Tsanteleina, Pointe de Bazel |
Vue de l'ouest dans l'enfilade du vallon de la Sassière la montagne de la Tsanteleina se fait remarquer par son élégante pyramide. Cet aspect résulte de ce qu'elle est le point de confluence de trois arêtes dont celle du côté gauche (septentrionale) est suivie par la frontière franco-italienne alors que celle du côté droit (occidentale), qui rejoint le col de la Bailletta (voir la page "Franchet") sépare ce vallon de celui des sources de l'Isère.
Cette puissante masse rocheuse se singularise par le fait qu'elle est presque uniquement formée de brèches fort épaisses et parfois à très gros éléments (= méga-brèches*). La majeure partie est d'âge crétacé supérieur, comme l'indique leur ciment de Marbres Chloriteux qui y sont d’ailleurs localement datés par des micro-faunes de cet âge. Elles reposent sur des marbres gris ou des schistes noirs, sans doute d'âge jurassique supérieur, qui hébergent également des niveaux plus ou moins riches en brèches et/ou microbrèches.
Du côté septentrional ce sont les méga-brèches néo-crétacées qui affleurent jusqu'au vallon qui descend depuis le Col de Rhêmes - Golette vers le Lac de la Sassière. Le fond de ce vallon, orienté NE-SW, est jalonné par de petits affleurements de cargneules et de dolomies triasiques. Son versant opposé est au contraire constitué par les schistes lustrés qui forment la partie inférieur des abrupts de la Grande Sassière (au col de Rhêmes-Golette ces schistes lustrés supportent en outre, par l'intermédiaire d'un coussinet de brèches, la klippe de socle cristallin de la Pointe de la Traversière). Il est donc clairement déterminé par une cassure, à pendage sans doute proche de la verticale, la faille du Lac de la Sassière.
Cette cassure est dénommée "faille de
Rhêmes - Chardonnet" sur la carte géologique, mais ce choix manque de pertinence car la grande continuité E-W qu'il suppose n'est pas évidente et surtout parce que son tracé ne passe ni la localité de Rhêmes du côté oriental ni au sommet du Chardonnet du côté occidental. |
Le versant nord-ouest de la montagne de la Tsanteleina. entre le col de Rhêmes - Golette et celui de la Bailletta montre seulement que ces couches de brèches sont affectées de deux replis de taille hectométrique que ce versant coupe presque orthogonalement car leurs axes sont orientés NW-SE (c'est-à-dire selon une direction plutôt transversale à l'ensemble du chaînon de rive droite du cours tout-à-fait amont de l'Isère).
Aux abords du col de la Bailletta plusieurs cassures, injectées de cargneules que bordent par place un peu de dolomies triasiques, fragmentent la masse des brèches : ceci indique que l'on doit être proche de la surface basale de l'unité tectonique à laquelle elles appartiennent. De fait, peu à l'ouest de ce col, à la Pointe de la Bailletta, c'est également par l'intermédiaire d'une lame de cargneules que les brèches reposent sur les marbres chloriteux du sommet la série briançonnaise réduite de l'unité du Franchet (voir la page "Franchet").
Dans le versant méridional de la montagne les affleurements les plus occidentaux de ces brèches se prolongent vers l'ouest en contrebas de la Pointe de la Bailletta, jusqu'à s'y pincer dans le synclinal des Grands Pares, qui s'y intercale entre les deux charnières anticlinales, d'axes SW-NE, de la Bailletta et du Fornet. Il est donc clair que l'unité de la Tsanteleina enveloppe de toutes parts l'unité du Franchet par l'intermédiaire d'une surface de charriage que les déformations post-charriage ont ployée en un antiforme qui s'enfonce vers l'est dans la montagne. Par contre ses affleurements disparaissent totalement dans la partie inférieure du versant (voir la page "Fornet") où l'on n'en trouve plus trace sous les quartzites du flanc inverse de l'anticlinal du Fornet.
D'autre part, dans ce même versant, la position structurale des brèches de la Tsanteleina par rapport avec les unités qui affleurent plus à l'est en rive droite du cours supérieur de l'Isère est mise en évidence grâce à la profondeur atteinte par la coupe naturelle que donne la vallée de cette rivière en amont du Pont Saint-Charles, notamment dans les gorges du Malpasset (voir les pages "Fornet" et "Galise").
On voit dans cette partie inférieure de la coupe que les brèches de la Tsanteleina reposent directement sur un soubassement de dolomies noriennes (= du Trias supérieur) qui constituent la barre rocheuse très régulière des Rochers du Charbon : cette dernière a donc été considérée de façon très générale (notamment sur la carte à 1/50.000°) comme leur soubassement stratigraphique de l'unité de la Tsanteleina (cette conclusion a, de ce fait, été admise dans tous les schémas de comparaison des colonnes stratigraphiques).
Toutefois cette interprétation se révèle contradictoire avec le fait qu'à la base de leurs abrupts ces dolomies noriennes reposent de façon stratigraphique sur un Jurassique réduit qui repose à son tour sur des marbres chloriteux peu pourvus de brèches. Elles appartiennent donc à une succession indubitablement renversée. Cette antinomie ne peut être résolue qu'en admettant que cette barre norienne, contrairement à ce que suggère son aspect, serait constituée par les deux flancs d'un pli couché isoclinal. Bien que ce ne soit en outre guère compatible avec les caractéristiques mécaniques de son matériau constitutif c'est ce qui a été tacitement admis par les auteurs ...
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En définitive apparaît que c'est plus vraisemblablement par un contact tectonique renversé, méritant le nom de chevauchement de Bazel, que les brèches de la Tsanteleina reposent sur les dolomies noriennes et que ces dernières appartiennent selon toute vraisemblance à une "unité de Bazel" dotée d'un caractère briançonnais très accusé.
Néanmoins, afin de garder la cohérence avec les publications antérieures et notamment avec la carte géologique du BRGM, il a été choisi de ne pas prendre en compte cette conclusion dans les annotations des figures de "geol-alp".
Quoi qu'il en soit l'unité structurale de la Tsanteleina n'appartient pas au domaine dit piémontais : elle en est au moins séparée par l'unité de Bazel qui s'imbrique sur l'unité du Malpasset. Cette dernière, qui affleure en contrebas sud-oriental des abrupts de Bazel et qui est également disposée en position renversée, représente bien ce dernier domaine par la présence d'un pincement synclinal de Lias calcaréo-argileux.
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Franchet |
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