Les Bauges orientales |
A/ Stratigraphie | <-----(contenu de la page )-----> | B/ Tectonique |
Géologiquement parlant, la partie orientale des Bauges débute à l'est de la vallée des Aillons et couvre donc une superficie beaucoup plus grande que les Bauges occidentales.
Carte géologique simplifiée des Bauges orientales f.SR = faille de Sainte Reine et de Saint Ruph. |
|
|
A/ Stratigraphie |
Au Secondaire la succession se modifie notablement par rapport aux Bauges occidentales, car il n'y a pratiquement plus que deux niveaux importants de falaises calcaires (Tithonique et Urgonien). Cela résulte de ce que les calcaires du Fontanil y font place à des calcaires marneux qui ne déterminent pas un ressaut bien marqué. L'ensemble de l'Hauterivien - Valanginien constitue là une succession de couches argilo-calcaires à lits siliceux, épaisse de près de 1000 m et très monotone. On peut désigner cette formation sous le nom de "Néocomien* argilo-siliceux" (toutefois le Valanginien y est dans l'ensemble plus marneux que l'Hauterivien).
Concernant l'intervalle entre Urgonien et Sénonien ("Apto-albien") on trouvera des précisions dans la page spéciale "Crétacé moyen".
Le Tertiaire ne comporte plus de dépôts
continentaux. Il débute par des couches marines littorales,
calcaires, à Nummulites, de l'Éocène moyen
(Lutétien). Elles reposent sur le Sénonien à
l'est de l'axe du synclinal des Aillons et directement sur l'Urgonien
à l'ouest de la faille syn-Nummulitique du Céty (qui
suit approximativement l'axe du synclinal des Aillons). Il se
poursuit par des niveaux plus profonds et plus marneux. On voit
donc clairement que l'on s'éloigne, en allant vers l'est,
d'une ligne de rivages globalement nord-sud, qui a dû se
déplacer au cours du temps, des Bauges orientales vers
la Chartreuse à partir d'un abrupt correspondant à
l'axe actuel du synclinal des Aillons.
La succession se poursuit par des faciès à intercalations
gréseuses turbiditiques, de bas de pentes (flyschs*). Toutefois
l'érosion quaternaire n'a conservé, dans les Bauges,
que la partie la plus basse de ces faciès terminaux du
Nummulitique, même dans les coeurs des synclinaux, et il
faut aller dans les Bornes pour en voir les termes plus élevés.
B/ Tectonique |
Un aspect remarquable du plissement des Bauges
orientales est l'existence d'une nette "dysharmonie"
entre le dessin des plis affectant le Tithonique et ceux dessinés
par l'Urgonien. Cela se manifeste de deux façons corrélatives (se reporter à la coupe synthétique ci-dessus et voir
l'exemple de la Roche
Torse) :
- par le plus grand nombre des plis dans le Tithonique
- par leur plus courte longueur d'onde.
Ceci est dû à l'existence, entre ces deux niveaux,
de celui du Néocomien argilo-siliceux qui, par ses caractères
mécaniques de matériau très déformable,
à joué le rôle d'une sorte de "tissu
conjonctif" et a permis la désolidarisation des deux
niveaux calcaires qu'il sépare. Ceux-ci se sont donc plissés
chacun pour son propre compte, en formant des plis dont la longueur
d'onde est fonction directe de l'épaisseur de la dalle
calcaire qui les constitue (nettement plus forte pour l'Urgonien).
Au total les plis du Tithonique se succèdent en paraissant
disposés comme des plis mineurs sur les flancs de ceux
de l'Urgonien, selon une disposition parfois qualifiée
de synclinoriale (la disposition symétrique, anticlinoriale,
s'observe de façon moins évidente en raison de l'ablation
par l'érosion très fréquente de l'Urgonien
sur les voûtes anticlinales).
