Massif du Haut Giffre : aperçu stratigraphique



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Abréviations concernant le Haut-Giffre (autochtone subalpin) et la couverture des massifs cristallins externes :

Numm. : calcaires, marnes et grès de l'Eocène supérieur (Priabonien) [e6, e7] et de l'Oligocène [g1-2] :

f.ol. = form. olist. = formation olistolitique, correspondant à la fin de la sédimentation nummulitique (et attribuée durant longtemps à une nappe ultrahelvétique inférieure)
Nfl. = Flysch numm = Grès et schistes alternés (Flysch) du Nummulitique supérieur
Ng
= Grès du Nummulitique [eG7]
mN : marnes à globigérines et marno-calcaires nummulitiques (Priabonien)
cN (ou Nc) : calcaires nummulitiques (Priabonien) [e6].

Sén. = Sénonien (calcaires clairs) [c6-7]:

Alb = grès et calcaires glauconieux de l'Albien [n7]

U = Urg = Urgonien [n5-4] :

Us : calcaires massifs blancs de la masse supérieure de l'Urgonien [n5U]
co = c.à O. : calcaires jaunes lités, à lits marneux, des "couches à orbitolines" [n5O]
Ui : calcaires massifs blancs de la masse inférieure de l'Urgonien [n4U]
Ba i. : calcaires jaunes du Barrémien inférieur [n4a]

H : calcaires noirs siliceux de l'Hauterivien [n3]

H-V : calcaires sombres, siliceux, de l'Hauterivien-Valanginien supérieur [n3-2].

Val = marnes du Valanginien [n2]

Be : alternances de marnes et marno-calcaires du Berriasien [n1].

Ti : calcaires clairs, lités en gros bancs, du Tithonique [j6-9, j6-n1a].
Arg : calcaires plus argileux et plus lités de la base du Tithonique [j5].

T.N. , tn : Terres Noires (marnes noires à patine brune) = Bathonien - Oxfordien [j4-2, j4-1b]

Bjs : Corniche de calcaires argileux peu lités, bien datés du Bajocien supérieur [j1b].

Bjm : Bajocien supérieur marneux : Talus de marnes finement litées de calcaires argileux noirs, soulignant la base de la corniche supérieure [non distingué sur les cartes au 1/50000°]

Bji : Bajocien "inférieur" calcaréo-argileux : Épaisse alternance de lits marneux et de bancs calcaires décimétriques à mètriques (s'épaississant vers le bas) [l-j1a ; l8-j1a].

Aal : 'Lias schisteux" : Aalénien = argilites noires à nodules + Toarcien = marnes à patine mordorée [base de l-j1a, ou de l8-j1a].

Lc : Calcaires gris lités (non datés paléontologiquement).

Tr : Trias :

tSp : spilites
tD
: dolomies triasiques
tK : cargneules triasiques
tG : gypses triasiques
tQ : Quartzites triasiques

Roches sédimentaires antérieures au cycle alpin :

P : Permien (en prédominance grès et schistes pourpres à violacés

Hr : Houiller (Grès sombres et conglomérats quartzeux)


Commentaires relatifs à cette succession stratigraphique

A/ Série stratigraphique autochtone

coupes naturelles de la colonne stratigraphique : voir notamment la page Rochers des Fiz,

1 - Au Jurassique inférieur et moyen le Lias est presque totalement absent mais on peut se demander si sa disparition n'est pas d'origine tectonique (rabotage basal par charriage de la "Nappe de Morcles"). La succession mésozoïque débute en général par de minces marnes du Toarcien d'argilites aaléniennes (ces dernières, très épaisses plus au sud, se réduisent à quelques dizaines de mètres). L'essentiel de la colonne stratigraphique est constitué par une épaisse formation argilo-calcaire qui affleure sur les deux versants du chaînon du Buet depuis le col d'Anterne (et notamment dans les cirques des Fonds et du Fer à Cheval) jusqu'au Mont Ruan. Elle représente sans doute en totalité le Bajocien, qui n'y est cependant pas daté palèontologiquement.

En contrebas du talus des Terres Noires elle débute par une corniche de quelques dizaines de mètres à base assez nette, datée à son sommet par des faunes du Bajocien supérieur, qui domine une première vire de couches à prédominance schisteuse d'épaisseur comparable. Puis viennent sur plusieurs centaines de mètres des alternances calcaréo-argileuses dont la partie basse présente des lits plus épais et des gros bancs isolés résultant de remaniements syn-sédimentaires.

