Les plis-failles

leur place en Chartreuse
(voir le schéma général comparatif des structures compressives)

Dans le massif de la Chartreuse, les trois accidents majeurs qui découpent en long le massif, donnent lieu à d'importants phénomènes de chevauchement. Mais ce sont en fait des plis associés à des failles compressives, donc des "plis-failles", c'est à dire des plis déversés dont le flanc court est rompu. Cette rupture des flancs courts résulte du déversement du pli, qui soumet ces flancs à un étirement, du fait que le pli anticlinal, supérieur, avance par rapport au synclinal sur lequel il se déverse.

Les trois chevauchements majeurs (de la Chartreuse occidentale, de la Chartreuse médiane et de la Chartreuse orientale) présentent une ampleur de déplacement de leur partie chevauchante (une "flèche") qui est de quelques kilomètres. Si elle était plus grande (excédant 5 km) on parlerait alors de "nappe de charriage" ; mais on n'atteint pas de telles "flèches" de chevauchement en Chartreuse (elles sont l'apanage des zones alpines "internes", plus orientales). Du fait que les flancs ouest de ces anticlinaux majeurs ont été remplacés par des zones d'étirement. il y a une grande différence de largeur d'affleurement entre les flancs orientaux de ces plis (à pendage est), qui sont longs car bien conservés, et leurs flancs occidentaux (à pendage proche de la verticale, voire renversés), qui sont courts car très amincis par l'étirement.

Les gorges du Cozon, au nord de Saint-Pierre-d'Entremont donnent un exemple assez schématique de cette géométrie. Ces gorges traversent le coeur, formé de Tithonique, du pli-faille frontal du chevauchement de la Chartreuse orientale (photo ci-après).


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Le pli-faille frontal de la Chartreuse orientale dans les gorges du Cozon
vu des pentes dominant Saint-Pierre-d'Entremont du côté est (col du Mollard de la Croix)

Remarquer le très faible espace compris entre les affleurements de Sénonien à gauche (flanc oriental de l'anticlinal médian) et le coeur de Tithonique du pli-faille (anticlinal de l'Écoutoux).
En arrière-plan se développent les reliefs mous de la dépression des Entremonts, où se développe toute la succession stratigraphique (et notamment les épaisses couches à prédominance marneuse du Berriasien) de la Chartreuse orientale, épaisse de plus de 1000 m entre Tithonique et Urgonien.
Ø3 = surface du chevauchement de la Chartreuse orientale ; s.G = synclinal des Gandy ; a.E = anticlinal de l'Écoutoux.


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schéma interprétatif
La zone d'étirement est comprise entre les deux failles Ø'' et Ø3 (voir ci-après pour l'analyse de ce type de zone)
pour plus de détails voir la page Les Gandy

Analyse plus détaillée des zones d'étirement des pli-failles :

Les failles de chevauchement qui sont tracées sur les cartes schématiques sont en fait constituées par ces zones d'étirement, souvent complexes dans le détail, dont l'épaisseur est décamétrique à hectométrique.

image sensible au survol et au clic

Le front du pli-faille de la Chartreuse médiane sous la crête de Thivelet
vue du sud, depuis la rive gauche du Guiers Vif (Le Planay)
L'interprétation géologique est réduite à l'essentiel : voir le schéma ci-après pour plus de détails
N.B. : C'est un effet de perspective qui donne l'impression (erronée) que la surface de chevauchement est pentée à moins de 45° (elle est inclinée plus fortement).


En Chartreuse il s'avère en outre que l'étirement n'affecte pas la zone concernée de façon homogène mais qu'il est intervenu par le jeu de multiples fractures (il est "discontinu").

Le chevauchement de la Chartreuse médiane dans la vallée du Guiers Vif en donne un bon exemple. Son analyse montre que la zone d'étirement consiste en un couloir de failles délimité par des plans de cassure majeurs, presque parallèles. Entre les plans de cassure limitant ce couloir des plans de cassure secondaires (failles "de Riedel") se disposent en oblique, à angle aigu :


Coupe de la crête de Thivelet, à l'ouest de Corbel.
Cette coupe, parallèle à la vallée du Guiers Vif, a été dessinée en tenant compte des observations que l'on peut faire en rive droite (nord) de cette dernière)
Elles montrent que le chevauchement de la Chartreuse médiane (sur la Chartreuse occidentale) n'est pas une surface de cassure unique, mais une bande de terrain cisaillée, épaisse de quelques centaines de mètres, que limitent deux failles à pendage assez fort : une faille orientale (Ø2E), qui sectionne la succession du Berriasien - Valanginien et une cassure occidentale (Ø2W), sensiblement parallèle, qui met en contact cette zone broyée avec la molasse miocène.
La bande de terrain intermédiaire, flanc ouest de l'anticlinal de la Chartreuse médiane, est hachée par des failles secondaires R ("de Riedel"), disposées en échelons obliques.
On trouvera une analyse plus détaillée d'une partie de ce secteur à la page Corbel.


Autres exemples décrits dans ce site :

- Un bel exemple d'étirement par tronçonnement du flanc inverse d'un pli-faille est fourni par les affleurements du versant ouest du sommet du Grand Som, mais son observation sur le terrain est malheureusement peu aisée.

- Une zone d'étirement de flanc inverse de pli-faille, particulièrement accessible, est observable à l'échelle de l'affleurement le long de la route sylvo-pastorale du Charmant Som.

- Enfin un pli-faille miniature (de taille décamétrique) s'observe dans les gorges du Guiers Mort, dans l'entaille de la route, quelques dizaines de mètres en aval du Pont Saint-Pierre.


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