Route du Charmant Som : partie amont |
Dans les lacets supérieurs de la route, aux abords méridionaux de l'oratoire d'Orgeval, l'entaille de la route pastorale montant aux haberts du Charmant Som recoupe un dispositif structural un peu complexe qui affecte l'anticlinal du Charmant Som et que l'on a appelé l'écaille de Canaple.
Carte topographique de la route sylvo-pastorale du flanc de la montagne de Canaple (portant le tracé de la route D.57d, la portion correspondante de l'itinéraire n°1H et quelques indications structurales grossières). |
En effet, à partir de ce point en direction du sud, la tranche supérieure des couches ployées par l'anticlinal du Charmant Som (au dessus des couches à Orbitolines) s'est rompue au niveau de la voûte du pli et l'Urgonien supérieur du flanc oriental du pli s'est détaché en glissant vers l'ouest sur les couches à Orbitolines. Il s'est ainsi formé une "mini - nappe de charriage" qui s'est avancée en chevauchement vers l'ouest sur les couches du flanc ouest du pli ; elle les a en outre rebroussées en crochon et y a induit la formation d'une série de failles secondaires, mineures ("de Riedel"), qui les sectionnent sub-horizontalement.
Les étapes de la gestation de cette structure s'observent du nord vers le sud en comparant les transversales successives, comme le résume la figure ci-après :
figure plus grande (page nouvelle) |
Individualisation progressive de l'écaille de Canaple. Le décollement progressif de l'écaille, aux dépens du flanc E de l'anticlinal du Charmant Som, s'accentue du nord au sud depuis le Charmant Som (où l'on ne rencontre que de modestes ébauches de chevauchement vers l'ouest de l'Urgonien supérieur), en passant par le parking 1634 (de l'oratoire d'Orgeval), où le crochon est déjà amplement dessiné. Ces schémas mettent en évidence le rôle de l'"entraînement", sous l'effet de l'avancée du chevauchement de la Chartreuse orientale, qui est probablement à l'origine du décollement de l'écaille. L'ordre de numérotation de ces coupes évoque
le fait qu'elles récapitulent sans doute aussi les étapes
chronologiques qui se sont succédées lorsque l'écaille
a progressé. |
Entre l'antécime du Charmant Som et l'oratoire d'Orgeval l'Urgonien supérieur et la Lumachelle du flanc ouest de l'anticlinal du Charmant Som prennent un pendage de plus en plus redressé et commencent à se renverser vers l'ouest à partir du point coté 1676.
Le passage entre le stade 2 et le stade 3, c'est-à-dire le début du chevauchement de l'Urgonien supérieur décollé, se manifeste sur la crête entre antécime et oratoire, donc aux alentours de la butte cotée 1676. Or c'est à peu près en ce point aussi qu'aboutit l'extrémité SW du décrochement de Maubouchet (voir la page "Versant est"). Le reserrement de la charnière de l'anticlinal que l'amortisement de ce décrochement a infligé là à sa lèvre méridionale peut donc apparaître comme une cause vraisemblable de la rupture et du départ en chevauchement de la dalle de l'Urgonien supérieur . |
À l'oratoire d'Orgeval (parking coté 1634) la route débouche dans les alpages du Charmant Som. On y observe bien la succession, désormais renversée vers l'ouest, qui est celle du flanc oriental du synclinal des Haberts ; mais sur cette transversale il n'y a pas encore trace visible de l'écaille de Canaple, qui y a été décapée par l'érosion.
L'oratoire d'Orgeval vu du sud-ouest, depuis le flanc est de la crête qui mène à Canaple a.CS = anticlinal du Charmant Som ; ØC = position virtuelle ("dans le ciel") du chevauchement de l'écaille de Canaple. Les couches de premier plan prolongent celles du versant gauche de l'antécime sud du Charmant Som, à cela près que leur pendage a basculé vers l'ouest, en se renversant vers la gauche (cf schéma ci-après). |
Le changement entre la coupe donnée par l'antécime et celle de l'oratoire d'Orgeval est dû au relèvement axial des structures (vers le nord), qui a pour effet que celles-ci sont tranchées de plus en plus profondément par l'érosion, en allant du sud vers le nord (voir schéma ci-après) ; au contraire, vers le sud, l'enfoncement des structures va permettre à l'écaille de Canaple d'échapper à l'ablation par l'érosion (à partir du 4° lacet).
