Minéraux de Chartreuse |
Le massif de la Chartreuse ne recèle que peu de minéraux susceptibles d'intéresser le collectionneur. Tous les minéraux siliceux (et notamment le quartz cristallisé) y sont rares, en raison de la nature principalement calcaire des roches.
Le minéral le plus courant est donc la Calcite.
On la rencontre dans deux habitats et sous deux aspects distincts.
D'abord elle constitue souvent le remplissage de fentes
ouvertes par les déformations tectoniques, et présente
alors des cristaux assez bien formés et montrant leurs
facettes lorsque la fente n'a pas été totalement
comblée.
Elle peut ensuite constituer des colonnes ou des planchers
stalagmitiques, caractérisés par une structure
fibreuse en couches concentriques mamelonnées : ces derniers
sont parfois dégagés naturellement par l'érosion
qui éventre les cavités où ils s'étaient
formés mais se rencontreront plus facilement dans les ouvertures
artificielles (entailles de routes).
Un autre minéral que l'on peut rencontrer en
abondance est le silex (silice non cristallisée)
qui se trouve à l'état de concrétions arrondies,
dans certains calcaires. Deux niveaux en sont plus particulièrement
riches :
- Le Sénonien
supérieur, où ils sont parfois assez clairs
(couleur miel fréquemment)
- Les calcaires du Fontanil,
où ils sont plutôt sombres (bruns à noirs),
surtout en cassure :
Des minerais de fer locaux ont été
exploités très activement par les Chartreux (avant
de traiter des minerais importés).
On trouve à ce sujet, dans l'ouvrage de A. BOUCHAYER ("LES
CHARTREUX MAITRES DE FORGES", éd. Didier & Richard,
1927), un bref passage concernant la localisation des mines :
"Les richesses minérales du Massif cartusien ont
été décrites par de nombreux prospecteurs
et les archéologues ont retrouvé sur les carreaux
d'exploitations les traces de petites fonderies forestières
au voisinage de crassiers antérieurs à l'arrivée
des Chartreux. Ces découvertes permettent de fixer au moins
trois districts miniers qu'on peut placer dans l'ordre suivant
quant à leur importance :
- Bovinant, sur les crêtes nord du désert,
au col du même nom conduisant de la vallée du Guiers-Mort
à celle du Guiers-Vif, on trouve d'importants restes, ainsi
que des fouilles alignées sur des centaines de mètres.
En quittant les régions de pâturages, on pénètre
dans le cirque dit « les Éparres », encombré
de fouilles anciennes. Le sentier en lacets qui mène au
col est le dernier vestige d'une large voie dallée où,
mêlées aux pierres, des scories témoignent
d'un premier traitement subi à la mine.
- La Paroisse, au col du Cucheron, conserve des galeries
encore visibles au-dessous du Plan, vers la Combe de la Ferrière.
Le minerai était descendu au Pré du fer,
où devait se trouver le fourneau primitif dont le nom du
lieu-dit Massot a gardé le souvenir.
- Dans la région de Curière, la minière
de la Charmette formait le troisième district."
Ces indications, et les descriptions relatives
au travail des mineurs, indiquent que le minerai était
exploité dans des cavités (les "fosses")
qui s'enfonçaient dans les dalles calcaires de l'Urgonien
ou du Tithonique. Ces mines ne correspondaient donc pas à
l'exploitation de niveau ferrifères intercalés dans
les strates (filons stratiformes) mais à d'anciennes cavités
karstiques.
Une des origines possibles est que ces poches aient été
remplies par des produits de lessivage de sols fortement oxydés
lors de périodes de climat chaud, sans doute au Quaternaire
ancien. Une autre pourrait être qu'il s'agit de montées,
le long de failles, depuis le soubassement profond (depuis des
couches d'âge secondaire ou depuis le socle cristallin ?).