Chaînons briançonnais à l'ouest de la Durance : aperçu d'ensemble


Les montagnes de rive droite du cours N-S de la Durance qui sont comprises entre son confluent avec la vallée de la Gyronde (Vallouise et massif de Montbrison) et le coude que décrit la Durance à la latitude de Guillestre forment une ensemble distinct, géographiquement mais aussi structuralement, du reste du Briançonnais. Elles s'appuient sur les reliefs du massif du Pelvoux, dont elles constituent les contreforts sud-orientaux, et sont entaillées par le cours inférieur de deux vallées importantes, celles du Fournel et celle de la Biaysse, ainsi que par d'autres ravins plus méridionaux (tel celui de Tramouillon) qui sont orientés à peu près W-E : ces cours d'eau donnent ainsi des coupes naturelles grossièrement orthogonales aux principales structures de la zone briançonnaise de ce secteur.

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Le confluent du Guil avec la Durance et les montagnes de l'Embrunais nord-oriental, vus de l'est - sud-est, depuis le sommet de Cugulet (extrémité nord du massif d'Escreins).
ØP = surface de chevauchement des nappes du flysch de l'Embrunais (nappe du Parpaillon, unité de Serennes) ; f.Br = "front briançonnais" : accident tectonique séparant le domaine briançonnais de celui de l'Embrunais ; f.D = faille de la Durance.

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Vue d'ensemble des montagnes entre Réotier et Vallouise (extrait, recadré, de J.DEBELMAS 1955a, pl. VI)


Du point de vue tectonique ces montagnes sont séparées de celles du massif de Peyre Eyraute par la faille de la Durance et ont une structure foncièrement différente : ceci souligne l'importance probable et le jeu sans doute complexe, pas seulement vertical, de cette grande cassure (voir à ce sujet la page "linéament briançonnais occidental" et les pages d'aperçu d'ensemble sur le massif de Montbrison et sur la rive gauche de la Guisane).
Dans cette frange occidentale de la zone briançonnaise on trouve en effet un empilement d'unités qui ont été détachées de leur soubassement originel, constitué par la zone houillère axiale, mais qui en conservent néanmoins une mince tranche, constituant leur semelle siliceuse, au dessus de leur surface de charriage.
Elles sont venues recouvrir la couverture de la retombée orientale du dôme de socle du massif du Pelvoux selon une surface de chevauchement (dite front briançonnais) qui pend vers l'est, comme si elles montaient à l'assaut de celui-ci (mais en réalité ce pendage a été acquis après coup, dans les mouvements tardifs de surrection du socle cristallin). En outre ces unités imbriquées sont découpées par des failles extensive N-S qui les débitent comme les marches d'un escalier descendant vers la vallée de la Durance.

En fait le front briançonnais est une cassure qui a joué postérieurement à l'imbrication des unités briançonnaises car cette faille recoupe de haut en bas les surface de chevauchement successives de leur empilement.
Le jeu de cette cassure s'est produit également après la mise en place de la grande nappe des flyschs de l'Embrunais ; en effet le grand synclinal de Saint-Clément, qui affecte la marge orientale de cette nappe, apparaît de façon presque évidente comme un crochon d'entraînement créé par le chevauchement de l'ensemble briançonnais.

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Tectonogramme des montagnes entre Réotier et Vallouise (extrait recadré de J.DEBELMAS 1955a, pl. VI)
Noter la manière dont la nappe de flysch de l'Embrunais est rebroussée en crochon synclinal ("synclinal de Saint-Clément") sous la a surface de l'accident frontal briançonnais et l'inexistence de témoins de cette nappe au nord de l'entaille de la vallée de la Biaysse.
Voir dans le texte de la page diverses rectifications d'interprétation, notamment en ce qui concerne le matériel de Plan de Phasy .


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Colonnes stratigraphiques comparées des diverses unités tectoniques du Briançonnais sud-occidental (vallée de la Durance entre L'Argentière et Guillestre) (extrait de J.DEBELMAS 1955a, pl.VII, retouché par M.GIDON en 2010)


Depuis le travail de J. Debelmas les unités briançonnaises qui constituent ces montagnes sont considérées comme appartenant à deux nappes majeures, celles de Champcella et de Roche Charnière. Ces dernières possèdent l'une comme l'autre une mince semelle de Carbonifère et un corps principal de calcaires du Trias moyen mais se distinguent par des différences dans leur succession stratigraphique post-triasique (Dogger-Malm bien développé dans la première et lacunes plus ou moins importantes entre Trias moyen et Crétacé supérieur dans la seconde).

