Les décrochements |
Ce sont, à la différence des autres types de failles, des déchirures le long desquelles les mouvements étaient des coulissements horizontaux (ou ne comportaient qu'un décalage vertical faible en regard du décalage horizontal).
Le mouvement est de sens dextre (ou "horaire") si le pivotement que subirait un objet pris dans le plan de cassure se fait, vu de dessus, dans le sens des aiguilles d'une montre (dit aussi sens "horaire") ; il est dit sénestre (ou "anti-horaire") dans le cas contraire
Les surfaces de cassures des failles de décrochement sont à peu près verticales. Leurs miroirs sont porteurs de stries ou cannelures horizontales (ce qui ne se voit que sur les vues rapprochées).
Sous cet angle la faille est vue d'enfilade, ce qui
ne permet pas d'apprécier la valeur du décalage
horizontal (le compartiment droit se déplace relativement
vers l'avant). Par contre cela met en évidence l'attitude
très verticale du plan de cassure. |
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En Chartreuse les failles de décrochement sont presque toujours orientées NE-SW et le déplacement relatif des compartiments est alors dextre (c'est à dire que le compartiment SE est décalé vers le sud-ouest par rapport au compartiment NW). Pour chaque faille le déplacement approche de 3 km à la marge est du massif. Il décroît vers l'ouest, en même temps que le décalage total se "dilue" entre un nombre plus grand de fractures moins importantes, de sorte qu'aucun décrochement ne franchit le chevauchement le plus occidental.
Les traits blancs représentent les quatre tronçons
successifs du synclinal oriental de la Chartreuse. Ils sont décalés
dans le sens dextre par trois décrochements majeurs : d.A = décrochement de l'Alpette ; d.CA = décrochement
du col de l'Alpe ; d.B = décrochement de Bellefond.
On distingue aussi, à l'avant gauche, l'extrémité
du décrochement secondaire des Pinchérins, qui traverse
le plateau du Granier. |
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La grande importance des décrochements, tant par leur nombre que par l'ampleur du décalage des plis qu'ils introduisent, est peut-être la singularité la plus marquante de la Chartreuse par rapport aux autres massifs subalpins, notamment à ses plus proches voisins, les Bauges et le Vercors.
L'existence de ces cassures montre que l'écrasement transversal du massif était compensé non seulement par un déplacement de matière vers le haut (plis et chevauchements) mais aussi, en partie, par un étirement horizontal N-S. Ce dernier est certainement en relation avec l'allongement généralisé de la chaîne qu'implique la courbure en arc de la chaîne alpine, et plus précisément avec le coude accentué dessiné par cet arc au niveau de Grenoble.
A propos des décrochements il faut parler de deux types de cassures qui en sont de proches parentes : Les "failles de déchirure" sont des cassures coulissantes qui désolidarisent deux compartiment en cours de déformation, leur permettant de subir des déformations indépendantes, différentes dans leur dessin et dans leur ampleur (par exemple des plis plus ou moins serrés). Ces failles diffèrent en cela des véritables décrochements, qui tranchent et décalent des structures préformées (c'est même ce décalage qui permet les mettre en évidence) : ici il n'y a pas décalage mais dissemblance des structures de part et d'autre de la faille. Les "rampes latérales",
qui affectent certains chevauchements, sont des failles de coulissement
le long desquelles l'un des compartiments de la tranche chevauchante
avance plus que l'autre, à la façon de deux tiroirs
situés côte à côte dont on aurait tiré
en avant l'un plus que l'autre. Par l'intermédiaire des
rampes latérales le mouvement de chevauchement est transféré
d'une ligne de chevauchement à une autre (en retrait ou
plus avancée). |
On constate souvent que les décrochements s'accompagnent de déformations par serrage qui se manifestent autour et au voisinage de la surface de fracture. Lorsque la part de ces effets de serrage est importante on parle de "décro-chevauchement" et l'on dit que la faille a joué en "trans-pression" (c'est même fréquent, en raison du fait que ces surfaces de cassures sont disposées obliquement par rapport à la direction de raccourcissement qui leur correspond). C'est en particulier le cas, en Chartreuse et en Vercors, en ce qui concerne la "faille de Voreppe".
On peut également observer des cas de jeu décrochant en "trans-tension", mais c'est plus exceptionnel.
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