Vue d'ensemble de la Vanoise |
La Vanoise (au sens large) est un vaste ensemble de nappes empilées, de différents ordres de taille, qui sont composées de roches sédimentaires mésozoïques et qui reposent sur un soubassement paléozoïque de nature différente selon les points. Cet ensemble de roches a en outre subi des déformations répétées, étagées dans le temps, dont les effets se sont superposés (voir la page "chronologie").
Pour se faire une image
que l'esprit puisse appréhender du dispositif tectonique très
complexe qui en résulte on doit donc dégager d'abord
les structures les plus vastes et les plus lisibles : elles permettent de subdiviser le massif en plusieurs ensembles majeurs (les structures plus fines, qui ne sont visibles que
par une étude locale attentive, sont étudiées à la page "tectonique").
Ces ensembles majeurs découlent de la répartition des affleurements
de terrains "anté-alpins" (d'âge paléozoïque
ou plus anciens) : ils correspondent à de gros bombements (très grossièrement anticlinaux), qui les ont portés àssez haut pour que l'érosion ait mis à nu et attaqué ces terrains anciens. Ces bombements du soubassement sont séparés par des sillons (plus ou moins synclinaux), plus étroits,
où est conservée leur couverture "alpine" (terrains d'âge triasique à tertiaire ancien) :
Carte d'ensemble, extrêmement schématique, de
la Vanoise
La Vanoise occidentale n'est qu'une portion de la zone houillère briançonnaise (teinte orangée). La Vanoise "cristalline" est représentée en rose. La distinction entre couverture sédimentaire et soubassement "anté-alpin" n'est pas faite sur cette carte.
u.M à u.pR = unités appartenant aux zones subbriançonnaise et Valaisane (frangeant la zone briançonnaise du côté ouest) On a souligné de couleur les couloirs de failles à fort pendage : f.m.T = faille de moyenne Tarentaise. ; accident de Brides - Longefoy (anciennement considéré comme chevauchement de la zone briançonnaise) ; cicatrice de Chavière - Champagny (limite orientale de la zone houillère briançonnaise). Les contours en noir sont des chevauchements ou des limites stratigraphiques (entre socle, en rouge, et couverture, en bleu)
1- La Vanoise occidentale
est une large bande de terrains grossièrement N-S qui prolonge
au nord de l'Arc la "zone houillère" briançonnaise.
De fait, un de ses traits majeurs est le fait que le soubassement
des dépôts permo-triasiques est formé d'une
énorme masse de grès, schistes et conglomérats
d'âge carbonifère (on pourrait la qualifier de Vanoise
houillère). Elle était donc préfigurée,
dès la fin du Primaire, par un profond bassin d'accumulation
de dépôts molassiques résultant de l'érosion
de la chaîne hercynienne.
Sur ce substratum l'on trouve des témoins plus ou moins discontinus, souvent isolés en buttes-témoins*, d'une couverture mésozoïque de type briançonnais, proche de celle présente plus au sud dans la région briançonnaise. Aucun témoin des nappes de schistes lustrés n'affleure dans ce
domaine, à l'exception de celui constitué par
la klippe du Mont Jovet, qui forme les crêtes au sud-ouest de La Plagne.
2- Les massifs qui sont situés plus à l'est, Vanoise proprement dite, Haute Maurienne et Haute Tarentaise, peuvent être englobés sous le qualificatif de Vanoise cristalline. En effet ils se distinguent globalement par l'absence de houiller et par la mise au jour d'un socle métamorphique (de constitution variable selon les transversales) qui supporte directement les dépôts permiens ou mésozoïques. Ils appartenaient donc à un bloc surélevé, en marge est du bassin molassique briançonnais formé à la fin de l'orogenèse hercynienne. En outre leur couverture sédimentaire briançonnaise y supporte de larges témoins des nappes de schistes lustrés piémontais, qui n'ont été que partiellement entaillés par l'érosion.
