La Dent d'Arclusaz, 2041 m |
La Dent d'Arclusaz correspond à l'extrémité sud-occidentale d'une corniche rocheuse qui couronne le rebord oriental des Bauges au NE de Saint-Pierre d'Albigny. Cette falaise urgonienne, inexistante ailleurs au rebord occidental de la Combe de Savoie, se fait remarquer par le fait qu'à ses deux extrémités, SW et NE, elle se termine à la faveur d'un redressement du pendage des strates urgoniennes, qui "disparaissent dans le ciel".. Cette disposition, bien visible depuis la vallée de l'Isère et surtout depuis la chaîne de Belledonne septentrionale (massifs d'Allevard et des Sept Laux) est souvent prise en exemple de synclinal perché, mais en en négligeant toutefois quelques particularités qui sont décrites ci- après.
- La première est que les couches y dessinent en fait deux charnières synclinales se faisant face (et dont les plans axiaux convergent vers le haut "dans le ciel"), c'est-à-dire qu'elles dessinent un véritable "berceau synclinal" à fond proche de l'horizontale.
- La seconde est révélée par une vue d'altitude permettant de jeter un regard plongeant sur le versant NW du Col d'Arclusaz. Elle montre que ce berceau synclinal est évidé par l'érosion en un val jurassien* très bien caractérisé, que draine le torrent du Chéran au niveau de sa gorge de Bellevaux.
La cuvette synclinale de la montagne de l'Arclusaz, vue d'avion, du sud. Cette vue, prise dans l'axe du synclinal du Pécloz montre son inclinaison vers le nord (vers l'arrière-plan) : le Sénonien affleure en effet dans les bois du fond de vallée, à Bellevaux. On voit aussi que ce val évide en fait un pli que l'on peut dire composite, car il comporte deux charnières synclinales dont les plans axiaux se recoupent : - le synclinal du Pécloz (s.P), dont le plan axial pend à 30° vers l'est (c'est un pli couché déversé vers l'ouest) et est affecté par le repli anticlinal de l'Armenaz. - le synclinal d'Arclusaz proprement dit (s.A), dont le plan axial presque vertical (en fait un peu déversé vers l'est) passe exactement au col de l'Arclusaz et plonge vers la gauche (vers le nord). Il est distinct par sa direction axiale du très long synclinal N40 de Serraval (s.S), qui recoupe transversalement l'anticlinal d'Orisan (a.O) , qui fait suite à ces plis, plus à l'est. voir plus en détail les crêtes d'arrière-plan à la page "Mont de la Coche" |
Or les couches sénoniennes et nummulitiques qui affleurent à cette latitude du cours de ce torrent sont bien plus récentes que celles mises au nu plus au sud sur la crête qui dominent la Combe de Savoie. Cela traduit le fait que le fond du berceau synclinal d'Arclusaz est incliné vers l'intérieur du massif des Bauges, tandis qu'il s'élève de plus en plus vers le sud. De fait les affleurements d'Urgonien qui arment le fond du val se terminent plus haut vers le sud, au col d'Arclusaz, où ils finissent par être tranchés orthogonalement aux couches par l'escarpement du rebord nord-ouest de cette Combe de Savoie.
Le large fond du vallon d'Arclusaz est d'ailleurs presque totalement couvert de matériel morainique local qui a dû être alimenté par le débordement des langues de glace issues de ces cirques ; il s'y surajoute toutefois de puissants amas de blocs, maintenant couverts de bois, qui correspondent à d'anciens éboulements. Leur répartition est clairement celle de coulées provenant de la rive opposée (crête du Grand Parra), d'où les couches, verticales et même renversées, ont dû se détacher par basculement.
Au nord du sommet de la Dent d'Arclusaz la dalle urgonienne constitue un crêt* extrêmement caractérisé, orienté presque N-S, qui se prolonge jusqu'à la gorge du Chéran au niveau des Jarses. Il correspond au seul flanc ouest du synclinal d'Arclusaz et son arête est d'ailleurs pratiquement parallèle à l'axe de ce pli.
Le versant oriental de ce crêt correspond au sommet des couches urgoniennes et y constitue par une dalle structurale* pratiquement continue, qui a été décapée par l'érosion des couches plus récentes, gréso-marneuses, de l'Apto-Albien. Ce dernier niveau se suit nettement en contrebas est de la crête, mais il y est souvent masqué par une frange d'éboulis. Le tracé de la limite de ce décapage y dessine de beaux "V topographiques" qui contournent par l'amont les affleurements, plus saillants, des calcaires lités du Sénonien.
La partie basse du revers de ce crêt d'Urgonien est en effet garnie par des calcaires sénoniens dont les affleurements arment des chevrons qui s'élèvent sur le versant en forme d'arc boutants ; ces derniers séparent des petites combes dont le modelé et l'absence de restes d'éboulements à leur extrémité aval trahit clairement qu'elles ont dû être aménagées par des langues glaciaires locales.
À l'est du col d'Arclusaz les couches urgoniennes du flanc oriental du synclinal du Pécloz forment une échine rocheuse qui se prolonge vers l'est par la crête du Grand Parra, des Lanches et des Arlicots puis s'arque là vers le nord avec celle de la Lanche (voir l'avant-dernier cliché), en se détachant de l'arête principale, menant aux Arces . Il ne s'agit pas d'un crêt symétrique de celui de la Dent d'Arclusaz car les couches, renversées n'y pendent pas vers l'intérieur du vallon et il n'en a d'ailleurs pas le profil.
Schéma tectonique des abords de la montagne
d'Arclusaz - Pécloz L'axe N10 du synclinal de l'Arclusaz (pli légérement déjeté vers l'est) passe au col de ce nom et bute au N contre le tracé de la faille de Sainte-Reine (que suit sensiblement celui, N40, du synclinal de Serraval) Le nom synclinal du Pécloz désigne ici le
pli couché d'axe N10 qui affecte le haut du flanc oriental du pli précédent. Le tracé de la faille de l'Arcalod s'infléchit en sens anti-horaire à l'est de Saint-Pierre d'Albigny et doit se poursuivre au-delà vers le NE, sous les alluvions. Sa surface décrit donc, là où elle est traversée par l'axe du synclinal de l'Arclusaz, une courbure synforme coaxiale avec ce pli. |
Aperçu global sur les Bauges occidentales |
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cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Albertville
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