Pointe de la Galoppaz, Puygros, Buffaz, Mont Céty |
La montagne de la Galoppaz (1681 m) attire l'attention depuis Chambéry par sa forme en pyramide de rochers et de prairies, qui se détache sur la crête boisée qui court depuis la Buffe, au nord, jusqu'au Pic de la Sauge, au sud. Cet aspect particulier est dû à ce que sa pyramide sommitale est formée des couches de la base de l'Urgonien (Barrémien inférieur) qui ne sont pas aussi résistantes que celles de l'Urgonien plus élevé : d'ordinaire elles forment une balme (abri sous roche) plus ou moins marquée au pied des falaises. Cela résulte de ce que la crête correspond au flanc oriental, renversé, du synclinal des Aillons et de ce que l'érosion a préservé ici une partie assez occidentale de ce flanc de pli pour que les couches à l'envers y affleurent assez (ceci y est permis par le fait que ce sommet est porté par une arête secondaire qui s'avance vers l'ouest).
Comme la succession y est renversée, les couches basales ne sont pas protégées de l'érosion par l'habituel chapeau urgonien et forment une butte coiffant la falaise. Ailleurs dans ce chaînon, comme au nord à La Buffaz (voir la page "Colombier sud)") ou au sud au Pic de la Sauge (voir la page "La Thuile"), la partie renversée du flanc de pli a le plus souvent été débarrassée de ces couches basales de l'Urgonien et elles n'affleurent que nettement en contrebas est de la crête.
La vue ci-après montre comment cette disposition est liée au déversement vers l'ouest du synclinal des Aillons. On y voit que la crête formée par le flanc oriental de ce pli se poursuit en direction du Mont Colombier. Toutefois elle semble décalée à l'endroit où elle est tranchée transversalement par la cluse d'Aillon-le-Jeune : cela correspond au fait que la crête du Colombier est au contraire formée de couches qui plongent vers l'ouest : elles appartiennent au flanc supérieur du pli anticlinal déversé dans le flanc inférieur duquel sont sculptés les deux sommets de la Galoppaz et de la Buffaz.
L'extrémité méridionale de la vallée des Aillons vue du sud, d'avion, depuis l'aplomb ouest de La Thuile. Ce cliché est pris dans l'axe du synclinal des Aillons (s.A) dont on voit les sinuosités axiales, qui sont liées aux plis obliques bien visibles sur son flanc ouest (s.M = synclinal du Margériaz ; a.Cr = anticlinal du Mont de la Croix). On remarque que le Sénonien n'existe que sur le flanc oriental du synclinal : sur son flanc ouest le Nummulitique repose directement sur l'Urgonien, du moins au nord du Mont Céty. Ceci est dû au jeu anté-Nummulitique de la faille du Mont Céty (f.C) : cette dernière, visible ici d'enfilade, ne se prolonge en effet pas en arrière-plan du Mont Céty, où elle est cachetée* par le Nummulitique du coeur du synclinal des Aillons. Le chevauchement du Margériaz (ØM)
fait avancer les calcaires du Fontanil du socle de la montagne
sur le Tertiaire
des Déserts (hors du champ de la photo, en haut à
gauche) ; f.Ch = faille des Chavonettes (décrochement sénestre décalant le tracé du chevauchement du Margériaz). |
La crête sommitale, presque E-W, et le sommet lui-même sont formés plus précisément par les gros bancs à huitres du Barrémien inférieur, que l'arête coupe en biais. Plus à l'est la crête principale de la montagne, orientée N-S, est formée par les marnes à miches de l'Hauterivien, depuis la pointe de la Petite Galoppaz (au nord) jusqu'au col de la Galoppaz (en passant par l'épaule est, où se réunissent les sentiers d'accès nord et sud).
Par contre la pyramide sommitale se situe plus à l'ouest que la crête principale car elle est portée par une crête secondaire orientée E-W, presque perpendiculaire aux couches. Le sommet de la Galoppaz lui-même est formé par les bancs les plus élevés du Barrémien inférieur (calcaires lités à joints marno-calcaires) et la falaise urgonienne se développe en contrebas ouest en formant un ressaut sur cette crête.
Cette crête transversale tombe sur le col de Combe Servenne : vue du nord dans l'axe du val* synclinal des Aillons (par exemple depuis le col des Prés), elle barre le paysage en recouvrant, dans cette partie plus méridionale du pli le vallonnement ouvert au contraire du côté nord dans l'ample inflexion synclinale qui affecte son flanc normal.
Le flanc ouest du synclinal des Aillons est d'autre part sectionné longitudinalement par une faille de type "normal", la faille du Mont Céty. Elle passe en contrebas est de ce sommet et surélève ce dernier par rapport au compartiment oriental de la cassure.
Bien visible au sud du sommet du Céty, la faille du Céty ne s'observe que jusqu'aux gorges du torrent de la Reysse : au delà, dès leur rive nord et dans les pentes bordant les alpages du col des Prés, le Nummulitique repose directement sur l'Urgonien (sans intercalation de Sénonien, à la différence de ce qui se passe dans la lèvre orientale de la cassure). Cette situation se comprend en admettant que cette faille ait fonctionné avant la sédimentation du Nummulitique : dans le compartiment occidental, le Sénonien, surélevé par le jeu de la faille, a été complètement érodé ; puis la faille n'a plus joué avant la reprise de sédimentation du Nummulitique et elle a alors été masquée (cachetée*) par le dépôt des couches de cette dernière époque.
Enfin le flanc ouest du synclinal des Aillons est tranché en oblique par la faille des Chavonettes. Du côté SE cette cassure se connecte sans la traverser à la faille du Céty; du côté NW elle sectionne la surface de cassure du chevauchement du Margériaz en lui occasionnant un décalage sénestre. ...
Carte géologique simplifiée du synclinal des Aillons au sud du col des Prés Cette carte, inédite, est basée sur les observations de l'auteur de ce site. Elle ne cherche pas à rendre compte de tous les aspects ordinairement abordés sur une carte géologique et ne figure notamment pas le quaternaire de façon exhaustive. f.Ch = faille des Chavonettes ; s.A = synclinal des Aillons ; f.C = faille du Céty et faille du Crouzat ; s.M = synclinal de Marocaz - Roc de Manette. noter la disparition latérale, d'ouest en est, de la barre des calcaires du Fontanil, due au fait que le faciès de ces derniers s'efface au sein des marnes et calcaires valanginiens.
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cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Chambéry et Albertville
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Curienne |
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