Les failles du Dôme de Remollon |
Le "Dôme de Remollon" est affecté d'un réseau de failles de rejets d'importance variable. Leur analyse ne peut malheureusement guère utiliser les données que pourrait fournir l'étude fine des surfaces de fracture car ces dernières ne sont pratiquement jamais observables.
figure plus grande
Carte géologique simplifiée du Dôme
de Remollon, donnant l'inventaire de ses principales failles (du NW
vers le SE) : fF : faille des Fauvins; fRa : faille W-E de Rambaud ; fBV : faille
de la Bâtie-Vieille ; fG : faille des Guérins
; fBN : faille de la Bâtie-Neuve ; fRe : faille
de Remollon ; f.T = faille de Théus ; fM : failles du Merdaret ; fV : faille
de la Viste ; f.rC = faille du Rocher Chabrand ; fCh : faille de Chorges (ces abréviations sont celles utilisées sur les autres figures).
version plus grande de cette image
Deux coupes au travers du Dôme de Remollon
A / dans sa partie septentrionale, entre Gap et Serre Ponçon ; B/ au sud, le long du cours de la Durance.
Le Dôme de Remollon est fondamentalement constitué (comme l'indique
l'orientation de sa schistosité) par un pli d'axe NW-SE, l'anticlinal occidental de Remollon, dont l'axe passe par Le Laus et par Gap et plonge de plus en plus vers le NW.
Ce plongement est dû à ce que ce pli a été déformé ultérieurement par un autre anticlinal, N-S celui-là, l'anticlinal oriental, d'Espinasses, dont l'axe passe à peu près par La Bâtie-Neuve. Ce dernier est le seul qui soit visible sur les coupes ci-dessus, du fait de leur orientation presque axiale (surtout pour la coupe A) par rapport à l'anticlinal occidental de Remollon.
(pour plus de détail se reporter aux publications n° 113 et 183)
f.R = faille de Remollon ; f.T = faille de Théus ; f.V = faille de la Viste
; f.C = faille de Chorges (toutes ces failles majeures
sont extensives, avec un compartiment oriental abaissé) ; f.T = faille de Théus (cette faille, également extensive, appartient à la famille conjuguée* par rapport aux précédentes).
Un des aspects frappants du réseau de fractures du Dôme de Remollon est la concentration relative des failles au voisinage du sommet de la voûte du Dôme, aux abords septentrionaux de Remollon. Cette particularité pourrait inciter à envisager une origine par intumescence et distension à l'extrados que suggère également la disposition d'aspect quelque peu rayonnante des cassures. Cette interprétation supposerait que fracturation et voussure soient congénères et, d'autre part, que le dôme se soit formé en dehors de toute compression tangentielle. Mais la géométrie du réseau apparaît, à l'analyse, relever plus de l'intersection d'un nombre limité de familles de cassures que d'une disposition rayonnante de celles-ci. L'interprétation d'un ''éclatement'' de la voûte du dôme est donc difficile à retenir comme unique explication de cette fracturation.
En fait, la répartition des failles n'est pas quelconque ; elle fait apparaître une abondance, plus ou moins grande selon les secteurs, de fractures appartenant à un nombre limité de directions prédominantes (voir la carte ) :
- à l'W, entre Remollon et Tallard, les failles sont rares et/ou peu importantes ; presque toutes sont sub-méridiennes ;
- au NE de Remollon, entre Chorges et Serre-Ponçon, il y a une nette prédominance d'une famille orientée N 160 à N 170 ;
- au SE de Remollon et au S de la vallée de la Durance, le faisceau de fractures est au contraire orienté N 20 - N 30 et les failles N 160 disparaissent ;
- au N de Remollon, dans une bande s'étendant jusqu'à Rambaud et la Bâtie-Neuve et englobant la vallée de l'Avance, l'intersection de plusieurs familles est bien caractérisée. On y observe des failles des deux familles précédentes. La famille N 160 est surtout représentée par une grande cassure passant à l'W de Remollon et de Notre-Dame-du-Laus, qui peut être appelée "faille de Remollon". La famille N 30 est principalement représentée, quant à elle, par la grande faille de la Bâtie-Neuve. En outre un grand nombre de failles de direction N 50 à N 65 caractérisent ce secteur.
