Grande Tête de l'Obiou : sommet et versant oriental |
Vu du côté oriental, notamment depuis les deux rives de la vallée du Drac (par exemple depuis la N.85 au nord de Corps), le sommet de l'Obiou (2789 m) apparaît comme une splendide étrave rocheuse, s'avançant en promontoire vers le nord au dessus du sillon subalpin.
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étymologies probables: "lo Baou" = le sommet rocheux (cf. Les Baux
de Provence, d'après Paul-Louis Rousset) ; |
En fait ce sommet est situé sur une crête secondaire, d'orientation E-W, qui se détache (au Bonnet de l'Évèque) de l'arête principale du long chaînon occidental du Dévoluy : ce dernier, orienté N-S, sépare la dépression centrale du Dévoluy et la vallée du Drac au niveau du Beaumont, à l'est, de la dépression du Trièves, à l'ouest (voir l'autre versant de cette crête à la page "Obiou ouest").
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Les arêtes sommitales de l'Obiou ainsi que la crête de Rattier, qui prolonge de plus de 1 km vers le nord l'éperon rocheux de la crête principale de partage des eaux, sont entièrement formés par les calcaires du Sénonien. Par contre du côté sud-oriental, au nord de la falaise puissante et continue qui, depuis la Tête de Lapras, rejoint le défilé de la Souloise (voir page"Saint-Disdier") l'érosion a dégagé le soubassement oriental de cette crête : celui-ci, formé par le Crétacé inférieur marno-calcaire et surtout par les calcaires de la barre Tithonique, donne un relief de mamelons boisés séparés par de profonde ravines (Jenabran, ravin de la Laisse).
Plus au nord encore, à partir du col de l'Aiguille de Bachillianne, l'érosion a décapé totalement la chape sénonienne et a alors sculpté l'arête même du chaînon dans son soubassement (voir les pages "Châtel" et "Cordéac"), ce qui lui confère un relief bien moins acéré.
Immédiatement à l'aplomb nord-oriental du sommet les hauts ravins du ruisseau de la Laisse entaillent le substratum de la transgression sénonienne, sous le rebord de falaise de la crête secondaire des Chalances, formé par la masse inférieure du Sénonien. Ils montrent que ses couches y sont affectées par un synclinal des Chalanches au cœur duquel affleurent des marnes bleues.
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Au sud-est de l'Obiou, du côté oriental de la crête de partage des eaux, la dalle sénonienne n'est plus entaillée par l'érosion : elle descend, à partir de la Tête de Lapras, avec un pendage modéré (de l'ordre de 20°), jusqu'au fond du synclinal de Saint-Disdier. Elle ne forme cependant pas une dalle structurale car elle a été partiellement entaillée en crêtes secondaires, orientées vers l'E-SE, par des vallons, eux aussi allongés perpendiculairement à la crête principale. Leur pente reste sensiblement comparable à celle des couches de sorte que leur plancher n'atteint nulle par le soubassement du Sénonien et ne montre, comme leurs versants, que les strates du Sénonien parfois mises à nu en dalles structurales par l'érosion glaciaire.
Ces vallons ont en effet été aménagés par des glaciers locaux qui leur ont conféré un modelé bien typique (voir la page "paysages glaciaires du Dévoluy").
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L'examen rapproché de la pyramide
sommitale de l'Obiou montre d'abord combien sa structure est simple, pratiquement monoclinale, avec un pendage modéré de toutes les couches. Ce pendage est celui du flanc ouest du synclinal de Saint-Disdier, dont l'Obiou ne représente finalement qu'un fragment (en forme de volet* isolé par l'érosion). C'est pourquoi les falaises de l'Obiou s'abaissent progressivement vers le sud-est de façon continue, en dépit des incisions capricieuses de l'érosion, jusqu'au niveau du lit de la Souloise (voir la page "Basse Souloise" ).
Toutefois, à l'Obiou l'inclinaison des couches n'est plus orientée vers l'est, comme au sud de Saint-Disdier, mais franchement vers le sud-est : cette inflexion d'azimut est due au relèvement axial vers le nord qui affecte ici le pli (ce qui se traduit également par un surhaussement progressif, du sud vers le nord, des couches du soubassement anté-Sénonien).
Cette remontée générale des couches, parallèlement à celle de l'axe du synclinal, est, bien sûr, la cause essentielle de la disparition des couches sénoniennes en direction du nord. C'est un mouvement d'échelle régionale, qui se poursuit jusqu'à La Mure, où il se manifeste par la mise au jour du Jurassique inférieur au cœur du synclinal (qui correspond là à l'hémigraben de la Matheysine) et au delà, avec la surrection du socle cristallin de Belledonne à partir de la vallée de la Romanche. Il se manifeste aussi plus à l'ouest, où l'anticlinal du "dôme de la Mure", qui borde la Matheysine du côté ouest, s'ennoie vers le sud dans le Jurassique moyen de l'anticlinal de Saint-Jean d'Hérans, puis sous les Terres Noires de la dépression anticlinale du Trièves oriental. |
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L'extrême sommet de l'Obiou, vu d'avion, de l'ouest Cette vue montre, en arrière-plan, le rebord septentrional de la dalle sénonienne qui cerne la cuvette du Dévoluy (voir la page "Sambut"). Les falaises septentrionales du Pic Pierroux semblent prolonger celle du sommet de l'Obiou, ce qui est vrai à ceci près que, entre les deux, passe la vallée de la Souloise. Cela montre en outre que les unes et les autres gagnaient en altitude de façon similaire vers la gauche, c'est-à-dire vers le nord, où l'on se dirige en effet vers la zone surélevée du Dôme de La Mure. Ce relèvement des couches vers le nord les exposait de plus en plus à l'érosion, alors qu'elles ont été conservées plus au sud, où elles s'abaissaient jusqu'au cœur de la cuvette du Dévoluy. |
Au pied est de la pyramide terminale, à proximité du sentier qui monte depuis le col des Faïsses au col du Petit Obiou, une des grottes du pied de falaise (La "Baume de Jalabres") a révélé un remplissage de conglomérats fluviatiles à ciment rouge (voir http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/galets-Obiou.xml). |
En contrebas oriental du sommet de l'Obiou se développe l'important replat d'alpages du col des Faïsses. Celui-ci est constitué, assez paradoxalement compte tenu de son altitude supérieure à 1600 m, par une vaste nappe de cailloutis qui s'étend sur plus de 1 km d'ouest en est et plus de 500 m au nord du col.
Ces cailloutis, cimentés par de la calcite, sont stratifiés, avec un pendage modéré de l'ordre de 15° vers l'est, relativement calibrés (forte prédominance de cailloux décimétriques) et comportent quelques galets arrondis : ils témoignent d'un épandage semi-torrentiel en nappe, fort ancien, se raccordant avec un fond de vallée considérablement plus élevé que celui actuel du Drac : on peut en conclure que leur âge est vraisemblablement antérieur à la glaciation de Mindel. |
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complétez votre exploration géologique de cette montagne en visitant la page "versant ouest de l'Obiou" |
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