Roche Torse, Crête des Arlicots |
Le versant des Bauges qui, au nord-est de Saint-Pierre-d'Albigny, tombe abruptement sur la Combe de Savoie, offre une coupe naturelle déjà spectaculaire, malgré la perspective en contre-plongée, lorsqu'on la voit de la vallée (voir page "Saint-Pierre-d'Albigny") ; elle l'est encore plus lorsque l'on prend de l'altitude (depuis les crêtes du massif des Sept Laux ou, encore mieux, depuis un avion de tourisme). Ces pentes qui dominent les villages des environs de Grésy-sur-Isère, présentent cependant un inconvénient pour qui veut en comprendre l'architecture : c'est d'être orientées dans leur ensemble selon un angle trop peu orthogonal (voire localement longitudinal) par rapport aux structures qui les affectent. Elles sont limitées au NE par l'éperon saillant de la Roche Torse, au NE duquel l'orientation du versantt agrave encore ce défaut en devenant presque N-S (voir la page "Orisan").
Deux dispositifs distincts y attirent l'attention :
a) dans l'Urgonien, un vaste synclinal qui se révèle composite car il comporte deux charnières : celle, à plan axial sub-vertical, du synclinal de l'Arclusaz proprement dit et celle, fortement déversé vers l'ouest, du synclinal du Pécloz ;
b) dans le Tithonique, les plis parasites* de la Roche Torse, qui affectent le flanc oriental de
ce synclinal.
Schéma tectonique des abords de la montagne
d'Arclusaz - Pécloz L'axe N10 du synclinal de l'Arclusaz (pli légérement déjeté vers l'est) passe au col de ce nom et bute au N contre le tracé de la faille de Sainte-Reine (que suit sensiblement celui, N40, du synclinal de Serraval) Le nom synclinal du Pécloz désigne ici le
pli couché d'axe N10 qui affecte le haut du flanc oriental du pli précédent. Le tracé de la faille de l'Arcalod s'infléchit en sens anti-horaire à l'est de Saint-Pierre d'Albigny et doit se poursuivre au-delà vers le NE, sous les alluvions. Sa surface décrit donc, là où elle est traversée par l'axe du synclinal de l'Arclusaz, une courbure synforme coaxiale avec ce pli. |
La crête sommitale de la montagne est sculptée dans l'Urgonien de part et d'autre du col d'Arclusaz jusqu'aux approches de la Pointe des Arlicots. Mais à partir de ce sommet s'observe le redressement, et même le renversement des couches par le synclinal du Pécloz : du fait de cette attitude les affleurements d'Urgonien prennent alors la direction axiale de ce pli, qui est nettement oblique à la celle de la Combe de Savoie. Ils se disposent selon une bande qui s'éloigne de la ligne de crête principale et traverse en diagonale le versant nord-ouest de la montagne : elle arme la crête secondaire de Beau Mollard et recoupe le bas du ravin de la Lanche (voir clichés plus bas dans cette page) pour se diriger vers le Mont Pécloz, qui est lui même nettement détaché à l'ouest de la crête de partage des eaux entre Isère et Chéran.
A l'est de la Pointe des Arlicots, la haute paroi boisée et ravinée qui domine la Combe de Savoie est, presque jusqu'à son pied, sculptée dans les épaisses couches calcaréo-argileuses de l'Hauterivien et du Valanginien. Ces dernières, orientées presque selon la direction de la crête, y sont affectées par l'ondulation anticlinale d'Armenaz (qui affecte le flanc oriental du synclinal du Pécloz).