En définitive, trois directions de fractures, inégalement représentées, se combinent dans ce réseau : en schématisant, on peut les désigner comme les directions N 160, N 30 et N 60
Comme il a été dit plus haut, les rapports entre les failles des trois familles dénombrées ne sont que rarement de véritables entrecroisements. Même dans ce cas, ils témoignent alors, par la dissemblance des compartiments délimités, non pas d'un décalage de fractures d'une première génération par celles de la suivante, mais du jeu connexe de failles obliques les unes aux autres. L'assemblage de ces cassures délimite, dans la zone située au N de Remollon, un certain nombre de dispositifs d'effondrement ("grabens") ou de soulèvement ("horsts"). Ce sont, du N au S :
- le graben triangulaire de la vallée de l'Avance, souligné actuellement par un golfe cartographique de Terres noires qui s'avance vers le SW depuis le sillon de Gap ;
- le horst de Trias de Notre-Dame-du-Laus, dont la montée diapirique actuelle ne fait guère de doute, compte tenu du bombement topographique qui lui correspond ;
- le graben de Saint-Etienne-le-Laus, également triangulaire, où l'Aalénien supérieur et le Bajocien sont encastrés dans du Trias ;
- le horst de la chapelle des Fours (près du hameau de Chaussetive) qui le borde du côté SE et fait affleurer le Trias et même un peu de micaschistes ;
- le graben allongé N-S, à remplissage de Toarcien, qui borde la faille de Remollon du côté W ;
- un petit graben triangulaire ouvert au NE de Remollon, dont le remplissage toarcien s'appuie au NW contre du Lias calcaire et au S contre du Trias.
Ce chapelet de dispositifs élémentaires s'aligne selon une direction sensiblement NNE-SSW,ce qui suggère le passage d'une zone de dislocation d'ordre supérieur. Il convient de souligner combien elle se dispose obliquement par rapport à l'axe de plissement synschisteux du dôme de Remollon et combien l'orientation des fractures élémentaires correspond peu à celle des dièdres conjugués que l'on s'attendrait à voir se dessiner si ces failles étaient congénères du plissement dans un simple schéma de compression. Les jeux de cassures de cette bande disloquée et le chapelet de compartiments distensifs qui s'ouvrent de leur fait évoquent par contre tout à fait le motif structural des ouvertures en "pull-apart" occasionnés par l'entrecroisement des fractures de divers types dans une zone de cisaillement (motif de Riedel). De fait, les failles N 60 et N 30 peuvent être assimilées respectivement aux failles T et R d'un tel schéma dans un système où la direction de cisaillement serait N 15 (fig. ci-après). En ce cas, les failles N 160 qui connectent le· dispositifs extensifs peuvent sans problème être assimilées a leur tour aux failles P qui viennent anastomoser entre elles les fractures plus précocement apparues, dans les dispositifs de Riedel évolués. Ce schéma d'interprétation est donc très séduisant.
Essai d'interprétation de la fracturation du Dôme
de Remollon aux abords de cette localité et dans la vallée de l'Avance.
Schéma cartographique montrant comment le réseau
de failles peut se comprendre en termes de "pull-apart"*
B : schéma théorique des relations probables entre les 3 familles de failles, dans le cadre du modèle structural de Riedel, montrant les deux motifs principaux donnant lieu à des ouvertures en pull-apart (associations R/T et P/R).
C : combinaison de plusieurs motifs d'association, dans le cadre du modèle de Riedel, à partir d'une fracturation antérieure : formation d'une zone en pull-apart composite, ayant un dessin comparable a celui de la vallée de l'Avance (comparer avec la carte A).
(pour plus de développements se reporter à la publication n° 113, consacrée à ce sujet)
voir aussi le schéma
interprétatif de la cinématique de la nappe de Digne .