Le Quaternaire des environs de Voiron : |
Les dépôts quaternaires tapissent la dépression de Voiron. La plupart de ces dépôts s'y sont accumulés lors des étapes de la fonte de la langue du glacier isérois, à la fin de la dernière glaciation, dite "de Würm". Ils sont facilement reconnaissables, pour un oeil exercé, par les formes de relief qui les caractérisent.
La disposition cartographique de ces dépôts
est liée au trajet suivi par le glacier isérois
au Würm et au Riss :
Au sortir de la cluse de l'isère le fleuve de glace, encore
canalisé par la cluse de Voreppe, débouchait en se dirigeant
vers le N-NW Mais il entrait là dans la vallée de
la Basse Isère déjà orientée NE-SW
par ses creusements antérieurs : il est donc venu buter
contre les montagnes molassiques du Voironnais qui en formaient
la rive droite. Cela l'a obligé, précisément
aux abords de Voiron, à dévier son cours presque
à angle droit, pour s'engager vers l'aval de cette vallée.
La direction du cours de la Basse Isère a une origine structurale. Elle correspond en effet au tracé de la limite entre les formations calcaires plissées de la Chartreuse et du Vercors, plutôt résistantes, et l'accumulation de molasses, souvent tendres, qui occupe le sillon périalpin miocène. Il est difficile de dire pourquoi exactement les écoulements fluviatiles ont finalement choisi de suivre cette limite plutôt que de continuer leur trajet à travers le bassin molassique selon la direction NW-SE qui est celle des cluses par lesquelles ils s'échappaient des Alpes. Un tel trajet semble avoir été celui de l'Isère bien avant le Riss, car ce doit être elle qui a ouvert la vallée de la Bièvre avant que les glaciers mindeliens et rissiens ne s'y engagent.
La rive droite de la vallée de la Basse Isère, contre laquelle se sont appuyées les glaces, constituait alors un puissant rebord d'érosion, entaillé sur presque 1000 m de haut dans le plateau molassique du Bas Dauphiné.
La surface de ce plateau, actuellement très disséqué par l'érosion, culmine vers 1000 m d'altitude. On peut la reconstituer en traçant une surface enveloppe, tangente aux sommets de ces reliefs. Elle correspondait à la surface de comblement du delta de l'Isère miocène, porté en altitude par le rééquilibrage "isostatique" lié à la prédominance de l'ablation (par érosion) sur l'accroissement de surcharge (par les mouvements tectoniques) à la fin de la formation des Alpes.
L'analyse du relief actuel montre que, dès
le Riss, ce rebord était déjà profondément
disséqué par un système de vallées
affluentes qui se ramifiaient vers le haut en un chevelu torrentiel.
Le bord du fleuve de glace a en effet barré ces vallées
de ses moraines et, dans celles dont l'entrée était la
plus large, il a même émis des ébauches de
langues diffluentes qui s'y sont engagées en les remontant.
L'obturation de ces vallées y a déclenché
la formation de lacs qui ont été plus ou moins comblés
par des dépôts d'origine mixte, associant le remaniement
du matériel morainique à des apports fluviatiles
provenant du bedrock des versant.
La genèse et la répartition des formations quaternaires du Voironnais ont été également largement influencées par la présence, du côté nord, de langues glaciaires formées par diffluence à la périphérie du vaste lobe glaciaire "de piedmont" qui s'est étalé sur le Bas Dauphiné septentrional. Outre leurs vallums frontaux (dont le plus beau est celui de Chirens) ces langues glaciaires ont alimenté d'importantes circulations d'eaux de fonte dont une grande partie s'évacuait vers le bassin de l'Isère (c'est notamment le cas des cours anciens de la Fure). Elles ont charrié et épandu de grosses quantités de matériaux et ont ainsi construit, conjointement d'ailleurs avec les eaux issues du glacier isérois, de vastes terrasses alluviales.
