Dent d'Oche, Château d'Oche


Le sommet de la Dent d'Oche, qui culmine à 2221 mètres, est celui que l'on voit le mieux, en fond de tableau, depuis la rive septentrionale du Lac Léman car il n'est séparé de ce lac que par des chaînons beaucoup moins élevés (principalement celui des Mémises). Cette situation éminente est liée à sa structure qui est celle d'une épaisse lame calcaire redressée et repoussée en chevauchement sur les couches plissées des chaînons plus septentrionaux.

image sensible au survol et au clic

Le groupe montagneux de la Dent d'Oche, vu de l'ouest d'avion
s.N = synclinal de Neuva ; a.R = anticlinal de Rianda ; ØdO = chevauchement de la Dent d'Oche ; ØcO = chevauchement des chalets et du Château d'Oche ; s.O = synclinal d'Oche ; d.B = décrochement de Bonnevaux ; f.cR = faille du col de Rebollion.
Les tirets bleus correspondent à la base des calcaires du Malm supérieur ; en rouge les surfaces de chevauchement soulignées par la présence de couches triasiques à la base de leur unité chevauchante.
D = Dogger à Cancellophycus ; jms = "couches de Vervine" (calcschistes du Bajocien-Oxfordien, propres à ce chaînon) ; Ms = calcaires massifs du Malm supérieur.


Coupe de la Dent d'Oche et des chaînons parallèles voisins (extrait retouché de la légende de la carte au 1.50.000° Thonon-Châtel) "Ds" = "Dogger à Cancellophycus".


Du côté occidental, la puissante barre rocheuse qui forme la crête de la Dent d'Oche s'interrompt brutalement peu avant d'atteindre le thalweg du vallon de l'Ugine (voir le cliché en haut de page). En outre on n'en retrouve aucun prolongement en rive opposée (ouest) de ce dernier : au contraire, aux abords du Mont Baron, affleure une succession stratigraphique différente, plus typique des "médianes plastiques", notamment par la présence de son épais Dogger argilo-calcaires "à Cancellophycus".

Cette terminaison brutale a une origne tectonique : elle correspond à une importante faille, orientée N40, le décrochement de Bonnevaux, par le jeu sénestre duquel on retrouve plus au sud-ouest, au Mont Ouzon (sur la rive gauche de la Dranse d'Abondance) la succession jurassico-crétacée particulière, plus proche du type "médianes rigides", qui est celle de la Dent d'Oche.

L'arête sommitale de la montagne est formée par les calcaires massifs du Malm, dont les couches pendent aux environs de 60° vers le sud : tandis qu'elles forment des dalles qui plongent de ce côté, vers le vallon d'Oche elles sont tranchées presque orthogonalement par les abrupts du versant nord : ce serait un "crêt" typique si les couches n'y étaient pas aussi redressées.

image sensible au survol et au clic

Le sommet de la Dent d'Oche, vu du nord d'avion.
f.dO = faille du sommet de la Dent d'Oche ; f.cR = faille transversale du col de Rebollion
(N.B. : la crête du Château d'Oche se confond ici avec la crête orientale de la Dent d'Oche, alors qu'elle est en arrière-plan)

Ces calcaires, déjà stratigraphiquement épais, y sont en outre presque redoublés par une petite faille de chevauchement secondaire qui franchit la crête 100 m à l'est du refuge (lequel est construit sur une épaule de l'arête ouest) : c'est cette cassure qui détermine le dernier ressaut qu'il faut franchir pour finir d'atteindre le sommet.

image sensible au survol et au clic

Le site du Refuge et l'arête ouest de la Dent d'Oche vus du sommet.(cliché original obligeamment communiqué par Mme Flore GIDON ).
f.dO = faille du sommet de la Dent d'Oche.

 Du côté sud la puissante lame calcaire du Jurassique supérieur de la Dent d'Oche s'enfonce de façon normale sous les calcschistes néocrétacés dans lesquels est ouvert le vallon d'Oche. Ce dernier, qui culmine à l'étroit col de Planchamp qui a la structure d'un "val", puisque ces calcschistes y occupent le cœur d'un synclinal d'Oche. Mais ce pli est par contre très peu ouvert, car les calcaires du Malm de la face nord du Château d'Oche, qui constituent le puissant abrupt de son flanc sud y sont presque verticaux.
image sensible au survol et au clic

Le vallon d'Oche, vu de l'ouest, d'avion, depuis l'aplomb de Vacheresse.
f.dO = faille du refuge de la Dent d'Oche ; f.cR = faille transversale du col de Rebollion (rejet dextre) ; ØcO = chevauchement des chalets et du Château d'Oche ; s.O = synclinal d'Oche.

