Petit Bornand, Rochers de Leschaux |
Pour s'échapper de la dépression de Thônes la vallée du Borne a ouvert une succession de cluses* et de boutonnières* allongées sud-nord, qui coupent presque transversalement les plis des Bornes occidentales en mettant à nu le substratum de leur voûte urgonienne. En aval de la boutonnière d'Entremont, le Borne en a ouvert une seconde, celle du Petit Bornand, qui se referme en gorges en aval de la localité de Termine. Elle traverse successivement les voûtes urgoniennes de l'anticlinal de Leschaux puis de celui du Parmelan.
Les montagnes de rive droite du Borne et la boutonnière du Petit Bornand vues d'avion, du sud-ouest, peu obliquement à l'axe des plis. a.P = anticlinal du Parmelan - Pointe d'Andey ; s.S = synclinal de Solaison ; a.F = anticlinal de Leschaux (prolongement NE de celui des Frêtes) ; s.C = synclinal de Cenise. f.D = faille de la Dresse ; f.G = faille des Gérats ; f.TT = prolongement vraisemblable, vers le nord-est de la faille de la Tête à Turpin. (N.B. : cette vue d'ensemble a été mise en ligne en novembre 1998 ; voir ci-après l'interprétation, plus récente, des détails centraux) |
A la différence de celle d'Entremont, la boutonnière du Petit Bornand est seulement allongée selon la direction du cours de la rivière, aucune combe latérale n'ayant été ouverte là dans les anticlinaux que la vallée se contente de trancher orthogonalement : ce tronçon s'apparente donc à une cluse*, même si son entaille est plus large que ne l'admet l'acception de ce terme.
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La coupe naturelle de la rive gauche de la vallée est moins facilement lisible en raison de sa couverture boisée plus étendue. D'autre part les plis y sont sectionnés par plusieurs cassures de chevauchement orientées N120, qui traversent donc en oblique le versant de la vallée : la principale est la faille du Freu que l'on suit, du SE vers le NW, depuis l'entrée amont de la boutonnière jusqu'à l'extrémité septentrionale de la montagne de Sous-Dine.
Elle se poursuit vers le SE sur la rive orientale du Borne au nord du Lainvouet jusqu'à y franchir la crête du Rocher de Salin et finalement se perdre en contrebas sud du col de la Forclaz (voir la page "Entremont").
On y observe également une faille E-W verticale qui se place sans ambiguïté dans le prolongement de la faille de la Dresse, du soubassement des Rochers de Leschaux. Dans la partie supérieure de son tracé cette branche occidentale de la faille montre également une tendance à se transformer en chevauchement vers le NW mais cette structure n'a pas la place de s'y développer clairement car elle est tranchée par la partie haute du ravin de Beffay.
Enfin l'anticlinal du Parmelan, que la vallée du Borne coupe aux abords de Termine, montre une géométrie très différente de celle qu'il a plus au SW, dans la montagne de Sous-Dine (voir plus de détails à la page "Sur-Cou").
La rive gauche du Borne aux abords du Petit Bornand, vue du nord-est, depuis le sommet des Rochers de Leschaux (cliché original obligeamment communiqué par Mr. V. Chabaud) . s.G = synclinal des Glières ; a.F = anticlinal des Frêtes (prolongement méridional de l'anticlinal de Leschaux) ; d.S = décrochement de Spée (voir la page "Sous-Dine") ; f.P = faille NE-SW du Pertuis ; d.F = décrochement NW-SE du Freu (voir la page "Sur-Cou") ; f.D = faille E-W de la Dresse ; ØL = prolongement du chevauchement de Leschaux ; s.S = synclinal de Solaison ; a.P = anticlinal du Parmelan ; f.B = faille de Beffay ; s.A = synclinal d'Andey (renversement de son flanc sud-oriental). Pour mieux faire apparaître les grands ensembles on a surchargé l'Urgonien de rose pâle et le Berriasien de bleu pâle. |
La coupe naturelle donnée par le versant de rive droite de la vallée du Borne se fait remarquer par un détail curieux qui est la disposition qu'y revêt la carapace urgonienne des Rochers de Leschaux : celle-ci "déborde" en effet par rapport à son substratum, à la façon du chapeau d'un champignon.
Cette géométrie bizarre peut s'expliquer en considérant que l'on a là le résultat de la déformation d'un ancien horst*, étranglé au niveau de l'Hauterivien lors des serrages qui ont formé les plis : cette explication a été proposée dans la version de "geol-alp" mise en ligne en 1998. Or j'ai appris incidemment qu'une interprétation en partie différente a été proposée dans le travail de Marc MARTIN (diplôme de l'Université de Genève, 2005). D'après cet auteur la cassure septentrionale des Rochers de Leschaux serait plus précisément formée d'un tronçon vertical, la faille de la Dresse, qui aurait été tranchée par le chevauchement de Leschaux : cette géométrie est extrêmement plausible (en fait elle était déjà tacitement suggérée par la coupe ci-dessus qui figure le décalage du tronçon vertical par la chevauchement). Il est d'ailleurs remarquable qu'elle est extrêmement analogue à celle révélée par la coupe de rive gauche de l'Arve à la Pointe d'Areu. En ce qui concerne la cassure méridionale (faille des Gérats), M. Martin y voit, sans doute à juste titre, une cassure sub-verticale, d'orientation oblique au plan de coupe du versant de la vallée. Mais cette géométrie suggère qu'il ne s'agit pas d'une cassure extensive précoce (comme le pense cet auteur) mais plutôt d'un décrochement dextre, parallèle et analogue au décrochement de la Glacière, plus septentrional (cf. cliché ci-après). La figure ci-dessus a donc été modifiée en juillet 2016 pour essayer d'intégrer ces données. Elles conduisent à récuser l'hypothèse de l'écrasement d'un horst par simple serrage transversal lié au plissement, pour la remplacer par celle de l'association locale d'un décrochement avec le sectionnement général des failles extensives anté-nummulitiques qui est intervenu lors des cisaillements tangentiels post-nummulitiques. Tous ces processus tectoniques s'inscrivent d'ailleurs parfaitement dans le schéma général de déformation des Bornes. |
Sur le revers nord-oriental de la crête l'érosion n'a pas creusé assez profondément pour mettre à nu les failles limitant le "chapeau" anticlinal ; elle a simplement dégagé en dalles structurales l'Urgonien de la voûte du pli. On constate ainsi que cette dernière descend doucement vers le NE, en direction de la lointaine vallée de l'Arve, sous laquelle elle disparaît d'ailleurs une bonne dizaine de kilomètres plus au nord du fait de ce plongement axial du pli (voir la page "Mont-Saxonnex" et la carte ci-après).
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