Aiguilles d'Arves : leur versant Arvan |
Les trois sommets des Aiguilles d'Arves sont emblématiques de la Maurienne méridionale car, grâce à leur altitude (3514 m. à l'Aiguille méridionale) et à leur relatif isolement, ils pointent à l'horizon dès que l'on s'élève sur les pentes des vallées environnantes. Ils appartienent en fait au long crêt* des couches nummulitiques qui ferme du côté est la dépression des Arves en s'élevant vers le sud depuis la vallée de l'Arc ; mais ils s'en détachent par le fait que les conglomérats de la base Nummulitique, dans lesquels ils sont sculptés atteignent à cette latitude une énorme épaisseur (près de 300m) et sont particulièrement massifs.
Les Aiguilles d'Arves (versant occidental) vues du sud-ouest, d'avion, l'hiver |
En outre cette énorme dalle rocheuse tranche par sa résistance à l'érosion avec son soubassement constitué par les couches en prédominance marneuses du Jurassique supérieur et moyen de la zone ultradauphinoise (pentes couvertes de neige sur le cliché ci-dessus), sur lequel elle repose donc transgressivement*.
Il y a là une très longue lacune stratigraphique, qui correspond à l'ablation, par une érosion intervenue sans doute au début du Nummulitique, de plusieurs milliers de mètres de couches allant de celles du Crétacé supérieur à celles du Jurassique terminal et même, par places du Dogger ; la reprise de sédimentation est intervenue ici au Nummulitique moyen, comme en témoignent la présence de grandes Nummulites (caractéristiques de cette époque) en certains points des conglomérats.
La surface basale des conglomérats correspond en outre à une discordance* des couches nummulitiques par rapport à celles du Jurassique. En effet dans les multiples ravins du pied occidental de la crête, où ces derniers terrains affleurent de façon bien visible un examen attentif permet de constater qu'ils sont affectés de plis qui n'affectent pas le Nummulitique surincombant. En outre ces plis anté-nummulitiques ont une direction d'axe plutôt E-W, très différente de celle, plutôt N-S, des plis qui affectent dans ce secteur les couches nummulitiques.
La charnière du grand anticlinal du Mt Falcon est tranchée en biais par le versant est du vallon du torrent des Aiguilles (voir la page "Mont Falcon") et le talus du pied de ces dernières. Dans ces pentes le tracé de son plan axial se suit sur la surface topographique, d'un niveau stratigraphique au suivant, depuis le NW (Trias du cœur du pli) jusqu'au SE (Dogger du soubassement des Aiguilles). Mais l'orientation de ce tracé n'a rien à voir avec celle de l'axe du pli, qui est presque perpendiculaire au versant et d'orientation proche de E-W. |
Il est à remarquer que l'amas de conglomérats qui forme les Aiguilles d'Arves n'est vraiment épais que sur une largeur qui n'excède guère 2 kilomètres et se réduit rapidement au nord comme au sud (sans disparaître totalement cependant). De sorte que l'on peut penser qu'il s'agit d'une accumulation locale, due à ce que l'on recoupe là l'épandage d'un éboulement. Celui-ci s'inscrit dans le cadre d'un épisode d'érosion de reliefs qui n'étaient certainement pas très proches, car les couches mises à nu ici à cette époque sont principalement marneuses, donc peu propices à une érosion de ce type et ne se retrouvent pas dans les conglomérats.
Les matériaux de ces conglomérats ne proviennent pas non plus de la zone dauphinoise car on y trouve des éléments (notamment des schistes permiens) qui n'y sont pas connus. Ils ont donc été arrachés à un domaine plutôt oriental, que l'on a qualifié de "chaîne arvinche" mais dont la position reste imprécise. On peut penser qu'il correspondait à un secteur de culmination de la bande plissée d'orientation E-W que la surface de transgression recoupe déjà ici, en mettant à nu jusqu'au Lias les coeurs anticlinaux. C'est toutefois plus au nord, en rive droite de l'Arc (à la latitude de Montpascal) que l'on voit apparaître le soubassement permo-houiller dénudé, sous la transgression nummulitique, par une érosion qui est donc susceptible, là, d'avoir alimenté les conglomérats des Arves. |
Au nord des Aiguilles d'Arves les conglomérats nummulitiques ne forment plus l'arête faitière mais affleurent seulement au pied des abrupts du versant occidental de la crête, où ils dominent en général une puissant jupe d'éboulis qui masque le plus souvent les terrains mésozoïques sous-jacents à la surface de discordance* du Nummulitique. Ce versant de la crête de partage des eaux reste relativement rectiligne et correspond, somme toute, à l'abrupt d'un puissant crêt*.
cartes
géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille
La Grave
Carte géologique simplifiée des environs
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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Mont Falcon |
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