Un phénomène identique se manifeste pour les plis
de la barre calcaire éocène qui, du fait de la faible
épaisseur de cette dernière, forment plusieurs plissotis
dans les coeurs de synclinaux (voir l'exemple du Trélod).
D'autre part, à l'est d'une ligne NE-SW
qui passe peu à l'est de Saint-Pierre-d'Albigny, le déversement
des plis s'accentue au point qu'ils deviennent franchement couchés.
Ce basculement vers le nord-ouest des plis de la partie la plus
orientale des Bauges est le résultat d'un ample plissement
tardif, qui a créé le très large synclinal
de Serraval.
L'axe de ce pli, orienté
N40, est oblique aux axes des autres plis du massif mais parallèle
à l'allongement de la chaîne de Belledonne : sa formation
est probablement liée à la surrection de cette chaîne
(en effet nombre de faits indiquent en effet que cette surrection s'est
produite après l'étape principale du plissement).
Ce pli franchit le rebord subalpin au col de l'Arclusaz, où
il est spectaculairement visible depuis la Combe de Savoie. Le
synclinal de Serraval se prolonge très loin vers le nord,
pour passer peu à l'est de Faverges, puis hors des Bauges,
à travers les massifs des Bornes puis du Chablais, jusqu'en
Suisse.
figure agrandissable |
Schéma de la succession des plis des Bauges orientales et de leurs relations avec les déformations ultérieures, qui leur ont été superposéesCe schéma replace les plis et les sommets dans l'ordre
où on les voit se succéder sur la carte, en
supposant annulé le décalage dû au jeu de
la faille de l'Arcalod : ce n'est donc pas une représentation
cartographique exacte. Pour rendre ce schéma plus expressif on a figuré
les charnières anticlinales de l'Urgonien du côté ouest
et placé leurs coeurs anticlinaux du Jurassique du côté
est : c'est en effet, à peu près, la disposition
qui s'observe sur le terrain par suite du plongement axial des
axes de plis. |
Les Bauges orientales sont en outre parcourues en biais du sud au nord par une grande cassure, la faille d'Arcalod. Cet accident majeur, dont l'azimut est proche de N30, se poursuit dans le sud-est des Bornes-Aravis. Il est assez tardif car il tranche la plupart des plis (d'ailleurs selon un angle aigu) mais il a été ensuite déformé par la formation du synclinal de Serraval ; il est en outre décalé par des décrochements NE-SW moins méridiens comme ceux de Sainte-Reine ou de Saint-Ruph.
En fait cette faille limite du côté occidental le "Bloc détaché des sources du Fier", qui est déjà connu plus au nord en tant que "méga-collapse" dans les Bornes orientales (voir la page "Tectonique des Bornes"). Il se poursuit dans les Bauges orientales en incluant leur majeure partie, jusqu'à la dent d'Arclusaz incluse. Il y est limité du côté est par le prolongement méridional du faiceau du Charvin (faille de La Goenne) dont le tracé est caché sous les alluvions de la Combe de Savoie au sud de Gilly-sur-Isère (voir la page "Combe de Savoie"). En effet on voit bien par son tracé courbe remontant vers le nord que c'est sous ces alluvions que la faille d'Arcalod va s'y raccorder (voir la page "Saint-Pierre-d'Albigny"). Si ce panneau rocheux ne se poursuit pas au-delà vers le sud-est cela n'est dû qu'à l'effet de l'érosion qui en a tranché la surface basale, de sorte que l'on doit présumer qu'avant son ablation le contenu du collapse se prolongeait au dessus de la région de La Rochette
figure plus grande |
|
---|
On peut s'interroger sur la signification de cette disposition, en prenant en considération le fait qu'elle s'avère avoir été acquise avant le soulèvement de l'anticlinal de socle de Belledonne : en effet ce corps rocheux énigmatique a été affecté par le synclinal de Serraval comme le montre la remontée de son fond vers le sud jusque à la surface du sol ...