Crête des Gardioles, Le Vallon (au nord de Névache) |
Au nord de Névache, la vallée de la Clarée est séparée de la Vallée Étroite par une dorsale montagneuse composée par deux crêtes parallèles orientées N-S, celle des Gardioles à l'ouest et à l'est celle, appelée ici "Crête du Vallon" qui court de La Paria à la Grande Chalanche. Ces crêtes jumelles sont séparées par le cours du Torrent du Vallon, qui se jette dans la Clarée juste en amont de Névache. Elles appartiennent à un même ensemble tectonique, qui est celui du revers oriental du grand anticlinorium briançonnais, mais sont fort dissemblables par leur relief et dans leur constitution stratigraphique.
Seuls sont étudiés dans la présente page la montagne des Gardioles et le Vallon, qui en constitue la bordure orientale ; la crête du Vallon et sa bordure orientale, le plateau des Thures, font l'objet à eux deux d'une page spéciale.
A/ Montagne des Gardioles
La crête de la montagne et son versant occidental sont entièrement sculptés dans les formations sédimentaires houillères du coeur de l'anticlinorium briançonnais. La direction N-S de la crête est grossièrement parallèle aux axes des replis de cette grande structure tectonique et suit notamment d'assez près celui de sa charnière principale, déversée vers l'est. Le nom de cet anticlinal des Gardioles fait d'ailleurs aussi référence au sommet, situé en rive droite de la Clarée au nord du col de Granon, qui porte ce même nom).
Cette charnière majeure n'est toutefois pas spectaculairement observable et l'on ne parvient vraiment à la localiser qu'en se basant sur le fait que, selon que l'on se trouve dans l'un de ses flancs ou dans l'autre, ce sont des couches disposées à l'endroit, ou à l'envers, qui prédominent.
Coupes transversales à la haute vallée de la Clarée et à la crête des Gardioles, par R. FABRE 1982 (présentation retouchée) |
Dans les basses pentes, jusqu'aux chalets de Ricou, ainsi que sur la crête de la Cula en rive nord du vallon, ces derniers appartiennent à sa formation principale ("formation du Chardonnet", d'âge Namurien B à Westphallien A), ici pauvre en bancs volcaniques. Plus haut, depuis le Lac Laramon jusqu'au col des Gardioles les roches moutonnées du vallon du lac Serpent appartiennent à la formation inférieure, plus conglomératique, "de Cristol" (Namurien), dans laquelle est également sculptée la Crête des Gardioles.
Les alternances monotones de lits argilo-schisteux et de bancs de grès plus ou moins conglomératiques du Houiller ont un pendage d'ensemble qui est assez proche de celui des pentes des Gardioles, ce qui explique leur large surface d'affleurement sur ce versant. Mais elles montrent, dans le détail, de multiples changement d'attitude qui résultent de leur déformation en plis parasites*, greffés sur le flanc normal de l'anticlinal majeur (de la Gardiole). Les deux thalwegs du versant ouest de la crête principale, celui des Gardioles proprement dit et celui des lacs Serpent et Laramon, recoupent presque orthogonalement ces multiples plis secondaires, dont les charnières restent toutefois difficiles à observer car l'érosion ne les dissèque que rarement d'une façon favorable.
Charnière d'un anticlinal déversé vers l'est affectant un gros banc de grès à conglomérats dont le toit est dénudé par l'érosion des schistes qui l'enveloppent ; formation conglomératique inférieure. Lieu-dit "Les Gardioles", alt.2680, sur le chemin montant au Pic du Lac Blanc par son versant ouest. Noter la prédominance des schistes ("formation du Chardonnet") dans le paysage d'arrière-plan à la crête de la Cula. |
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Il est assez remarquable, par ailleurs, que l'on y observe, d'ouest en est et du bas en haut des pentes, une tendance de ces plis à être de plus en plus couchés vers l'est. Cela traduit sans doute simplement l'inflexion progressive du flanc occidental du pli majeur qu'est l'anticlinal des Gardioles.
