Vallon de Berland, Rochers du Frou et du Quartier |
Le vallon de Berland, qui s'abaisse doucement en direction de Saint-Laurent-du-Pont est brutalement tranché du côté nord par la gorge aval du Guiers Vif qui débouche dans la plaine des Échelles au niveau de Saint-Christophe (cf. page Saint-Christophe). C'est un val jurassien très ouvert, avec un cœur de molasse miocène bordé par des flancs de synclinal urgoniens (en effet sur cette transversale de la marge ouest de la Chartreuse l'érosion du Tertiaire inférieur a enlevé tout le Sénonien (qui est cependant conservé de façon partielle au cœur du synclinal au nord du Guiers).
Au sud immédiat du village de Berland s'étend la petite plaine marécageuse de Richardière. Elle correspond à une dépression barrée à l'aval (au nord du village de La Marine) par un important éboulement ancien. Son remplissage d'alluvions fluviatiles a été apporté par le talweg (maintenant asséché) d'un cours d'eau qui y parvenait depuis le nord en prenant naissance au village du Châtelard : il doit donc nécessairement s'agir d'un ancien cours du Guiers. Il semble même que celui-ci franchissait alors la barre rocheuse boisée dominant le village : en effet celle-ci présente une encoche dans laquelle on observe d'anciennes marmites de géant. |
Le pli qui correspond à ce val est le prolongement méridional du grand synclinal de Couz qui se caractérise plus clairement au nord du Guiers et qui s'y prolonge vers le nord par la dépression de Chambéry et du lac du Bourget.
Toutefois aux abords de l'entaille des gorges du Guiers Vif la manière dont se dessine cette structure majeure subit deux modifications :
1 - Du côté ouest le flanc ouest du synclinal (qui s'élève vers la voûte de l'anticlinal du Mont du Chat) est rompu en biais par une cassure extensive à lèvre occidentale abaissée, la faille du Mont Beauvoir (voir la page "Saint-Christophe"). C'est l'escarpement de faille de cette cassure qui détermine la longue rampe que la D 520c gravit en encorbellement entre Saint-Christophe et Berland. Son rebord supérieur que la route franchit par un double lacet est formé par l'Urgonien ne forme qu'une échine peu saillante qui s'abaisse doucement vers le sud; elle s'enfonce finalement sous la molasse miocène à la latitude du hameau de La Tour, avant même d'atteindre le niveau de la plaine alluviale de Saint-Laurent-du-Pont.
On peut considérer que celle faille sépare le synclinal de Berland du synclinal de Voreppe proprement dit, mais ce n'est tout de même qu'un accident très accessoire. En réalité le fait que le vallon s'abaisse en s'ouvrant vers le sud et que le rebord de faille de son flanc ouest s'efface dans la plaine vers le sud résulte clairement du plongement axial de ce synclinal dans cette direction.
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2- Du côté oriental le synclinal de Couz s'accidente d'un repli anticlinal qui nait au sud de Saint-Jean de Couz. Cet anticlinal des Égaux, embryon septentrional de la Chartreuse occidentale, sépare en fait le synclinal de Berland du synclinal des Égaux, lequel se prolonge vers le sud par le grand synclinal de Proveysieux. D'autre part à la traversée du Guiers le flanc ouest de l'anticlinal des Égaux se rompt par apparition de la faille de Voreppe (fV), dont le rejet prend une ampleur croissante vers le sud (voir la page "Égaux").
L'Urgonien du flanc du synclinal de Berland affleure encore au nord, rebroussé à la verticale sous le chevauchement de la Chartreuse occidentale aux abords du Châtelard (voir la page "Grand Frou"). Au sud de Berland cet Urgonien disparaît, car il est coiffé par les calcaires du Fontanil qui constituent ici la base de la succession chevauchante et s'avancent jusque sur la molasse miocène du synclinal (en outre le contact tectonique y est le plus souvent masqué par une nappe d'éboulis).
