L'Argentière, La Bessée |
La localité de L'Argentière est construite au flanc de buttes formant les basses pentes environnantes, qui sont formées de calcschistes néocrétacés. Ces couches apparaissent en contrebas de reliefs formés de tous côtés par du matériel de la zone briançonnaise, alors qu'elles appartiennent à la zone subbriançonnaise comme le montre la nature de leur soubassement visible dans le versant oriental de la dépression à la Bessée et dans la vallée de la Gyronde à la Bâtie des Vigneaux. Leur mise à jour résulte donc du fait que l'érosion a percé la chape des nappes briançonnaises en ouvrant une fenêtre tectonique* à travers laquelle on voit leur substratum subbriançonnais et à laquelle on a donné le nom de "fenêtre de l'Argentière".
L'agglomération de L'Argentière elle-même, ne se situe pas au cœur mais à la bordure occidentale de la fenêtre qui porte son nom. Elle est en effet directement dominée du côté ouest par les escarpements de matériel briançonnais, essentiellement gréseux (grès houillers et quartzites permo-triasiques), du Bois de la Pignée (versant oriental de la montagne des Têtes).
Ce matériel était attribué à la nappe de Champcella (voir les coupes page "Pousterle") mais en fait il semble qu'il faille le rapporter plutôt à la nappe de Roche Charnière (voir la page "col d'Anon") : cette attribution à la nappe briançonnaise la plus basse de ce secteur est d'ailleurs plus conforme avec le fait que cette unité vient
en contact direct avec les "marbres en plaquettes"
de la zone subbriançonnaise. |
La rive droite de la Durance à la latitude de L'Argentière vue d'aval, du sud, depuis la route D138a (lieu-dit Les Traverses) n.rC = unité du signal des Têtes (antérieurement attribuée à la nappe de Champcella) ; Øbr = surface de contact tectonique entre les unités briançonnaises et subbriançonnaises ; S.B.= zone subbriançonnaise : bordure occidentale de la "fenêtre de l'Argentière". La raison du spectaculaire rebroussement vers l'ouest qui renverse les couches du Signal des Têtes est peu claire ... (voir aussi la page "Montbrison") ... |
À l'est de la vallée de la Gyronde et de son confluent avec la Durance, dans les pentes de La Bessée (que la N.94 franchit en décrivant une série de lacets), affleurent les calcaires plaquetés à zones siliceuses du Malm-Néocomien et, par places, les niveaux de brèches qui marquent la limite avec les "marbres en plaquettes" néocrétacés.
Les entailles de la route permettent d'observer l'intense
plissotement de ces couches (ces microplis ont souvent leurs charnières dénudées car la route a souvent une orientation presque parallèle à leurs charnières).
La partie stratigraphiquement la plus basse de ces couches s'est avérée suffisamment résistante pour rester en saillie lors de l'occupation des deux vallées confluentes par les glaciers quaternaires : elle arme un verrou* rocheux que la Durance franchit par la gorge de raccordement* dite
"défilé du Pertuis Rostand".
La Durance au Pertuis Rostand vue de l'est (rive droite amont) depuis la route N.94, peu au nord de Sainte-Marguerite. Le siphon de la conduite forcée s'appuie sur les calcaires à lits siliceux du Malm Néocomien et la conduite forcée a la même orientation que les couches (qui appartiennent ici au flanc ouest de l'anticlinal de l'Argentière) voir la coupe d'ensemble de la rive droite de la Durance. |
On voit, à la faveur de l'entaille de ce verrou, que les couches de la fenêtre dessinent ici un ample anticlinal, l'anticlinal de L'Argentière, dont l'axe est orienté N-S et s'enfonce vers le sud. L'entaille de la Durance est d'ailleurs assez profonde pour faire apparaître les Terres Noires du cœur de ce pli, alors que ce sont les calcaires plaquetés (plus récents) du flanc ouest de l'anticlinal qui constituent l'armature du verrou.
Au sud-est des gorges de la Durance on retrouve d'abord le prolongement, atténué, de ce verrou au Serre des Fourches (relais hertzien accessible par une petite route). En ce point les couches appartiennent encore au flanc ouest de l'anticlinal de L'Argentière.
Calcaires "à zones siliceuses" du Malm - Néocomien sub-briançonnais photo rapprochée des affleurements de premier plan du cliché précédent |
Au nord du Serre des Fourches le cours de la Durance s'inscrit en gorges dans les calcschistes du flanc oriental du pli jusqu'à la latitude de Queyrières où il est traversé par la faille de Trancoulette qui met ces calcschistes en contact avec des terrains briançonnais .
