Lus-la-Croix-Haute |
La bourgade de Lus est l'agglomération principale d'une ample dépression à fond presque plat qui s'étend vers le nord jusqu'aux abords du col de la Croix-Haute. Elle correspond structuralement à une cuvette synclinale, allongée N-S, dont le coeur de sables éocènes et surtout de Molasse Rouge oligocène, nettement plus tendre que les calcaires sénoniens de ses flancs, a été en partie évidé et presque aplani par l'érosion (c'est donc un "val"* très caractéristique).
Cette cuvette draine les eaux du Bochaine septentrional qui sont rassemblées au sud du col de la Croix-Haute par le ruisseau du Lunel ; ce dernier, que longe la N75, suit la bordure ouest des affleurements tertiaires. Le cours amont du Grand Buëch ne suit en aucune manière l'axe de ce synclinal de Lus et lui est même transversal : il coupe deux fois le rebord de la dalle sénonienne qui dessine la fermeture méridionale de la cuvette : d'abord sur son flanc est, dans les gorges du Trabuëch (qui descendent de La Jarjatte vers Lus), puis sur son flanc sud-ouest, avant de confluer avec le Lunel au sud de Lus, au prix d'une gorge traversant la corniche sénonienne.
Les couches tertiaires du coeur de la cuvette affleurent plutôt mal car elles sont largement cachées par les douces prairies dont elles ont permis l'installation et, dans les pentes du col de la Croix-Haute, par des dépôts glaciaires. Ces derniers ont été amenés là par une diffluence du glacier du Drac, qui envoyait une langue vers le sud depuis sa masse principale qui remplissait le Trièves.
La partie la plus large de la cuvette de Lus, qui se situe à la latitude de cette localité, correspond à un ensellement* du grand synclinal de Lus : son axe, orienté N-NW - S-SE, s'élève en effet vers le nord, pour passer au dessus du Trièves, et vers le sud pour passer au dessus du vallon de Durbon. Ceci a pour effet, dans les deux cas, de faire réapparaître à l'affleurement les terrains anté-sénoniens (dans lesquels la structure synclinale N-S ne se distingue plus que difficilement car elle y interfère avec les plis E-W anté-sénoniens, plus énergiques et de ce fait beaucoup plus visibles).
De tels plis sont également visibles sur les deux flancs du synclinal, notamment du côté occidental, à l'ouest du rebord de la dalle des calcaires sénoniens qui les cachète*.
On y repère particulièrement les synclinaux (synclinal du Grisou, du sommet Basset et du Roc Bernon) par la présence d'un cœur de marnes bleues conservé sous le Sénonien. Les anticlinaux tels celui des gorges de Tousière ou de celles du Ruisseau des Chaumets sont surtout attestés par le fait qu'à leur vôute la succession des couches anté-sénoniennes est amputé plus ou moins profondément (le plus souvent jusqu'au Berriasien).
On repère surtout l'emplacement de ces anticlinaux par l'incurvation que dessine la barre tithonique. Mais en fait celle-ci consiste en deux charnières distinctes et assez distantes, l'une septentrionale l'autre méridionale ; entre les deux les couches tendent à se paralléliser à la surface de transgression du Sénonien, de sorte que la discordance angulaire à la vôute du pli est difficilement perceptible et sans point d'inversion localisable.
Cet "aplatissement" des voûtes anticlinales peut s'interpréter de deux façons : soit comme une disposition originelle correspondant à des plis coffrés*, soit comme le résultat d'un écrasement contre la dalle sénonienne lors du ploiement de cette dernière par la formation du synclinal le Lus. En fait il est bien possible que ces deux facteurs se soient additionnés. |
Vers le nord, aux approches du col de la Croix Haute, la cuvette de Lus se rétrécit et se transforme en un val qui s'étrangle au point de plus avoir de remplissage tertiaire. Cela est en grande partie dû au fait que le fond du synclinal de Lus s'accidente d'un repli, l'anticlinal du Boutouret, dont le Sénonien émerge en dessinant une voûte périclinale* au nord des Sièzes (voir la page "Rognon").
Au nord du col de la Croix-Haute, dans le versant Trièves de ce dernier, la structure synclinale s'efface complètement. Il y a à cela deux raisons ; d'abord l'ablation par l'érosion de toute la partie calcaire de la couverture ensuite le fait que ce dispositif synclinal s'y efface réellement en butant en biais contre le système de failles SW-NE de l'accident de Bonneval (peut-être peut-on pour cette raison envisager d'y voir un pli créé par un jeu coulissant de ce couloir fracturé).
Rapports structuraux entre la transversale de la Matheysine et celle du Bochaine septentrional : Le dôme de La Mure se prolonge par l'anticlinal de la Béoux ; le synclinal de la Matheysine se prolonge par le grand synclinal du Dévoluy (synclinal de Saint-Disdier + synclinal de Saint-Étienne). Par contre le synclinal de Lus ne montre aucune trace d'un prolongement vers le nord, en Trièves (voir à ce sujet la page "Lalley"). |
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petite taille |
(de Lus à Veynes) |
grande taille |
petite taille |
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grande taille |
(Grimone) |
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Aiguilles de Lus | |
(Quigouret, Luzet) |
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