L'Urgonien du flanc ouest de l'anticlinal des Égaux ayant été enlevé par l'érosion le versant oriental du vallon est simplement couronné par les falaises urgoniennes du flanc oriental de ce pli, qui courent depuis
les Rochers du Grand Frou jusqu'à l'entrée de la
vallée du Guiers Mort. Ces pentes représentent alors le front
de la Chartreuse occidental, repoussé
sur le sillon molassique périalpin* par la faille de Voreppe
(= chevauchement de la Chartreuse occidentale, Ø1).
Quant à la branche Berland du synclinal de Couz, dont l'Urgonien du flanc oriental a disparu sous le chevauchement, elle se fond
vers le sud dans le synclinal de Voreppe, dont elle n'est plus
séparée par la faille du Mont Beauvoir que jusque à La Tour d'Aiguenoire.
(figure plus grande) Série de 4 coupes le long du rebord occidental du massif de la Chartreuse. Ces coupes se succèdent du nord au sud (dans l'ordre A, B, C, D), depuis la vallée du Guiers Vif jusqu'à celle du Guiers Mort. Elles sont perpendiculaires au chevauchement de la Chartreuse occidentale Ø1 dont l'anticlinal des Égaux apparaît un peu comme le crochon frontal. Le chevauchement sectionne d'autre part deux ondulations des couches, d'abord l'anticlinal de Fourvoirie, puis, plus à l'ouest, le synclinal "de la Ruchère". L'une et l'autre sont de larges torsions, orientées NE-SW (c'est à dire obliquement à la direction habituelle, plus méridienne, des plis du massifs : elles leurs sont donc « trans-axiales »). La coupe B passe peu au nord de Berland, à travers les collines qui séparent le village de la gorge du Guiers Vif. |
En définitive le synclinal de Berland présente une nette dissymétrie qui correspond à son déversement vers l'ouest, mais aussi aux dispositions particulières de ses deux flancs. Cela se traduit clairement par la différence de relief entre les deux bordures du vallon.
La falaise urgonienne qui court depuis les Rochers du Grand Frou jusqu'à l'entrée de la vallée du Guiers Mort représente le côté abrupt du crêt dont le revers oriental porte les hameaux de La Ruchère. On devrait donc y observer la passage des cassures de décrochement qui aboutissent, vers le sud-ouest, dans ce secteur (voir la page "La Ruchère").
De fait, si cette barrière rocheuse paraît
presque sans défaut, une recherche attentive dans sa partie
méridionale permet de repérer deux de ces failles
:
- Le tracé de la branche septentrionale du décrochement
de l'Alpette passe en pleine falaise des Rochers du Quartier,
à l'aplomb du village de Colombaise ; mais il est très
amorti car il ne présente qu'un très modeste rejet
vertical (à tel point qu'il n'a pas été représenté
sur la carte Géologique au 1/50.000°).
- Le décrochement du Pas Dinay détermine,
beaucoup plus au sud, l'échancrure du col de la Sariette,
puis traverse à flancs de pente en direction de Fourvoirie.
Une autre cassure, beaucoup plus visible, traverse la falaise, au dessus de la Forêt de Combignon, entre les Rochers du Quartier et ceux du Frou. Mais il ne saurait s'agir d'un décrochement car elle présente un pendage faiblement incliné vers le nord et un rejet de faille compressive ("inverse") à vergence sud.
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Les caractéristiques géométriques de cette dernière faille sont
tout-à-fait exceptionnelles en Chartreuse, et l'on ne peut
que s'interroger sur la nature et l'âge des efforts tectoniques
qui l'ont créée. Par ailleurs cette faille
ne correspond à aucune cassure formellement reconnue sur
le versant de La Ruchère (qui est boisé et partiellement
couvert de moraine) mais elle semble se manifester, entre la crête
et le village des Reverdys, par un fort décalage dextre
du tracé cartographique du niveau des couches à
Orbitolines. |
sN = synclinal de Novalaise ; a.L = anticlinal de Lépine - Mont du Chat ; sV = synclinal de Voreppe ; f.B = faille du Mont Beauvoir ; sC = synclinal de Couz ; fV (= Ø1) = faille de Voreppe ; aEg = anticlinal des Égaux (= anticlinal de la Chartreuse occidentale) ; aC = anticlinal du Couvent (= anticlinal de la Chartreuse médiane). légende des couleurs et des figurés |
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Saint-Christophe / Guiers |
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Berland |
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