NB : La faille de Trancoulette se suit aisément, depuis le nord, jusqu'à Bouchier ; mais au sud de cette localité son prolongement est moins clair : en dépit des complications de tracé qui interviennent au niveau de la chapelle Saint-Hippolyte, on peut néanmoins considérer que c'est la branche principale de cette cassure qui se poursuit par la faille du rocher de Queyrières (une autre branche, plus occidentale, semble toutefois prolonger plus directement la faille de Trancoulette jusqu'à la Durance en passant par Villard Meyer mais son rejet est moins important) voir à ce sujet la page"Queyrières". |
À la latitude du Serre des Fourches la fermeture de la fenêtre de l'Argentière, du côté oriental, ne s'observe que plus haut dans la pente de rive gauche de la Durance, au niveau du village de Sainte-Marguerite. En effet les calcschistes subbriançonnais y font place brutalement au grès et pélites du houiller briançonnais, ce qui correspond selon toute vraisemblance au passage du prolongement méridional de la faille de Trancoulette.
Certes ces affleurements de Sainte-Marguerite sont isolés dans un versant largement glissé où le matériel houiller qui affleure au nord du village, le long de la N.94, est probablement glissé lui-même, de sorte que le tracé exact de la cassure n'y est pas connu avec certitude. Néanmoins il est remarquable et très significatif que l'épaisse succession de couches du Houiller des pentes des Oriols disparaisse totalement à l'ouest (en avant) du tracé représenté sur le cliché ci-après : au contraire du côté ouest la situation change brutalement puisque les calcaires triasiques de la plus basse des unités briançonnaises de cette rive de la Durance (celle de la Grande Barre) y reposent directement (sans trace de houiller intercalaire) sur les "marbres en plaquettes" subbriançonnais. |
Il semble donc bien que, au sud de cette zone perturbée par les glissements, la faille de Trancoulette doit se raccorder à la faille de la Roche-de-Rame c'est-à-dire au prolongement septentrional de la faille de la Durance (voir ci-après).
vous pouvez voir (dans une nouvelle fenêtre) ce cliché, commenté mais sans voiles de couleur Les pentes du versant oriental de la vallée de la Durance au NE de L'Argentière, vues de l'ouest, d'avion. De haut en bas : u.A = unité des Aiguillons ; u.Or = unité des Oriols ; f.rR = faille de La Roche-de-Rame (prolongement septentrional probable de la faille de la Durance) ; u.gB = unité de la Grande Barre de l'Argentière et de La Roche-de-Rame (attribution à la nappe de Champcella contestable) ; ØBR = chevauchement basal des nappes briançonnaises ; a.A = anticlinal de la fenêtre de l'Argentière. Pour plus de détails sur les hautes pentes voir les pages "Oriols" et "Puy des Aiguillons". |
La localisation de la fenêtre de L'Argentière a sans doute été déterminée par le fait que la surface de charriage du Briançonnais sur le Subbriançonnais a été surhaussée le long de lèvre occidentale de la faille de Trancoulette - faille de la Durance. Quant à la voûte anticlinale qui affecte le matériel subbriançonnais, elle semble en fait représenter la torsion en crochon induite par le jeu de cette faille, bien plus qu'un pli lié à une compression E-W. |
Au sud de L'Argentière la fenêtre tectonique du subbriançonnais se ferme à la faveur d'un plongement général des structures en direction du sud : son toît, constitué par la plus basse des nappes briançonnaises, s'abaisse doucement jusqu'à passer, aux abords du Pont Chancel, sous le niveau de la vallée de la Durance.
Mais en fait à cet endroit les dolomies triasiques qui affleurent en rive gauche de la rivière appartiennent à un paquet tassé qui a dû s'effondrer depuis la partie inférieure de la falaise de la Grande Barre. |
Ce secteur ne montre d'autre part aucun indice étayant l'hypothèse selon laquelle la grande faille de La Durance suivrait là le cours de la rivière, où elle pourrait être masquée sous les alluvions fluviatiles. En ce cas, en effet, on devrait la voir réapparaître plus au nord, au niveau de la ville de L'Argentière, où disparaît ce masque alluvial, ce qui n'est clairement pas le cas. De fait le tracé de cette cassure (bien trop importante pour s'amortir avant cette latitude) semble bien correspondre à celui, plus oriental, de la faille de La Roche-de-Rame, lequel s'écarte de plus en plus du lit de la rivière au nord de cette localité : cela l'amène à couper, assez haut dans le versant, l'éperon occidental du Puy des Aiguillons, en un point où elle semble bien s'aligner avec la prolongement méridional de la faille de Trancoulette (voir ci-dessus).
Voir les colonnes stratigraphiques des diverses unités tectoniques du secteur.
Voir l'aperçu
général sur la tectonique du Briançonnais
Voir aussi l'aperçu général sur
la bordure orientale du Massif du Pelvoux
cartes
géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Guillestre.
ouvrage à consulter : DEBELMAS J. (1955a). - Les zones
subbriançonnaises et briançonnaises occidentales entre Vallouise et Guillestre
(Hautes-Alpes) . Mém. Serv. Carte Géol. France, 171 p., 37 fig., 7 pl., 1 carte
géol. et 1 schéma struct.
voir la carte structurale du Briançonnais méridional.
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col de la Pousterle |
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