Stéréogramme schématique des abords septentrionaux d'Orgeval. Le plongement axial (vers le sud) des plis du Charmant Som est plus fort que la perte d'altitude globale de la surface topographique. C'est cette disposition qui permet de comprendre la disparition "dans le ciel", au nord de l'oratoire d'Orgeval, de la charnière qui est responsable du renversement de l'Urgonien supérieur du flanc ouest de l'anticlinal du Charmant Som (cette "charnière de renversement" est en fait le crochon* du chevauchement de l'écaille de Canaple). |
Entre l'oratoire d'Orgeval et le 4° lacet, la route suit sensiblement la limite entre les couches de la Lumachelle et celles de l'Urgonien supérieur en recoupant de place en place cette dernière. Cela permet de voir que cet interface est décalé par une succession de failles mineures qui sont en fait des cassures "de Riedel" induites par l'avancée du chevauchement de l'écaille de Canaple (encore érodée, "dans le ciel" à cette latitude).
Coupe d'ensemble du flanc oriental du synclinal
des Haberts
le long de la route D57d, en amont de sa traversée
par le télésiège (entre les points 11b
et 13c de la carte).
Noter le rebroussement des couches vers l'ouest, qui est plus
ou moins marqué selon que l'on se trouve plus ou moins
haut dans la coupe, et leur découpage à plusieurs
reprises par des failles à faible pendage vers l'ouest
qui ramènent l'Urgonien en contact brutal sur la Lumachelle.
Une de ces failles est bien observable 150 m en amont du 4 lacet
(point 11b) : les couches de la Lumachelle y montrent un crochonnement
donnant un dessin sigmoïde (cliché ci-après).
La position de sa surface basale de l'écaille de Canaple,
enlevée par l'érosion, est indiquée ``dans
le ciel'' par un tireté gras.
Le quatrième lacet de la route D57d,
vu du sud, depuis le départ de la piste forestière
de Canaple.
(ces affleurements sont ceux figurés, avec une orientation inversée, par la coupe inférieure du schéma de fin de page)
La charnière s.H symbolise la présence en
profondeur (non visible !) du cochon du flanc oriental du synclinal
des Haberts qui est responsable du renversement des couches.
Les affleurements d'Urgonien désignés à l'extrême
droite sont ceux du point 11b.
Le matériel de l'écaille de Canaple, érodé en amont (nord) du 4° lacet de la route commence à affleurer au sud-ouest de ce lacet. Il est constitué par une lame d'Urgonien supérieur, épaisse de quelques dizaines de mètres, qui forme une petite falaise dominant un abri sous roche (son extrémité gauche est recoupée par la piste forestière qui mène, en direction du SW, à la crête de Canaple).
La falaise dominant, du côté ouest,
le quatrième lacet de la route D57d, au départ de la piste forestière de Canaple, vue
de l'est, depuis l'intérieur du tournant de la route (ce
cliché montre la suite, vers la gauche, des affleurements
de bord de route représentés sur le cliché
précédent).
ØC = surface de chevauchement de l'écaille
de Canaple. Son inclinaison, vers la gauche, correspond pour une
large part au plongement axial, vers le sud, qui affecte toutes
les structures de ce secteur (plus qu'à l'inclinaison vers
l'est que cette surface présente sur la coupe).
Il faut aller sous l'auvent ("grotte" du schéma)
que détermine la surface de chevauchement pour observer
les détails du compartiment chevauché (pendages
de couches, failles secondaires), qui sont représentés
sur le schéma ci-après.
Deux coupes au niveau du 4° lacet (point
11a)
La représentation choisie (avec l'ouest à droite,
à l'inverse de la coupe d'ensemble) correspond à
la vue que l'on a en regardant vers le sud-est (et vers le bas)
depuis un point situé sur la route, environ 100 m en amont
du lacet (cliché). Bien qu'orientée dans l'ensemble
NE-SW la route pénètre structuralement vers l'ouest
en montant vers le lacet et s'en dégage vers l'est dans
le tronçon immédiatement au delà du lacet
(voir le cliché plus haut).
Les deux coupes représentées sont décalées
de quelques dizaines de mètres de part et d'autre du 4°
lacet et projetées sur un même plan pour montrer
leur complémentarité. Leur assemblage montre comment
les faits que l'on observe de part et d'autre du lacet de la route
se coordonnent sans problème, bien qu'à première
vue ils apparaissent assez peu cohérents entre eux.
Cette impression résulte simplement de ce que l'érosion
a décapé plus profondément au NE qu'au SW
du lacet. De ce fait, au sud et à l'ouest du lacet, le
flanc oriental (redressé à la verticale) du synclinal
des Haberts reste masqué sous l'écaille de Canaple.
Au contraire, au nord et à l'est, c'est lui qui affleure,
car l'écaille de Canaple y est enlevée par l'érosion.
Pages consacrées à la montagne du Charmant Som
carte géologique détaillée du chaînon du Charmant Som | ||
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Ce secteur est visité par les itinéraires du fascicule n°1H
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuilles Grenoble et Domène
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Saint-Hugues |
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