La charnière de ce pli, déversée et assez ouverte, est très difficile à voir dans ses escarpements, d'abord parce qu'ils sont boisés jusqu'assez près de la crête, ensuite parce que les couches y ont un aspect très monotone, sans vrais niveaux repères. Elles gardent en outre une direction peu oblique à cette crête, tant à la voûte du pli, où leur pendage ouest est faible que sur son flanc ouest, où elles ont un pendage fort redressé (voir clichés ci-dessus et ci-dessous). |
C'est dans les couches appartenant au flanc occidental de ce pli, mais encore peu inclinées vers l'ouest car proches de sa voûte, qu'est sculptée la crête qui court jusqu'à la Montagne d'Armenaz. Dans l'ensemble et plus particulièrement à la Pointe des Arces, les sections des strates que l'on voit sur le versant est de cette crête sont presque parallèles à cette dernière ; son versant NW montre au contraire les surfaces de couches décapées en dalles structurales plongeant sur le versant NW (ce qui suggère que ce versant a été décapé par arrachement de tranches de couches successives en rive droite du ravin de La Lanche).
Par contre, plus au nord, l'abaissement de la crête dont le point le plus bas correspond au Passage d'Armenaz résulte d'une entaille d'érosion orthogonale aux couches due à l'érision remontante du ravin, perpendiculaire à celui de La Lanche, qui s'épanouit au niveau du chalet d'Armenaz.
Plus au NE encore, au droit du Mont d'Armenaz, la profonde entaille du grand ravin des Lavanches perce ces niveaux crétacés et donne une coupe naturelle plus orthogonale au flanc ouest de l'ondulation anticlinale d'Armenaz : le contrefort rocheux détaché de sa rive nord, qui est pertinemment dénommé la Roche Torse, montre de façon spectaculaire les replis que dessinent les calcaires massifs du Tithonique du flanc ouest de ce pli.
Le versant sud de la Roche Torse On distingue, dans la barre tithonique du rebord subalpin,
suffisamment de fragments de charnières superposées
pour en conclure qu'elle est fortement plissée. Mais,
en raison d'une perspective en contre-plongée, on voit
plutôt mal comment ses plis s'organisent. image sensible au survol et au clic |
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La Roche Torse Vue selon la perspective la plus favorable, c'est-à-dire à peu près dans l'axe des plis (en azimut comme en plongement). Les plis de la Roche Torse appartiennent en fait à un anticlinorium "en feuille de chêne" fortement déversé vers l'ouest. Il s'agit de l'anticlinal d'Armenaz (a.Ar) qui n'est lui même qu'un pli parasite qui s'intercale entre les charnières plus importantes de l'anticlinal d'Orisan (à l'est) et du synclinal du Pécloz (= s.P) à l'ouest. Noter que la limite entre le Berriasien et l'ensemble Hauterivien-Valanginien
ne montre pas cette disposition en accordéon mais simplement
une molle ondulation (voir plus haut les clichés du versant plus occidental) : c'est une parfaite illustration du phénomène
de dysharmonie. image sensible au survol et au clic |
Au NE de la Roche Torse les couches tithoniques et berriasiennes décrivent l'ondulation synclinale de Chamosseran, pli qui est pratiquement amorti au niveau de l'Hauterivien. Il faut encore aller nettement plus au nord pour voir se dessiner sur la crête la charnière couchée du cœur tithonique de l'anticlinal d'Orisan, dont le Tithonique arme les falaises du Grand Roc.
Vue d'enfilade des escarpements dominant la Combe de Savoie aux abords occidentaux de Grésy-sur-Isère (les pentes du Grand Roc d'Orisan sont masquées sous l'aile de l'avion). Sous cet angle, du fait de la perspective, aucun pli n'est visible. En premier plan on localise, par le sur-épaississement des marno-calcaires berriasiens sous le niveau repère du Valanginien inférieur ("Vi"), la position approximative, dans ces couches, des charnières du synclinal de Chamosseran (s.Ch) et de l'anticlinal d'Orisan (a.Or). La limite entre Valanginien et Hauterivien est placée, de façon totalement incertaine, à la base d'un niveau repère moins lité. |
Deux coupes du secteur des sources du Chéran, en rive droite (en haut) et en rive gauche (en bas) du Chéran. noter les multiples replis dysharmoniques du Tithonique aux approches de la charnière du synclinal du Pécloz (secteur de la Roche Torse) Commentaires relatifs au cadre structural de cette coupe |
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Pécloz | LOCALITÉS VOISINES | Gilly, Albertville |
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Roche Torse |
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