Cette Vanoise orientale est elle-même subdivisée transversalement par un accident transverse, orienté WSW-ENE, qui court depuis Pralognan jusqu'au pied nord de la Grande Casse sous l'aspect d'un sillon synclinal, le synclinorium de Pralognan. L'axe de ce pli semble trouver au delà, un prolongement représenté par un système de failles tardives, post-nappes, l'accident de Chardonnet-Rhêmes. Cette zone de fracture court depuis le haut vallon de Champagny, en traversant la haute Tarentaise, jusqu'au nord-est de Val d'Isère dans le val de Rhêmes en Italie). Elle paraît avoir fonctionné de façon relativement tardive car elle recoupe les unités imbriquées ainsi que les plis qui affectent leur empilement.--- La Vanoise sud-orientale correspond aux deux rives de l'Arc (Haute Maurienne) et aux bassins
versants de ses affluents (notamment ceux des vallons de la Leisse
et de la Rocheure, en rive droite).
Le matériel briançonnais de cet ensemble affleure
essentiellement dans la coupole oblongue, orientée N-S,
du massif de Chasseforêt - Dent Parrachée, dont le
coeur est formé de micaschistes anté-permiens (attribués
au paléozoïque inférieur, en raison de la présence
d'intrusions granitiques d'âge ordovicien).
Du côté est, ce soubassement briançonnais disparaît le plus souvent sous le matériel des nappes de schistes lustrés piémontais, dans lesquelles s'inscrit en totalité le cours supérieur de la vallée de l'Arc en amont de Termignon. Entre Termignon et Modane le lit de la rivière suit par contre la limite méridionale de la coupole de Chasseforêt, là où son matériel briançonnais plonge sous les nappes de schistes lustrés. Cette disparition du socle correspond à un grand pli NE-SW, parallèle au synclinorium de Pralognan, que l'on peut appeler le synclinorium de la haute Maurienne. Au-delà de ce synclinal le soubassement briançonnais de ces nappes réapparaît, mis à nu en fenêtres (ouvertes du côté italien), autour de Val d'Isère, au nord de Lanslevillard et à Bonneval (où le socle appartient au massif du Grand Paradis).
--- La Vanoise nord-orientale
correspond aux bassins versants du Doron de Champagny et du Ponturin
(c'est-à-dire des affluents de rive gauche de l'Isère),
avec les sommets du Mont Pourri, de Bellecôte et du Grand
Bec. D'un point de vue structural elle se poursuit, en Haute
Tarentaise, en rive droite du cours de l'Isère dans le massif d'Archeboc.
La masse principale du socle y est constituée par une succession
riche en passées volcanogènes qui comporte en outre
d'épais micaschistes sombres charbonneux. Ce dernier caractère
avait fait penser qu'il s'agissait de carbonifère métamorphique,
mais l'analyse pétrogénétique de cet ensemble
conduit plutôt à y voir du Paléozoïque
inférieur.
Par ailleurs les marges nord et est de la Vanoise cristalline (vallée de la Tarentaise) se montrent affectées de complications supplémentaires qui ont trait aux rapports de ce socle cristallin avec les terrains sédimentaires des domaines limitrophes.
--- Sur sa bordure nord-ouest, dans le haut versant de rive gauche de l'Isère en moyenne Tarentaise, le socle cristallin de cet ensemble recouvre en chevauchement le prolongement septentrional de la Vanoise houillère, par l'intermédiaire d'imbrications affectant sa couverture siliceuse et carbonatée (environs de Peisey).
--- Vers l'est et le sud-est, en haute Tarentaise (surtout en rive droite de l'Isère en aval de Val d'Isère), ce socle cristallin s'enfonce sous les nappes de schistes lustrés piémontais dans lesquelles est presque partout sculptée la crête frontière. Mais sous cette couverture tectonique il se rebrousse vers le sud-est en chevauchant ces schistes lustrés ainsi que les unités de matériel sédimentaire siliceux et carbonaté les plus internes de la zone briançonnaise, qui en constituent là le soubassement ; ces dernières représentent assez vraisemblablement le prolongement de la couverture de la coupole d'Ambin de Vanoise méridionale.
Stratigraphie
- Relief de la Vanoise Structure tectonique de la Vanoise |