Mont Clergeon, Serrières, Chindrieux |
C'est peu au nord de la latitude de Serrières que le mont* anticlinal du chaînon du Gros Foug - Corsuet atteint son altitude maximale, qui dépasse 1000 m. Cela coïncide avec une culmination de l'axe de l'anticlinal du Gros Foug, dont le gain en altitude est encore plus important. Il en résulte que c'est ici que l'érosion a le plus profondément décapé la voûte du pli, ce qui se traduit par le fait que la carapace d'Urgonien n'est plus conservée que sur les flancs ouest et est du chaînon et que le sommet de la montagne est constitué par la dalle sommitale des calcaires massifs, récifaux, du Kimméridgien supérieur.
Au niveau de cette culmination la dalle sommitale des calcaires kimméridgiens se montre affectée de profondes crevasses ; certaines se sont clairement ouvertes par le détachement de blocs effondrés au flanc ouest de la montagne et sont donc dues à l'érosion : d'autres, plus énigmatiques, paraissent être d'origine tectonique et correspondre à une extension longitudinale du chaînon, associée à un petit affaissement du compartiment septentrional.
Ces affleurements ont été signalés et décrits par Paul GIDON. Ce dernier auteur tirait, de l'analyse de la forme des blocs isolés par les cassures, la conclusion que le calcaire massif s'y était déformé plastiquement sous son propre poids (c'est toutefois là une appréciation qu'il paraît difficile de contrôler par des méthodes rigoureuses). |
Les crevasses du versant ouest du sommet du Gros Foug (depuis le sommet du Grand Colombier) Sur ce cliché de détail on voit plus clairement le tracé et les rejets des cassures : - ouverture d'une crevasse comblée d'éboulis à droite (tassement superficiel) ; - découpage en blocs, simplement dénivelés, à gauche (jeu d'une faille tranchant verticalement la montagne). Les failles "d'extension"dont le tracé est incliné vers la gauche peuvent être considérées comme des cassures secondaires de la faille principale, laquelle est pratiquement orthogonale à l'allongement de la montagne et affaisse sa partie gauche (septentrionale). |
Il est à remarquer que ces accidents sont d'une part très localisés et d'autre part d'âge quaternaire, puisqu'ils affectent la surface topographique du chaînon. On peut donc se demander s'ils ne pourraient pas être dus à la poursuite, sub-actuelle, d'un phénomène occasionnant le soulèvement de la voûte anticlinale du chaînon à cette latitude (la formation de ces crevasses pourrait en ce cas avoir été liée à une éventuelle sismicité historique qu'il serait intéressant de rechercher ...). |
Dès la latitude de Ruffieux la crête, dénommée alors Mont Clergeon, recommence à posséder un chapeau de Crétacé inférieur, bien que son altitude ne se soit pas accrue : cela traduit le fait qu'à cet endroit s'amorce le plongement d'axe du pli vers le sud qui va se poursuivre jusqu'à La Chambotte (et qui est symétrique de celui qui se manifestait vers le nord à la latitude de Seyssel).
Une autre petite complication structurale est introduite au niveau du Mont Clergeon par le fait que la voûte anticlinale tend à s'y aplatir passagèrement, ce qui occasionne un élargissement de la zone culminante du mont anticlinal au nord du col du Sapenay. Cela se traduit par une très grande largeur d'affleurement de la dalle structurale des marbres bâtards, sur laquelle sont tracés les lacets de la route qui monte depuis Ruffieux vers le col du Sapenay (celle menant, plus au nord, au sommet du mont Clergeon suit au contraire la combe hauterivienne, au revers de l'Urgonien du flanc ouest du pli).
Au sud de Groisin (hameau le plus méridional de Chindrieux) jusqu'à La Chambotte, le versant
occidental de la montagne se singularise par l'absence de tout affleurement appartenant au flanc ouest de l'anticlinal du Gros Foug : ceux-ci ont en effet été enlevés par l'érosion glaciaire qui
a excavé la cuvette du lac.
En revanche l'érosion a respecté, au même niveau, les couches d'âge crétacé qui forment le Rocher de Châtillon (lequel devait constituer une sorte de "nunatak" sous le glacier). Or le pendage (d'ailleurs modeste) de ces couches est dirigé vers l'est : cette butte représente donc un fragment du flanc occidental d'un étroit repli synclinal de Châtillon succédant vers l'ouest à l'anticlinal du Gros Foug.
La présence de ce flanc de pli démontre que le grand synclinal du Lac du Bourget doit être affecté, immédiatement plus à l'ouest, par un dispositif tectonique provoquant le redoublement de la succession du crétacé inférieur entre Châtillon et Portout, où le flanc oriental de l'anticlinal du Mont du Chat plonge sous les eaux : il peut s'agir aussi bien d'une faille de chevauchement que d'une succession de deux replis, un "anticlinal de Châtillon" suivi d'un "synclinal du Bourget occidental". C'est cette dernière hypothèse que suggère l'ébauche de charnière anticlinale que l'on observe dans les marbres bâtards de l'extrémité nord-ouest des affleurements de Châtillon (mais ce peut n'être qu'un crochon* de chevauchement). Quoi qu'il en soit, ces accidents restent hypothétiques puisqu'ils sont masqués sous les eaux et, plus au nord, sous les alluvions lacustres ... |
En ce qui concerne le détail structural de l'anticlinal du Gros Foug, trois faits supplémentaires
se manifestent à cette latitude :
- l'axe du pli y est quelque peu décalé vers l'ouest par le jeu d'un petit décrochement de Cessens, ce qui a repoussé d'autant le flanc ouest du pli et donc aidé à son érosion ;
-
au sud du plan de
fracture, cet axe manifeste une incurvation azimutale qui lui fait passer de
N 10 au nord de Chindrieux à N150 au sud (cette direction est celle du la rive du lac) ;
-
la voûte du pli s'abaisse progressivement, au point que son cœur jurassique s'enfonce sous les eaux du lac au lieu-dit Le Grand Rocher (où la charnière du pli est d'ailleurs visible) et que, plus au sud, sa voûte urgonienne plonge définitivement sous les eaux, à Brison (voir la page "La Chambotte").
voir l'aperçu d'ensemble sur le Lac du Bourget |
|
|
|
Culoz |
|
|
|
|
|
|
|
|