Les failles de compression |
On appelle traditionnellement "failles inverses" des cassures "compressives", c'est-à-dire qui réalisent
un raccourcissement dans le plan horizontal : elles le font en amenant en superposition l'un sur l'autre
deux panneaux initialement contigus d'une même tranche de
couches (on dit donc qu'il y a "chevauchement" des deux
compartiments).
En Chartreuse, comme presque partout dans le reste des Alpes,
le sens du glissement de la tranche supérieure par rapport
à l'inférieure (la "vergence" du
chevauchement) est très généralement en direction
de l'ouest (c'est le même sens que celui du déversement
des plis).
Le plus souvent ces surfaces de fracture ne se voient guère
sur le terrain, sans une analyse précise, sauf dans les
falaises ou les carrières, car le décalage qu'elles introduisent n'apparaît que sur une section verticale, perpendiculaire aux couches.
Un bel exemple de faille inverse est celui de la faille du Pas Guiguet, dont la falaise, côté Grésivaudan, de la corniche tithonique du Saint-Eynard donne une coupe naturelle. Le flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux montre également une faille de ce type.
Le sentier du pas Guiguet suit une vire qui s'élève
de droite à gauche le long d'une cassure, indiquée
par des tirets gras, noirs et blancs. Elle remonte le compartiment
droit (supérieur) et le décale vers la gauche (se
repérer sur le niveau massif moyen de la falaise, dont
le sommet est souligné par des tirets rouges et la base
par des tirets bleus).
Les surfaces de fracture des failles inverses sont peu obliques aux strates et donc, en général, relativement peu inclinées. En outre, au delà des zones, ou "rampes", où elles tranchent obliquement les couches (et correspondent aux failles proprement dites), les failles inverses passent souvent, dans les niveaux moins cassants, à des surfaces de glissement presque parallèles aux strates, appelées "paliers" de chevauchement
image sensible au survol et au clic
Failles inverses conjuguées
Front de taille méridional de la carrière de La
Buisse en 1973 (calcaires à lits de marnes vertes du Purbeckien)
On a souligné certains bancs
(nommés arbitrairement de A à D) pour mieux apprécier
les rejets de ces cassures : le rejet de f.d1 est de loin
le plus important (environ 4 m de rejet stratigraphique (perpendiculaire
aux couches), ici vertical, environ 20 m de rejet horizontal et
à peine plus de rejet le long de la surface de cassure).
f.d1 et f.d2 = failles à vergence* vers la
droite (ouest) ; f.g = faille à vergence vers la
gauche (est). f.d1 et f.g convergent dans une zone
broyé située au bord gauche du cliché ; f.g ne présente pas de véritable palier mais une rampe très
accusée, en pied d'escarpement, qui se met presque dans
le prolongement d'une petite faille normale (d'origine indéterminée).
Le long des rampes il est assez fréquent que l'un des compartiments, voire les deux, soit affecté d'un rebroussement des couches : ces plis, dus à la résistance au mouvement par friction sur le plan de faille, sont appelés "crochons". Le sens du rebroussement des couches indique évidemment le sens du mouvement.
Lorsque plusieurs chevauchements parallèles amènent des tranches de roche relativement minces à se recouvrir successivement les unes les autres on parle d'imbrications ou d'écailles (surtout si cela a lieu de façon répétitive).
NB 1 : on parle de "nappe de charriage lorsque l'ampleur du mouvement (la "flèche") d'un chevauchement est importante, de l'ordre de plusieurs kilomètres au moins (il n'y en a pas en Chartreuse...).
NB 2 : Les chevauchements peuvent s'associer dans leur
fonctionnement avec d'autres structures notamment des plis (en
particulier dans le cas des "pli-failles")
qui résultent, comme les chevauchements par failles inverses, d'une compression
horizontale.
Ils peuvent aussi se combiner avec des décrochements, qui
sont dits alors "rampes
latérales" du chevauchement. Ces failles coulissantes
fonctionnent avec eux un peu comme le fait le flanc d'un tiroir
que l'on tire, dont le fond joue horizontalement à la façon
d'un chevauchement.
Par l'intermédiaire des rampes latérales
le mouvement de chevauchement est transféré d'une
ligne de chevauchement à une autre (en retrait ou plus
avancée), voir même absorbé (ce dernier cas
est un mode de terminaison fréquent pour un chevauchement).
Le rôle des rampes latérales est donc celui de "failles
transformantes", comparables à celles qui décalent
le tracé des dorsales océaniques.
voir aussi : la notion de faille , celle de chevauchement et les agencements de failles.