Rochers Rissiou |
Le petit massif des Rochers Rissiou est géographiquement très bien individualisé mais il appartient géologiquement au massif de Belledonne, même s'il en est séparé par la profonde gorge de l'Eau d'Olle, qui s'engage vers l'ouest, dans le socle cristallin, immédiatement en aval du barrage de Grand Maison.
Ce tracé hydrographique est assez paradoxal car l'Eau d'Olle aurait dû, plus logiquement, suivre la limite entre socle cristallin et couverture sédimentaire, qui coupe droit entre Grand Maison et Allemont. Faut-il penser qu'elle a suivi le cours d'une très ancienne vallée descendant directement vers le Grésivaudan par l'actuel pas de La Coche, lorsque les cours d'eaux qui descendaient orthogonalement au faîte de la chaîne alpine, encore peu encaissés, ne faisaient qu'égratigner la surface des blocs de socle cristallin ?.
ais ce dernier n'affleure cependant pas sur la crête principale, qui est formée par les gneiss du flanc oriental du pluton* : l'analogie est frappante avec le relief du chaînon du Rocher Blanc des Sept Laux puisque, ici encore, le granite s'efface au profit des gneiss pour armer les crêtes de la montagne.
L'éboulement du Maupas, en rive droite des gorges de l'Eau d'Olle, vu du nord-ouest, depuis les abords orientaux du col de la Coche (pentes de la Pointe du Sifflet) Cet éboulement date des années 1980. Il a emporté
et recouvert la route, que l'on a dû retracer en rive gauche
de l'Eau d'Olle (droite du cliché). On remarque que, en dépit de cette origine glaciaire, la morphologie
de cette vallée (d'ailleurs semblable en cela à celles de
la plupart des Alpes) n'est pas vraiment celle, classique, de
la vallée en U, à fond plat. autre vue, montrant la localisation de ce site |
À partir du Rivier d'Allemont la vallée reprend brutalement un cours N-S car elle est alors guidée par le grand accident de la Belle-Étoile, qui limite le pluton* du côté ouest. Elle ne suit cependant le tracé de cet accident qu'avec un décalage de quelques centaines de mètres plus à l'ouest, à l'évidence parce que c'est de ce côté que se trouvent les terrains les moins résistants vis-à-vis de l'action mécanique des eaux.
Les Rochers Rissiou vus du sud, depuis les pentes de l'Alpette d'Oz. f.BE (tirets roses) = faille de la bordure orientale de Belledonne (des lambeaux de Trias, avec un peu de Lias, en série réduite, sont collés sur le socle de sa lèvre occidentale). Les chloritoschistes de Vaujany se poursuivent vers le nord jusqu'au col du Sabot. Ils se rattachent là au bloc cristallin secondaire qui s'y individualise en se séparant de celui des Grandes Rousses. Les tirets rouges jalonnent le tracé (souvent masqué ici) du contact des terrains sédimentaires sur le socle cristallin, au flanc ouest du Bloc des Grandes Rousses. |
Du côté sud-est les Rochers Rissiou tombent assez brutalement sur la vallée de Vaujany : cet abrupt est clairement déterminé par le passage de la faille de la bordure orientale de Belledonne, qui en traverse le versant à mi-hauteur. Il s'agit là assez clairement du prolongement nord-oriental de la faille du col d'Ornon, car on y observe les mêmes caractéristiques de faille extensive à fort rejet, amenant en contact direct avec le cristallin le Lias supérieur ou même l'Aalénien. On y observe cependant en plusieurs points la présence de copeaux triasiques et même de Lias inférieur, plaqués contre la lèvre supérieure de la cassure : ils représentent sans doute le garnissage sédimentaire, d'épaisseur très réduite, du socle cristallin surélevé (appartenant au bloc de Belledonne).
À l'extrémité méridionale de la crête des Rochers Rissiou (au nord du Verney) la faille de la bordure orientale de Belledonne rencontre le tracé - plus méridien - de l'accident de la Belle Étoile, que suit le cours de l'Eau d'Olle depuis le Rivier jusqu'à ce point. Or on constate là que des terrains sédimentaires de l'hémigraben de Bourg-d'Oisans s'engagent là vers le nord en dessinant sur la carte une apophyse bordant du côté ouest cet accident : cela pourrait donc suggérer que l'accident de la Belle Étoile soit le véritable prolongement septentrional de la faille du col d'Ornon et que cette dernière ne se prolongerait donc pas par la faille de la bordure orientale de Belledonne.
Mais il ne faut pas perdre de vue que, entre Rochetaillée et Allemont, le tracé de la faille du col d'Ornon s'infléchit
dans le sens horaire et
prend ainsi une direction azimutale N40, ce qui l'écarte
de l'azimut, plus N-S, de l'accident de la Belle Étoile et qui est conforme, par contre, avec un prolongement au revers oriental de Rochers Rissiou. En fait, à cette brève indentation près,
le tracé de la limite socle - terrains sédimentaires
semble bien se poursuivre, sans déviation d'azimut et avec ses caractéristiques, de part et d'autre
de la vallée de l'Eau d'Olle : cela témoigne en faveur du caractère
secondaire et parasite, de l'accident
de la Belle Étoile, vis-à-vis de la limite occidentale de l'hémigraben de Bourg-d'Oisans.
Pour expliquer l'indentation de la limite entre cristallin et sédimentaire qu'il détermine là on doit donc plutôt envisager
que l'accident de la Belle Étoile ait joué lui aussi
en extension au Jurassique, en marge et latéralement par
rapport à la faille de la bordure orientale de Belledonne, ou qu'il ait joué plus tardivement dans le sens dextre en recoupant cette dernière.
N.B. le terme "gneiss biotitiques" désigne les gneiss micacés anciens, à deux micas, qui constituent l'encaissant du pluton* des Sept Laux (ex "série brune").
Page d'introduction à la géologie
de la chaîne
de Belledonne au sens large. aperçu d'ensemble sur le massif d'Allevard - Sept Laux |
Carte géologique simplifiée des environs des Rochers Rissiou
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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