Taninges, Châtillon-sur-Cluses, Mont Orchez |
La petite ville de Taninges est située au confluent du Doron, qui draine la cuvette des Gets, avec la vallée du Giffre (qui court là parallèlement à celle de l'Arve). Du côté oriental, en amont de Taninges, cette dernière suit pratiquement, depuis Verchaix (en aval de Samoëns), le pied du rebord d'érosion méridional de la grande klippe constituée par les affleurements de la nappe de La Brèche.
À l'aplomb même de Taninges ce rebord d'érosion est constitué par le versant méridional de la crête de la Pointe de Marcelly, qui tombe sur la vallée par un abrupt de plus de 1000 m d'un seul jet. Ce dernier, qui marque l'extrême limite méridionale des affleurements du matériel de cette nappe, semble être essentiellement d'origine tectonique : il apparaît en effet comme dû au sectionnement de la tranche des couches de la nappe de la Brèche par une grande cassure sub-verticale sénestre orientée NW-SE, le décrochement de Taninges, dont le tracé est évident au pied ouest du sommet de la montagne.
Le rejet horizontal de ce décrochement de Taninges se manifeste notamment par l'interruption, au pied de l'abrupt, des deux unités imbriquées, appartenant aux nappes médianes, que le Giffre traverse sur la transversale de la Pointe de Marcelly (voir le cliché en fin de page) : au nord de la cassure on retrouve leur prolongement, décalé d'environ 2 km vers l'ouest (c'est-à-dire dans le sens sénestre), dans les pentes dominant Matringes (voir la page "Mieussy"). La carte géologique au 1/50.000°, feuille "Samoëns", n'en fait curieusement pas état ... |
La partie haute de l'agglomération de Taninges est bâtie sur des affleurements de Trias dolomitique que le Foron entaille en gorges et qui affleurent également à l'ouest du hameau de Marcelly. Ils reposent stratigraphiquement (par l'intermédiaire de quartzites werféniens et de Verrucano) sur des grès et des schistes houillers, qui sont en définitive les terrains les plus anciens appartenant la la nappe de la Brèche.
Ces affleurements, dont le matériel a un caractère très briançonnais, ont d'abord été interprétés comme représentant le soubassement stratigraphique normal de la succession jurassique de la nappe de la Brèche. Les auteurs plus récents (notice de la carte au 50.000° Samoëns) y voient plutôt des méga-blocs, éboulés depuis le domaine briançonnais proche, qui auraient été inclus, au Jurassique, dans la sédimentation de la marge nord-occidentale de la nappe de La Brèche. Mais dans l'une et l'autre de ces deux interprétations ils appartiennent à cette nappe et ne se trouvent donc pas sous sa surface de chevauchement (contrairement à ce qui est dessiné sur la carte géologique au 1/50.000°, feuille "Samoëns"). |
À l'est de Taninges le tracé de la vallée du Giffre est très vraisemblablement dirigé par le décrochement de Taninges : cela explique pourquoi les affleurements de matériel helvétique du soubassement de la nappe de la Brèche affleurent assez haut dans les pentes de Morillon (qui appartiennent à sa lèvre méridionale) ; ils y supportent une klippe* très vraisemblablement rapportable à la nappe de La Brèche (bien qu'elle ne soit presque constituée que de Trias) dont la surface de chevauchement est fortement surhaussée par rapport à son altitude en versant nord de la vallée
Au sud de Taninges la plaine alluviale du Giffre est séparée de celle de l'Arve par le petit chaînon, presque E-W, du Mont Orchez que la route D.902 menant de Taninges à Cluses, franchit aisément au col de Châtillon-sur-Cluses.
Autour de ce col, ainsi que plus à l'est, en direction de Saint-Sigismond et de Morillon, ce chaînon n'est constitué que de molles collines : il est en effet constitué par le matériel riche en marnes du Nummulitique autochtone et des unités ultra-helvétiques qui lui sont superposées (notamment marnes et schistes argilo-gréseux du Jurassique moyen des Choseaux).
Par contre dans sa partie occidentale il acquiert beaucoup plus de vigueur car il est surtout formé par des calcaires qui appartiennent aux nappes médianes : ces sont notamment les calcaires massifs du Malm de l'unité de la Haute Pointe, ployés en un synclinal couché (synclinal de Mieussy), qui forment le piton rocheux du Mont Orchez lui-même.
On peut noter enfin que, en rive méridionale du Giffre (c'est-à-dire au sud du décrochement de Taninges), la nappe de la Brèche n'affleure pas, au sommet de l'empilement tectonique, à la différence de ce que l'on observe en rive droite. Il existe toutefois un témoin de cette nappe en rive gauche du Giffre, plus à l'est, sur l'échine entre Morillon et Saint-Sigismond (voir la page "Morillon") ; mais il y est posé en klippe sur les écailles de l'ultra-helvétique. Cette situation suggère que les terrains de cette zone doivent aussi être présents en profondeur, sous le houiller de la nappe de la Brèche mais que, du côté septentrional du décrochement de Taninges, ils sont fortement abaissés par la composante verticale du jeu de cette cassure. |
aperçu général sur le massif du Chablais |
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