Coublevie : pentes en amont du village

Croix-Bayard, débouché des gorges du Bret

L'agglomération de Coublevie, qui est désormais englobée dans les faubourgs méridionaux de Voiron, est située au pied des pentes du versant occidental du chaînon calcaire de la Montagne de Ratz, sur le bord sud-oriental de la cuvette de Voiron, elle-même suspendue au dessus de la plaine de l'Isère.
Ces pentes, comme celles du reste de la cuvette, sont entièrement garnies de dépôt alluviaux abandonnés, lors du retrait würmien, par le glacier de l'Isère lui-même (moraines) et par les écoulements de fonte des glaces (alluvions fluvio-glaciaires formant des terrasses).

image sensible au survol et au clic

Les pentes de Coublevie vues du nord-ouest, depuis le sommet de la statue de Vouise (les couleurs sont celles de la carte ci-après)
(
voir le symétrique du cliché ci-dessus à la page "Voiron").

Ces alluvions, qui s'élèvent assez haut, du côté est, sur les pentes de plus en plus abruptes de la Montagne de Ratz, sont brutalement tranchées du côté sud par un important rebord d'érosion : il s'agit de la rive droite du ravin des Combes, dont les eaux s'écoulent vers La Buisse. Cette entaille, au fond de laquelle le bedrock* est mis à nu a été créée, après disparition des glaces dans la vallée de l'Isère, par une érosion "remontante", qui s'est propagée vers le haut à partir des sources situées à mi-hauteur du vallon.

image sensible au survol et au clic

La marge orientale du Voironnais et la montagne de Ratz, vues d'avion du sud-ouest depuis l'aplomb de la Crue de Moirans.
On a représenté en tirets gras de couleurs les arcs morainiques du Voironnais. Ils se terminent vers le SE en s'appuyant sur le relief de bedrock* de la montagne de Ratz (à l'exception de ceux du premier stade de retrait [W1] du Würm et d'un chapeau de moraine rissienne). voir la carte morphologique de la montagne de Ratz.
a.R = anticlinal du Ratz (charnière occidentale) ; f.B = faille de la Buisse

La partie nord-orientale de la dépression de Coublevie correspond à un beau vallum morainique. En effet cette cuvette est séparée de la dépression de Saint-Étienne-de-Crossey par une ligne de crête arquée, à concavité ouverte vers le sud, que la route N 520 franchit par la brèche de Croix-Bayard : il s'agit de la moraine du stade de retrait 3 du glacier würmien, qui court depuis les abords de l'hôpital de Voiron, par La Tivollière jusqu'au château de Beauregard.
Ses pentes intérieures sont tapissées par les banquettes étagées du retrait qui s'est terminé par le stade 4. Les moraines de ce stade sont mal conservées car elles ont été disséquées par les écoulements plus récents (stade 5 notamment). Elles forment, au sud du chef-lieu, les collines qui supportent le village du Neyroud.

image sensible au survol et au clic

L'extrémité septentrionale de la cuvette de Coublevie, vue du nord-ouest, depuis le village de Vouise (qui est installé sur la banquette de retrait 3'R).
L'arc morainique de Croix Bayard (3M) a été abandonné par la langue glaciaire, diffluente à partir du glacier de la cluse de l'Isère, qui occupait la dépression de Coublevie.
La Morge a été contrainte de contourner par le nord la crête morainique 3M, puis s'est encaissée sur place dans le bedrock* molassique au fur et à mesure que son niveau de base s'abaissait par suite de la fonte du glacier isérois (voir un cliché de ces gorges à la page "Voiron_NE")

La route N.520 menant de Voiron à Saint-Étienne de Crossey passe, au lieu-dit Croix Bayard, un col qui correspond à une entaille dans la moraine M3 qui ceinture le vallum de Coublevie.

voir aussi la carte des abords orientaux de Voiron.

Cette brèche naturelle a vraisemblablement été créée par un effluent d'eaux de fonte du glacier, mais elle a été réentaillée pour le passage de la route.


La moraine de Croix-Bayard vue de l'est, depuis la N 520
Avant les aménagements plus récents que ce cliché on pouvait observer la constitution de la moraine avec de nombreux gros blocs anguleux au sein d'une matrice de galets et d'argile.

En fait on constate que, au sud de cette brèche, cette crête morainique se dédouble. Ceci est certainement lié au fait que le vaste espace plat ouvert devant le glacier par la dépression de Saint-Étienne-de-Crossey permettait à la marge de la glace de se déplacer horizontalement de façon importante à la moindre oscillation du niveau de la glace.

image sensible au survol et au clic

La moraine de Croix-Bayard vue du nord, depuis le village du Mollard (Coublevie est en contrebas droit de la moraine).
Au sud de Croix-Bayard la moraine se dédouble en deux crêtes 3'M et 3''M, qui prennent le relais l'une de l'autre et la première s'atténue en une simple banquette 3'R (sans doute parce que la moraine 3'M a été érodée par les écoulements transitant dans le chenal 3''S).

