Raz-de-Bec, Pic Ponsin, col de Rabou |
Le chaînon qui, au sud du col du Noyer, court par le Pic Ponsin jusqu'au sommet des Banards, (crête de Porel) culmine au sommet de Raz-de-Bec. Il représente le fragment le plus méridional de la longue barrière qui limite le massif du Dévoluy du côté oriental. Il est constitué par le Sénonien du flanc est du grand synclinal de Saint-Étienne-en-Dévoluy, disposé en un crêt* qui regarde vers l'est et dont les falaises dominent la vallée du Champsaur.
La régularité de ce crêt est rompue par une faille, bien visible sur son versant occidental, qui le coupe obliquement et détermine la Brèche du Pic Ponsin. Son orientation est NE-SW, comme pour les autres failles transversales des environs de Saint-Étienne, à la famille desquelles elle appartient donc vraisemblablement.
Sur la carte le rejet de cette faille du Pic Ponsin se caractérise par un décalage
sénestre des limites stratigraphiques qu'elle recoupe.
Toutefois il ne s'agit sans doute pas d'un décrochement
car son tracé se poursuit dans le versant est par une faille
inverse à vergence sud qui redouble brièvement la
barre tithonique au sud-ouest du col du Noyer et s'amortit aux
abords du col sans traverser les plis de ce secteur. |
À son extrémité sud le chaînon du Raz-de-Bec se montre affecté par le chevauchement de Porel : c'est un accident un peu étrange car il fait reposer du Crétacé moyen (marnes albo-cénomaniennes), coiffé de Sénonien, sur le Nummulitique du flanc oriental du val de Saint-Étienne. Les couches chevauchantes forment une galette presque complètement isolée par l'érosion, c'est-à-dire une petite klippe*.
La coupe naturelle de l'extrémité méridionale du chaînon que donnent les abrupts méridionaux du col de Rabou montre mieux la géométrie de ce chevauchement qui s'accompagne de crochons* ne laissant aucun doute sur le sens du mouvement.
Or cette galette de Sénonien bascule presque à l'envers et repose sur les couches nummulitiques du versant ouest de la crête par une surface qui est inclinée vers le vallon (de sorte qu'elle est disposée à la façon d'un béret posé sur le côté de la tête).
Le fait que la surface de ce chevauchement des Banards plonge vers l'ouest (vers l'intérieur du synclinal de Saint-Étienne), c'est-à-dire dans le sens de la vergence* de cet accident est, curieusement, l'inverse de la géométrie habituelle d'un chevauchement. Cette disposition implique que ce chevauchement s'était déjà formé avant qu'intervienne le plissement et qu'il a ensuite été basculé vers l'ouest avec les couches du flanc oriental du synclinal de Saint-Étienne.
On peut penser que l'effort de serrage cisaillant qui a créé le chevauchement a été induit par l'avancée des nappes de l'Embrunais. Son basculement, et le plissement N-S qui en est la cause, sont très probablement liés au soulèvement final du massif du Pelvoux (plus récent par conséquent). Il est remarquable qu'un dispositif qui semble relever de la même explication s'observe plus au nord dans les pentes orientales de la crête de Faraut (voir la page "Chauffayer") ainsi qu'à la montagne de Gicon. |
Cette interprétation s'accorde avec le fait l'on retrouve bien un chevauchement similaire, mais à pendage "normal" vers l'est, sur le versant oriental de la crête de Porel - Raz de Bec. Ce chevauchement du col de Chétive rompt l'anticlinal de Chaudun au niveau du Tithonique et des Terres Noires (voir page "Chaudun"). On peut donc penser qu'il s'agit de la même cassure, tordue de façon antiforme* (schéma interprétatif en bas de page).
Le versant est de la crête de Porel - Raz de Bec, vu des pentes nord-orientales du Pic Mélette. ØB = chevauchement principal des Banards (le tracé dans le ciel, sur la droite matérialise l'hypothèse selon laquelle il se prolonge vers l'est par le chevauchement du col de Chétive (voir page "Chaudun"), au prix d'une torsion antiforme. Øb, Øc = chevauchements satellites secondaires. DS = surface de discordance du Sénonien ; A.gr = grès verts de l'Albien supérieur ; Sé.i = Sénonien inférieur (Turonien). |
L'examen plus détaillé des excellents affleurements de ce secteur montre en outre que le chevauchement principal s'accompagne de failles inverses satellites, visibles sur les deux versants de la crête.
Coupe de l'extrémité sud-est du Dévoluy par M. GIDON (extrait de la légende de la carte au 1/50.000° Saint-Bonnet) légende des couleurs (Ø = chevauchement des Banards) |
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