Ce sommet du Château d'Oche correspond donc, pour l'essentiel, au Malm du flanc nord de l'anticlinal immédiatement plus méridional, c'est-à-dire de celui de Pelluaz. Il est affecté en outre par un chevauchement du Château d'Oche qui y fait reposer du Trias sur le Malm. Cet accident prolonge sans ambiguité celui bien caractérisé à ce égard qui se manifeste dans les basses pentes du vallon d'Oche en faisant chevaucher la partie méridionale de l'anticlinal de Pelluaz sur le Malm redressé du flanc sud du synclinal d'Oche.
image sensible au survol et au clic

Le vallon d'Oche vu d'enfilade, de l'est, depuis les pentes du col de Planchamp. (cliché original obligeamment communiqué par M. Méril COGNET) .
a.P = anticlinal de Pelluaz ; s.O = synclinal d'Oche ; ØcO = chevauchement du Château d'Oche ; d.B = décrochement de Bonnevaux.
"fH" = flysch à helminthoïdes (nappe de la Simme).

 Mais la coupe naturelle que donne la terminaison occidentale de la crête rocheuse, entre les vallons convergents du col de Planchamp et des Portes d'Oche, montre que ce dispositif est affecté de complexités supplémentaires.
image sensible au survol et au clic

Le vallon des Portes d'Oche, vu de l'ouest depuis le lac de la Case. (cliché original obligeamment communiqué par M. Méril COGNET) .
s.O = synclinal d'Oche ; a.cO = repli anticlinal du Château d'Oche (c'est par l'effet de la perspective que le Malm à l'air de dessiner un pli couché) ; s.cO = repli synclinal renversé du Château d'Oche ; ØcO = chevauc hement du Château d'Oche ; a.P = anticlinal de Pelluaz à l'est du chevauchement ; f.Po? = faille des Portes d'Oche.

En premier lieu, au bas de ces abrupts, le Malm du sommet du Château se renverse vers l'ouest, avant de décrire un repli synclinal à plan axial plongeant vers le NW par lequel il se raccorde, plus bas et plus à l'ouest, à la lame redressée qui suit la rive gauche du talweg d'Oche (ce repli affecte donc un dessin antiforme bombé vers le sud).
Il est remarquable que le contact tectonique Trias sur Malm décrit les mêmes contorsions que le flanc de ce pli : elles sont donc intervenues plus tardivement que son jeu chevauchant.

D'autre part la partie méridionale de l'anticlinal de Pelluaz affleure au sud du col des Portes de façon imprévue. En effet sa voûte de Malm (à l'endroit), qui forme les Aiguilles de Darbon, est juxtaposée au Trias du repli que dessine le Malm renversé au nord du col, Cela ne peut s'expliquer que par le jeu en extension d'une cassure tardive (la faille des Portes d'Oche) abaissant cette partie méridionale de l'anticlinal de Pelluaz.
Par son orientation NW-SE, son attitude sub-verticale et son rejet cartographique, cette faille semble être un décrochement dextre. Ses rapports avec le flanc méridional du synclinal d'Oche montrent qu'elle est également plus tardive que la torsion en "surdéversement" que subit là ce dernier.
Quoi qu'il en soit l'origine précise de ces complications, propres à ce petit secteur, reste à ma connaissance plutôt obscure ...

 Le versant nord-oriental de la montagne est, quant à lui, entaillé presque orthogonalement aux structures, ce qui en donne donc une bonne coupe naturelle d'ensemble.

image sensible au survol et au clic

Le Château et la Dent d'Oche, vus du nord-est, d'avion, depuis l'aplomb du hameau de La Planche (vallon de Novel).
a.R = anticlinal de Rianda ; ØO = chevauchement de la Dent d'Oche ; f.dO = faille du sommet de la Dent d'Oche ; s.O = synclinal d'Oche.
Les tirets bleus correspondent à la base des calcaires du Malm supérieur ; en rouge les surfaces de chevauchement soulignées par la présence de couches triasiques à la base de leur unité chevauchante.
D = Dogger ("à Cancellophycus") ; jms = "couches de Vervine" (calcschistes du Bajocien-Oxfordien, propres à ce chaînon) ; fH = flysch de la nappe de la Simme.

 Mieux encore que sur le versant nord-ouest, on y voit que les abrupts du Malm de la crête de la Dent d'Oche couronnent une succession normale, mais d'épaisseur très réduite, dont la base est formée par du Trias supérieur argilo-dolomitique. Ce dernier repose en chevauchement sur un dispositif plissé où les couches du Malm sont beaucoup moins épaisses et où le Dogger est présent sous la forme de l'épaisse série marno-calcaire dite des "couches à Cancellophycus".

 Cette opposition annonce celle entre "Médianes rigides" (compartiment chevauchant) et "Médianes plastiques" (compartiment chevauché). [voir à ce sujet la page"stratigraphie"], à cela près que les calcaires du Trias moyen (caractéristiques des "rigides") ne sont pas représentés dans la semelle du chevauchement de la Dent d'Oche.

 

 

    aperçu général sur le massif du Chablais  

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Thonon - Châtel
.
Carte géologique très simplifiée de la bordure septentrionale du Chablais
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074.


Mémises

Novel
 

LOCALITÉS VOISINES

Grammont

Mont Baron, Vacheresse

Bénévent

Cornettes de Bise
N.B. Les localités entre parenthèses appartiennent à une autre section du site et leur page s'ouvrira avec l'en-tête correspondant.

 accueil section CHABLAIS

début de la page
Dent d'Oche

sommaire de GEOL_ALP

Aller à la page d'accueil du site
Dernières retouches apportées à cette page le 21/11/24