Du côté externe (NE) de la crête morainique, 150 m à l'est de l'embranchement de la route menant à Voiron par les gorges de la Morge, une petite carrière avait été ouverte, puis abandonnée dans les années 60.
On y constatait la constitution à caractère très fluviatile des couches, bien litées et à matériel bien classé par calibre, sauf en ce qui concerne la couche supérieure (qui garnit le flanc droit de l'affleurement) qui est formée de matériel morainique à galets striés.


L'ensemble du front de taille vu du nord-ouest (depuis le bord de la route N520).
On est ici à l'est, à l'extérieur par rapport à la concavité de l'arc de la moraine M3 : lors du dépôt de ces alluvions (et après) le glacier se trouvait à droite.

Du fait de leur position externe par rapport à la moraine M3 ces dépôts sont rapportables à l'alluvionnement fluviatile qui s'est produit en bordure de la langue de glace pendant son retrait de la position 2 à la position 3. Leur caractère très fluviatile conduit à les attribuer à une terrasse marginale qui serait donc S3.
L'inclinaison des couches (en direction de la position occupée par la glace) suggère l'intervention d'un processus est classiquement connu dans les "terrasses de kame" qui s'accumulent en marge d'un barrage glaciaire : ces couches, déposées plus horizontalement, devaient s'appuyer sur la glace et c'est la fonte de cette dernière qui a été la cause de leur basculement.

Le front de taille y montrait, avant qu'il ne se dégrade, d'intéressants détails de la constitution et de la géométrie des couches alluviales.

Détail du centre droit du front de taille :
failles inverses dans les sables, amorties en ondulations dans les graviers fluviatiles. La moraine à galets qui recouvre les lits de sable est également affectée par ces déformations.

On y voyait en effet que ces couches sont affectées de micro-failles, certaines inverses, ainsi que de plis déversés résultant de l'amortissement de ces cassures vers le haut.

 
Détail de la partie d'extrême droite du front de taille :
On distingue des failles inverses à fort pendage, avec crochons, dans des sables recouvert par le matériel morainique à galets striés.
 
Détail du centre gauche du front de taille :
failles inverses dans les sables, amorties en ondulations dans les graviers fluviatiles.

Ces déformations peuvent résulter de glissements associés au basculement des couches. On peut aussi se demander si, en outre, ces couches n'ont pas fait l'objet d'une compression lors d'une avancée passagère du glacier au cours de l'épisode de "stationnement" du front glaciaire qui a construit la moraine M3. La couche supérieure, formée de matériel morainique témoigne peut-être de cette poussée glaciaire.

 

figure plus grande

Morphologie quaternaire de la Montagne de Ratz et de ses alentours

Au Riss, la crête du Grand Bois, au sommet de la montagne de Ratz, devait constituer un étroit îlot, garni par de la moraine, entre deux langues de langues qui redevenaient coalescentes vers le nord.
Au premier stade de retrait du Würm ("1") la bande de terrain émergeant des glaces était à peine plus large mais se prolongeait au nord de l'emplacement actuel des gorges du Bret, pour s'étrangler avant les actuelles gorges du Crossey.
La ligne de hachures brunes indique le secteur d'affrontement, aux stades 2 et antérieurs, de la langue de glacier isérois (au sud) avec la langue rhodanienne qui empruntait la vallée de Saint-Laurent-du-Pont (au nord).

pour un contexte plus large voir la carte schématique des glaciations du Voironnais

voir aussi la carte des abords orientaux de Voiron.
 Cartes des dépôts quaternaires des environs de Voiron Le quaternaire des environs de Voiron

 Aperçus généraux sur le quaternaire du Bas Dauphiné
Concernant les dépôts morainiques et fluviatiles des environs de Voiron et du seuil de Rives, voir la publication n° 163


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles "Voiron" et "Grenoble"
Carte détaillée des dépôts quaternaires de la partie orientale du Voironnais (cuvette de Voiron), entre Charavines au nord et Saint-Jean de Moirans au sud
commentaire explicatif. Image de taille plus réduite

Voiron

Vouise est, Tolvon

Saint-Étienne -de-Cr.

collinesW de Voiron

LOCALITÉS VOISINES

gorges du Crossey

Moirans

La Buisse

Grand Ratz
N.B. Les localités entre parenthèses appartiennent à une autre section du site et leur page s'ouvrira avec l'en-tête correspondant à cette dernière.

 accueil section AVANT-PAYS

début de la page

sommaire de GEOL_ALP

Aller à la page d'accueil du site
Dernières retouches apportées à cette page le 12/12/19