Extension des langues terminales des glaciers
alpins dans le Voironnais (étapes successives du retrait) |
Les positions successives occupées par le front des langues glaciaires qui venaient terminer leur parcours en Bas Dauphiné sont marquées par des alignement morainiques qui sont encore bien visibles.
Un dispositif particulièrement exemplaire
est celui que
l'on observe sur les pentes séparant l'actuelle vallée
de l'Isère et son ancienne vallée, la plaine de
Bièvre, où il a été instauré par la langue grenobloise du glacier de l'Isère.
Ces moraines s'y étagent sur la déclivité
de la surface du bedrock molassique qui descend des collines du
Bas Dauphiné vers l'ombilic de Moirans (secteur comblé par des
alluvions lacustres au débouché de la cluse de l'Isère).
La moraine würmienne la plus élevée garnit
le rebord supérieur - qualifié de seuil de Rives - de cette pente, là où elle est ébréchée
par la plaine de Bièvre.
Des dispositifs morainiques similaires ont
été également été construits
par la langue chambérienne du glacier de l'Isère, qui rejoignait au niveau du lac du Bourget les glaces qui parvenaient à s'échapper du bassin genevois. Ces deux flux de glace se juxtaposaient
pour franchir les chaînons du sud du Jura et former un glacier de la vallée du Rhône qui s'est avançé, au maximum de la glaciation de Würm, jusqu'à Bourgoin. Ce fleuve de glace s'y terminait
par un "lobe de piedmont" ayant la forme d'une énorme loupe de glace qui s'appuyait du côté
sud sur les reliefs du Bas Dauphiné : elle y faisait pénétrer
un éventail de langues "diffluentes" qui empruntait
les vallées déjà existantes (les langues les plus méridionales, comme
celle de la vallée de l'Herbétan, parvenaient même
à rejoindre celles issues du lobe de piedmont du glacier
isérois).
Dans ce dispositif le Voironnais septentrional représente
une zone assez particulière puisqu'elle constituait l'extrémité
orientale d'une sorte de dorsale qui empêchait la fusion
des deux fleuves de glace wurmiens
L'affrontement des langues glaciaires au nord de Voiron (d'après une image extraite de "google-earth")
Seuls sont indiqués les contours des langues glaciaires au maximum d'extension du wurmien :
en blanc = langue de la Fure et de Paladru ("Rhône A") ; en bleu pâle = langue de l'Ainan ("Rhône F") ; en bleu sombre = glaces arrivant de la cluse de l'Isère.
Un aspect particulier de l'organisation du relief du Voironnais est le fait qu'il est largement dirigé par les traces qu'ont laissé les divagations des cours des rivières qui l'ont parcouru pendant le retrait de la glaciation de Würm (et notamment celles du cours de La Morge).
Vue d'ensemble simplifiée de la répartition des dépôts quaternaires wurmiens et des divagations des cours d'eaux, au cours des étapes de retrait du front glaciaire isérois.
Pour chaque stade le tracé du cours d'eau porte la couleur des alluvions de l'épisode correspondant, mais d'un ton plus soutenu ; les moraines sont en rouge ; les zones de colmatage lacustre sont distinguées par un voile clair.
Les épisodes 2 et 3 ont chacun été subdivisés en deux (ils sont nommés 3a, 2a et 3b, 2b, alors qu'ils sont désignés sur d'autres figures par 3', 2' et 3'', 2'').
CARTES : La répartition et les rapports chronologiques des dépôts quaternaires du Voironnais sont figurés plus en détail sur deux cartes qui se raccordent d'ouest en est (aller à la page "cartes du Bas Dauphiné") : Carte des dépôts quaternaires
de la vallée de la Fure Leur utilisation appelle la lecture des commentaires
sur la légende de ces cartes
et sur l'organisation des formes de relief quaternaires du Voironnais. |
Pages décrivant
les environs de Voiron : Voiron, ouest de Voiron, nord de Voiron, nord-est de Voiron, Coublevie |