Coupe de détail montrant la disposition des couches et le déversement des plis ("A5", "S5") qui s'accentue vers le haut du versant, par R. FABRE 1982. |
La charnière majeure de l'anticlinal de la Gardiole doit passer sensiblement le long de la crête, plutôt sur son flanc ouest car nulle part elle n'est observable aux alentours de la ligne faîtière ; quoi qu'il en soit sur le versant est de la crête, ainsi que vers le nord, au Pic du Lac Blanc, ce sont de nouveau les couches de la formation du Chardonnet qui affleurent et leurs polarités sédimentologique montrent qu'elles sont là en position de flanc inverse par rapport à ce grand pli. |
B/ Le Vallon
Du côté oriental de la crête des Gardioles le torrent du Vallon a tracé son lit en suivant la limite entre les formations siliceuses de sa rive droite (occidentale) et celles calcaréo-dolomitiques de sa rive gauche (c'est donc une "combe monoclinale"*). C'est ce que montre parfaitement la coupe naturelle de son extrémité septentrionale, au col du Vallon (vue suivante), grâce au fait que la succession clairement stratigraphique des couches y est tranchée orthogonalement par la crête secondaire, E-W, qui va des Tours du Vallon au Rocher Blanc et au Pic du Lac Blanc (voir aussi la page "Thabor sud").
On y voit cependant mal que, comme plus au nord, au Mont Thabor, les quartzites triasiques sont séparés des calcaires triasiques par une assez forte épaisseur de gypses et cargneules d'âge werfénien qui sont cachés par le cailloutis quaternaires mais affleurent largement au sud du col dans le ravin de Saume Longue (voir plus loin).
Plus à l'ouest la coupe se poursuit par la crête du Lac Blanc où l'on voit que les couches réduisent leur pendage et deviennent donc renversées de plus en plus fortement : on assiste là à leur basculement avec le flanc oriental de l'anticlinal des Gardioles, là où il s'enchaine avec le flanc ouest du synclinal du Thabor (voir la page "Thabor sud"). Mais il est notable que ce renversement ne va jamais, tout du long de ce flanc de pli, sans dépasser les 45°: ces deux plis majeurs ne doivent donc pas être qualifiés de plis couchés, mais seulement déjetés vers l'est.
Vers le sud, dès le revers du col du Vallon, l'érosion dégage ce pli plus profondément et laisse voir le dessin de la charnière synclinale : celà se manifeste par d'assez larges affleurements de gypses, ce qui est simplement dû à ce que ces derniers s'y sont accumulé par le phénomène de migration des niveaux particulièrement déformables en direction des charnières de plis (ce que l'on appelle parfois le "bourrage" des charnière).
La crête calcaire qui court parallélement au vallon et qui le sépare des pentes des Thures que draine la Vallée Étroite représente simplement la couverture calcaire mésozoïque de la retombée orientale de l'anticlinal des Gardioles.
Aux abords du confluent des ravins de Saume Longue et du Lac du Chatelard, ce sont les quartzites triasiques de la charnière synclinale qui sont dénudés : ils garnissent assez largement les pentes de la rive droite du Vallon, à la faveur de l'augmentation de leur pendage qui atteint la verticalité à mi-pente.
Plus au sud, au niveau des chalets du Vallon et de l'Aupette, les quartzites laissent réapparaître à flanc du versant une langue de schistes houillers : ceci est dû à la présence, au flanc est de ce grand anticlinal, d'un repli déversé vers l'est. Cet accident s'amplifie vers le sud au point que, plus àl'ouest dans le versant, les quartzites sont pincés en un synclinal que l'érosion a respecté et mis en saillie à la Crête de la Gueyta (voir aussi la page "Névache").
aperçu
général sur la stratigraphie du Briançonnais aperçu général sur la tectonique du Briançonnais |
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Cassille, Queyrelin |
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"Gardioles" |
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