Trois-Évêchés, Côte-Plaine |
La rive droite de la Romanche, au nord du Lautaret a, en première approximation, la même structure qu'au nord-est de la Grave. On y observe, sous la transgression discordante* des couches nummulitiques, l'empilement tectonique de deux "écailles", rangées dans le domaine ultradauphinois, dont les contacts de chevauchement sont cachetés par le Nummulitique.
Le versant de rive droite de la Romanche au nord du Lautaret, vu du sud-ouest, depuis la crête du Bec de l'Homme (col du Bec). ØA = chevauchement des Anrouchors (son soubassement est formé par les terrains appartenant à l'écaille de la Buffe) ; d.L = décrochement du Lautaret (rejet sénestre) L'écaille des Anrouchors est une entité complexe au sein de laquelle le Lias est reployé par des plis à coeur triasique fortement déversés vers le nord, avec des axes presque E-W (voir détails plus loin dans cette page). Ces structures sont tranchées et cachetées* par la surface de discordance (dN) des terrains nummulitiques (Flysch des Aiguilles d'Arves et leurs conglomérats de base). À Côte Plaine et dans les pentes de la Montagne de Chaillol cette surface est soulignée par un chapelet de blocs décamétriques de nature variée (notamment de Lias calcaire et de cristallin) qui furent interprétés comme la base d'un chevauchement mais qui sont plus vraisemblablement des olistolites. Le lac du Pontet est logé dans le creux d'une niche d'arrachement au sommet d'un important glissement de terrain (ancien et stabilisé) dont le "ventre" saillant est ceinturé par le tracé de la N 91 au niveau du village des Cours (caché par l'arête de premier plan). |
La crête de Puy Golèfre, qui domine en rive gauche le ravin du Maurian (voir la page "Goléon"), donne une bonne coupe de cet empilement tectonique car son orientation NE-SW est transversalement aux unités qui s'empilent sur le versant du Pontet de la vallée de la Romanche.
L'écaille supérieure, des Anrouchors,
se signale ici par deux traits :
- La présence de plis nettement déversés
vers le nord (donc vraisemblablement dus à la phase
anté-nummulitique) : le plus beau est bien visible à
distance dans le versant sud-ouest de la partie supérieure
de la crête de Puy-Golèfre, au dessus du lac du Pontet.
- Ce pli est souligné par une bande de roche claire : il
ne s'agit pas de dolomies triasiques, comme on pourrait le croire,
mais de calcaires dolomitiques et siliceux du Lias supérieur
(Carixien ?), relativement massifs, dont le faciès évoque
un peu celui du Jurassique marbreux de l'Eychauda.
La succession jurassique de cette écaille des Anrouchors est dans son ensemble plutôt condensée (notamment à l'Aalénien, qui affleure au coeur du synclinal) et riche en faciès relativement détritiques (calcarénites, parfois à entroques, et même grès). Elle provient donc d'un domaine de hauts-fonds, sans doute des hautes pentes d'un bloc basculé dont le socle cristallin nous est caché par les imbrications tectoniques de la couverture sédimentaire (s'agit-il, comme vraisemblable, du prolongement septentrional de celui du Combeynot ?). |
La crête qui descend depuis le sommet des Trois-Évêchés vers le col du Lautaret est traversée en biais, aux abords du col de Côte Plaine, par la surface de transgression du Nummulitique. Le long de celle-ci on observe un chapelet de panneaux plus ou moins volumineux de Lias et de Trias et même de granite.
Les pentes de Côte Plaine, vues du SW d'avion. ØSB = surface de chevauchement des unités subbriançonnaises sur le flysch nummulitique des Aiguilles d'Arves ; D = surface de discordance basale des couches nummulitiques. Les tirets gras blancs cernés de noir soulignent la base des "copeaux" de Côte Plaine ; tD = dolomies et schistes triasiques. N.B. 1 : D'autres copeaux granitiques jalonnent la base du flysch plus au SE, hors de la limite inférieure droite du cliché : voir la carte et la figure suivante de la page "Lautaret", mais celui des Anrouchors est intercalé dans les schistes plus bas que la base du flysch. N.B. 2 : la cote de 2739 m attribuée au col de Côte Plaine est celle indiquée par la carte IGN ; mais elle correspond certainement à une erreur graphique car cette altitude est incompatible avec celle des autres point cotés environnants : l'altitude réelle du col doit plutôt être 2639. |
Ces panneaux rocheux reposent sur les schistes aaléniens des pentes sous-jacentes et sont recouverts par les couches de base du Tertiaire. Mais ils semblent interstratifiés en désordre dans une matrice schisteuse intercalaire : ils ont été interprétées comme les éléments les plus septentrionaux d'un alignement d'olistolites que l'on suit, le long de ce contact de transgression, depuis la latitude du Monêtier (Rocher de l'Yret et Croix de Cibouit).
La carte géologique "La Grave" adopte une autre interprétation et considère leur contact basal comme une surface de chevauchement : ce serait la base d'une "écaille des Trois Évéchés" qui se poursuivrait plus à l'ouest pour s'engager sous la lame de spilites du coeur du pli couché affectant l'écaille des Anrouchors (voir le cliché du haut de page) ; mais cela correspond à une géométrie tectonique assez peu plausible car cette lame rocheuse n'est pas continue. En fait il est plus probable que les panneaux rocheux triasico-liasiques de Roche Plaine sont des paquets tassés qui se sont détachés du flanc normal de l'anticlinal couché de Puy Golèfre et qui ont glissé, en olistolites, dans les vases du début de la sédimentation nummulitique : la surface de chevauchement objectivement observable serait donc une surface de glissement. Cette manière de voir s'accorde avec l'âge anté-nummulitique de l'anticlinal couché de Puy Golèfre et avec le fait qu'il a donc été décapé et tranché par l'érosion qui a précédé la transgression nummulitique. |
Vue rapprochée des affleurements de l'arête faîtière, peu au nord du col de Côte Plaine (vue prise du nord vers le sud). Les flèches rouges désignent plusieurs blocs métriques, constitués de Lias calcaire, qui sont disséminés à plusieurs niveaux dans les calcschistes de base de la succession nummulitique. Ils se placent à peu près dans le prolongement de la lame de Lias calcaire du cliché précédent (dont on distingue une partie, à l'arrière-plan, dans le coin supérieur droit du cliché). La présence de ces blocs est cohérente avec une explication de la structure par glissement d'olitolites (et non par chevauchement tectonique) |
Pour plus de détails sur les olistolites de Côte Plaine consulter la publication n° 086 |
Coupe interprétative de l'ensemble du chaînon, à peu près orientée comme son versant ouest (extrait de BRAVARD Christian, 1982) : les lambeaux de côte Plaine sont considérés comme appartenant à une "écaille des Trois Évéchés", conformément à l'interprétation dessinée sur la carte géologique. |
aperçu général sur le massif
des Écrins
aperçu sur la vallée
de la Haute Romanche
Carte géologique simplifiée des environs nord de La Grave
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
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La Grave |
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