2 - Au Jurassique supérieur et au Crétacé la succession des couches du massif de Sixt est très proche de celle des Bauges orientales et des Bornes.

Toutefois on observe une réduction progressive de l'épaisseur de ses termes, d'ouest en est. Celle-ci est particulièrement marquée en ce qui concerne les Terres Noires qui n'occupent plus finalement que 100 à 200 m d'épaisseur au sud-est du massif de Platé.

Le Tithonique forme en général une barre unique dont la base développe un faciès plus lité de calcaires souvent noduleux connu sous le nom d'"Argovien". Le Berriasien et le Valanginien sont presque totalement marneux.

Les calcaires hauteriviens se distinguent par le fait qu'ils sont encore plus siliceux (c'est le faciès des "Kieselkalks" de Suisse) et que leur épaisseur qui se réduit à environ 200 m. Comme, de plus, ils perdent presque leur stratification, ils forment une falaise massive, à patine brune, à la base de la falaise claire de l'Urgonien.

image sensible au survol et au clic

Les abrupts de la Pointe de Ressassat (rebord oriental de la montagne du Criou)
Entre le sommet (2220) et le bas de photo à son aplomb (alt. 1600) la dénivellation est de 600 m.

Comme dans les Bornes on note la présence au sommet de l'Urgonien d'un niveau décamétrique de marnes gréseuses sombres de l'Albien. Il sert de semelle aux calcaires du Sénonien, qui sont, dès leur base, francs et disposés en bancs d'épaisseur pluri-décamétrique, de sorte que, sans ce repère, leur limite avec l'Urgonien serait souvent difficile à situer, vue à distance.

La falaise du Sénonien et la vire de l'Albien à l'est du col de Monthieu (sud de Flaine) Vue rapprochée de la vire de l'Albien, au col de Monthieu

3 - Au Tertiaire, la région fait partie du domaine franchement marin (le rivage était situé très au nord-ouest de Cluses) et la succession débute par des calcaires gréseux nummulitiques (qui recouvrent des formations saumâtres irrégulièrement réparties et minces, les couches des Diablerets).
On y voit surtout se développer, à l'Oligocène inférieur, au dessus des marnes priaboniennes (Éocène supérieur), une épaisse succession gréseuse à caractères de flysch*. Les turbidites les plus grossières sont constituées de "Grès de Taveyannaz", qui se singularisent en ceci qu'ils sont riches en fragments de roches volcaniques andésitiques (ce sont donc des "grauwackes" et ils s'opposent ainsi aux "Grès du Val d'Illiez", banals, que l'on trouve à l'ouest d'une ligne Arâches - Samoëns).



La base de la succession du flysch nummulitique
entaille de la piste de ski du vallon des Foges, à l'est du lac de Gers (station de Sixt-Morillon)
Chaque banc de grès s'est formé par décantation d'une turbidite*.

Cette sédimentation détritique relativement fine passe vers le haut à des marnes contenant des olistolites* de toutes tailles. Cette "formation olistolitique" (longtemps appelée "flysch à lentilles") a pu être considérée comme le terme basal de l'ensemble ultrahelvétique, car elle assure la transition avec l'empilement de lames véritablement tectoniques du matériel charrié de ce domaine.
C'est cet événement qui a clos l'histoire sédimentaire marine de cette région, que la mer miocène ne semble pas avoir recouvert (elle n'a laissé en tous cas aucun dépôt, ni à l'intérieur ni sur la marge même du massif de Sixt).

B/ Série stratigraphique des unités ultrahelvétiques

Elle est proche de celle de l'autochtone mais en diffère cependant par quelques traits, qui attestent de la position plus sud-orientale de la zone où ce sont déposées ces couches :
- l'érosion plus ou moins forte de la succession mésozoïque (parfois jusqu'au Lias, en Suisse, mais pas en dessous du Tithonique dans les Bornes), avant la transgression d'un flysch nummulitique (en outre ce dernier est en général pauvre en grès).
- l'absence de l'Urgonien, remplacé par des faciès calcaréo-argileux à ammonites (on était donc à cette époque au large de la plateforme carbonatée). La succession du Crétacé est monotone, sans niveaux repères, avec prédominance de calcaires argileux en petits bancs ou en plaquettes.

La Stratigraphie et la paléogéographie du domaine ultrahelvétique sont examinés à la page ultrahelvétique


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