté au site du Club de Vol à Voile de La-Motte-du-Caire : http://cvvmc.free.fr/). En arrière de La Motte le rebord d'érosion qui ferme la dépression de Laragne est armé par le Tithonique. Celui-ci dessine 3 anticlinaux successifs dont les axes, obliques à ce rebord, sont orientés SW-NE. a.Co = anticlinal du Colombier ; a.Ch = anticlinal des Chanderettes (voir plus de détails en fin de page) ; s.M = synclinal de Melve ; a.J = anticlinal du Jalinier ; Cr. inf. = Crétacé inférieur (Berriasien, Valanginien, Hauterivien) ; Tni = Terres Noires supérieures (Oxfordien) ; Tnm = Terres Noires moyennes (Callovien) ; Tni = Terres Noires inférieures (Bathonien). |
Les affleurements de ces niveaux, tous à prédominance marneuse, sont dominés au nord (Le Colombier, Les Chanderettes) comme au sud-est (Jalinier, Abian, Blachère) par des crêtes qui sont pratiquement couronnées par la corniche tithonique : cette dernière ceinture ainsi l'extrémité nord-orientale, saillante, de la dépression de Laragne d'une façon très comparable au rebord subalpin*. On peut la comparer plus précisément (mais avec une orientation opposée) au sillon de Gap par rapport à la marge orientale du Dévoluy méridional.
On se trouve en effet ici dans la zone de bordure orientale de l'anticlinorium* de Laragne, où les Terres Noires, portées en saillie plus à l'ouest par son faisceau de plis W-E, finissent par disparaître sous leur couverture de terrains plus calcaires du Tithonique et du Crétacé inférieur en raison du plongement vers l'est qui y affecte les axes de tous les plis de cet anticlinorium. Par ailleurs ces axes de plis subissent là (à l'est de Melve) une torsion anti-horaire qui leur confère une orientation NE-SW.
consulter la carte structurale des chaînons au NE de Sisteron.
A/ Du côté septentrional la dépression de la Motte-du-Caire est limitée par le prolongement oriental de la Montagne de Melve à l'est du sommet des Croix. Sur cette crête la barre tithonique affleure en deux points, correspondant aux endroits où elle est traversée par deux anticlinaux successifs, celui du Colombier et celui des Chanderettes. L'un comme l'autre ont leur axe orienté NE-SW, ce qui leur ne leur donne qu'une faible obliquité par rapport à la crête, simplement plus E-W. Ils montrent également un déversement vers le sud qui est caractérisé par la rupture de leur flanc sud, qui chevauche légèrement dans cette direction.
L'examen de l'anticlinal des Chanderettes peut se faire depuis les abords sud du bourg de La Motte, grâce à la coupe naturelle de ses abrupts méridionaux. Il montre que la disposition des couches y est compliquée de replis et de cassures, ce qui lui confère une forme en champignon.
Schéma de l'interprétation en "horst étranglé" (extrait de M. Gidon, n°99, 1982). |
On peut interpréter ces complications en considérant qu'elles résultent d'une déformation en deux temps : dans une première étape, extensive, deux failles parallèles ("normales") à fort pendage ont joué en délimitant un compartiment soulevé (un horst*). Plus tard, dans une étape compressive, la ce horst a été repris en formant le cœur d'un anticlinal déversé vers le sud. À cette occasion sa partie inférieure, formée par les couches aisément déformables de l'Arvovien a été serrée entre les mors formés par la barre tithonique des deux compartiments relativement abaissés : cela a produit son rétrécissement à ce niveau et, en contrepartie, l'expulsion vers le haut du "chapeau" tithonique du horst. Au total la déformation des deux failles limites de l'ancien horst aboutit à leur faire dessiner un motif en champignon dont le chapeau est formé par le Tithonique peu déformé de la partie haute du horst. |
B/ Au sud-est de La Motte, le Grand vallon change d'aspect en s'élargissant et modifiant son orientation : elle passe de NE-SW à N-S, suivant alors la combe des Terres Noires supérieures qui marque la périphérie orientale de l'anticlinorium de Laragne.
Cette disposition est sans doute due à ce que les plis de l'anticlinorium de Laragne (dont l'orientation s'est infléchie ici selon le SW-NE), interfèrent avec d'autres plis plus récents (post-oligocènes), d'axes NW-SE, ce qui les a tordus transversalement. Ce fait est particulièrement net en ce qui concerne l'anticlinal du Jalinier dont la charnière plonge tellement que les abrupts qui tombent du côté oriental de ce sommet sont constitués par de raides dalles structurales de Tithonique dont les pendages divergent de façon rayonnante vers le nord, vers l'est puis le sud-est.
La vallée de La-Motte-du-Caire et son confluent avec celle du Sasse vue du nord, depuis le sommet des Croix (crête de La Montagne). À l'arrière plan se profile la partie méridionale de l'écaille de Valavoire. La montagne de Jouère est formée par la corniche Tithonique de cette unité : elle dessine, de façon très visible sous cet angle, le bord sud de la cuvette de Reynier (dont l'intérieur apparaît comme des pentes neigeuses envahies par l'ombre, en avant des Monges). Plis presque E-W : s.M = synclinal de Melve ; a.J = anticlinal du Jalinier ; ØB = chevauchement de La Blachère. Tous ce plis ont leurs axes qui s'élèvent vers l'ouest, au flanc est du bombement N-S de l'anticlinorium de Laragne. |
Les plis que dessinent les Terres Noires aux abords aval du village et surtout le Tithonique qui arme la partie méridionale du chaînon du Jalinier (synclinal de Grand Abian et anticlinal de Petit Abian) sont assez atténués, mais ils montrent également le plongement axial vers l'est qui correspond à leur situation marginale par rapport à à l'anticlinorium de Laragne. Cette structure très simple se poursuit vers le sud jusqu'au sommet de la Blachère, à l'extrémité méridionale du chaînon, là où le ruisseau du Grand Vallon se jette dans le Sasse.
À peine en amont de ce point (au hameau de Rouast) tous ces plis sont sectionnés par un grand accident NE SW, la faille de Vermeil dont la lèvre orientale tranche en biseau la partie de la montagne de la Blachère qui tombe sur le vallon de Vermeil en dominant le village de Clamensane (voir la structure de cette montagne à la page "La Blachère").
voir l'aperçu d'ensemble sur les abords du Grand Vallon |
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cartes géologiques à 1/50.000° à consulter : feuille Seyne.
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Sigoyer |
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