Toutefois cette manière de voir s'inscrit dans les conceptions d'une époque (1955) où l'on avait tendance à croire que l'on pouvait caractériser chaque nappe de charriage par sa "carte d'identité" stratigraphique et à considérer que les éléments tectoniques disjoints que l'on pouvait observer et dont la succession stratigraphique était assez ressemblante à celle définie comme typique étaient de fragments d'une unique nappe ainsi définie.
Les travaux plus récents ont malheureusement montré des variations importantes au sein même d'une même unité tectonique non disjointe, ce qui a conduit à se fier beaucoup moins à ce critère de corrélations et à moins chercher à apparenter ainsi les unités objectivement distinguées.

 

Carte du Briançonnais méridional, des abords sud de Briançon à Guillestre (le secteur concerné ici correspond au seul tiers ouest de cette carte).

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Cette carte est essentiellement structurale : les couleurs désignent les unités tectoniques (regroupées interprétativement), sauf en ce qui concerne les grands ensembles lithologiques suivants :
Le flysch nummulitique autochtone (Aut) en jaune paille, - les terrains post-jurassiques subbriançonnais (SBc) en bleu pâle, - le houiller briançonnais en gris, - les grosses masses de gypses et cargneules en rouge.
Dans les domaines briançonnais et piémontais la teinte plate correspond aux terrains d'âge triasique, les hachures aux terrains post-triasiques et les pointillés aux terrains siliceux permo-triasiques.
Inventaire des notations structurales :
a) - Failles N-S (d'ouest en est) :
f.sP = f. de Serre Piaratre ; f.D = faille de la Durance proprement dite (se prolongeant vers le nord par f.rR = f. de La-Roche-de-Rame, f.Q = f. de Queyrières, f.T = f. de Trancoulette) ; f.O = f. des Oriols ; ac.PL = accident Pansier-Lauzet ; f.E = f. de l'Échaillon de Clapeyto (prolongement méridional probable de la faille de Lenlon) ; f.C = faille de Ceillac et de la Clarée ; f.A = faille du Laus de Cervières, prolongeant vers le sud celle des Acles (les tracés de ces deux dernières failles, qui délimitent le linéament briançonnais oriental, sont en blanc cerné de noir).
b) - Unités charriées (par couleurs et dans l'ordre de leur première rencontre en allant d'ouest en est) :
SBj+SBc = unités subbriançonnaises ; n.E = nappe des flyschs crétacés de l'Embrunais.
Unités briançonnaises : n.rC = nappe de Roche Charnière (+ u.iG = unité inférieure du Guil) ; n.Ch = nappe de Champcella (+ n.FS = nappe de la Font-Sancte + u.O = unité des Oriols + u.rM = unité de Roche Motte + u.M = unité du Mélezin+ u.J = unité du Jaillon) ; n.PH = nappe de Peyre Haute ; n.A = nappe d'Assan (+ u.xB = unité de la Croix de Bretagne) ; n.Cl = nappe de la Clapière (+ u.cR = unité de Combe la Roche ; u.G = unité de la crête des Granges) ; u.P = unité des Peygus (+ unités de la basse Cerveyrette : u.bL = unité du Bois des Loubatières, u.bM = unité du Bois de Maratra, u.iL = unité inférieure de la Lausette) ; u.Ch = unité de la Chapelue (+ u.Ra = unité de Rasis + u.cB = unité de Côte Belle) ; éc.i = écailles intermédiaires.
Unités piémontaises : u.Ar = unité piémontaises externe d'Arvieux (+ u.rC = unité de la Roche des Clots + u.bC = unité du Bois des Coins) ; u.PL = unités piémontaises ligures (dont u.Pr = unité de Prafauchier et en vert sombre = roches vertes).


 

page encore en chantier !


ouvrage à consulter : DEBELMAS J. (1955a). - Les zones subbriançonnaises et briançonnaises occidentales entre Vallouise et Guillestre (Hautes-Alpes) . Mém. Serv. Carte Géol. France, 171 p., 37 fig., 7 pl., 1 carte géol. et 1 schéma struct.

Stratigraphie - Tectonique - Relief de la région briançonnaise

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