École, Sainte-Reine, La Compôte, Doucy

la vallée "axiale" des Bauges orientales

La vallée d'École est un long sillon qui parcourt les Bauges orientales depuis les abords du col du Frêne, au sud, jusqu'à ceux de Doucy, au nord. Seule sa partie moyenne est parcourue par le Chéran, qui la traverse selon un biais aigu, du SE vers le NW, entre les localités d'École en amont et de La Compôte en aval.
Morphologiquement assez homogène, avec son fond assez large, propice aux cultures, ce sillon l'est également du point de vue structural car il est orienté N-S, parallèlement à l'axe des plis, et n'en tranche aucun transversalement.

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Le bassin du Chéran, au coeur des Bauges septentrionales, vue prise d'un avion de ligne (de 8000 m), du sud-est, depuis l'aplomb du Bourget-en-Huile. (cliché original obligeamment communiqué par M. Serge Gidon).
d.SR = décrochement de Sainte-Reine ; f.A = faille d'Arcalod
a.D = anticlinal de Doucy ; s.T = synclinal du Trélod ; a.F : anticlinorium du col du Frêne ; s.A = synclinal de l'Arclusaz.
Carte géologique simplifiée des abords de la vallée d'École

Dans sa plus grande longueur, entre La Compôte au nord et Épernay au sud, ce sillon est une très typique combe anticlinale, ouverte dans les marno-calcaires argoviens du cœur de l'anticlinal de Doucy (cf. carte ci-dessus). Par contre ses prolongements septentrionaux et méridionaux ne sont pas similaires.

A/ Vers le nord, le vallon de Doucy (qui se détache obliquement par rapport au cours du Chéran) garde le même caractére structural. Mais l'érosion y a affouillé moins profondément et n'y a même pas atteint le Tithonique, car l'axe du pli est incliné vers le nord. Elle est donc ouverte dans les marnes du Crétacé inférieur du cœur de l'anticlinal de Doucy et se transforme en une combe étroite qui la fait communiquer, par le Golet de Doucy, avec la trouée du lac d'Annecy.

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L'extrémité septentrionale de la dépression d'École vue du sud-ouest, depuis le sommet du Mont Colombier.
s.E = synclinal d'Entrevernes ; a.D = anticlinal de Doucy ; d.Cp = décrochement de La Compôte ; s.T = synclinal du Trélod ; a.C : anticlinorium de Chérel - col du Frêne ; f.A = faille de l'Arcalod.
Plusieurs failles mineures affectent l'Urgonien du Trélod :
f.DP = faille de la Dent des Portes ; d.T = décrochement du versant nord du Trélod ; f.DP = faille N-S (extensive) de Pleuven ; d.P = décrochement de la face est de la Dent de Pleuven.

B/ Au niveau de La Compôte la charnière de l'anticlinal de Doucy est dessinée par le Tithonique de rive droite, mais le flanc ouest du pli est crevé par le lit Chéran qui le traverse obliquement : la rivière s'échappe là du cœur anticlinal pour s'engager, vers le nord-ouest, dans la cluse du Châtelard , en y tranchant le synclinal d'Entrevernes. Au nord de La Compôte la voûte tithonique de l'anticlinal de Doucy disparaît essentiellement par plongement vers le nord, sous les marnes du Berriasien - Valanginien du cœur anticlinal, dans lesquelles s'inscrit le vallon qui s'élève vers le Golet de Doucy. Mais cela est aggravé par le fait qu'elle y subit en outre un sectionnement dextre par le décrochement de La Compôte.

Cette faille se perd vers le NE, au sein des marnes valanginiennes du cœur de l'anticlinal de Doucy, car il n'y en a plus trace, dans son prolongement azimutal, au niveau des falaises urgoniennes. Vers le SW cette cassure se prolonge par contre en rive gauche du Chéran pour y décaler l'axe du synclinal d'Entrevernes et y surhausser les pentes supérieures du versant nord de la Dent de Rossanaz, ce qui correspond à un fonctionnement en "décro-chevauchement" (voir la page "Rossanaz").

C'est sans doute l'existence de cette rupture transversale de continuité de l'Urgonien du cœur du synclinal d'Entrevernes qui a constitué le point faible qu'a utilisé le cours du Chéran : cela a déterminé son inflexion vers le NW, même si son tracé s'est inscruit finalemenr en biais par rapport au tracé de la faille.

C/ À la latitude (plus méridionale) d'École les marno-calcaires argoviens du coeur de l'anticlinal de Doucy, dans lesquels est creusé le fond de vallée, sont presque partout masqués par un colmatage d'alluvions fluviatiles. Les pentes des deux flancs de vallée sont assez dissymétriques :
- du côté ouest elles forment la crête boisée, rectiligne et continue, du Mont Chardonnet, qui est constituée par les bancs tithoniques très redressés (parfois au delà de la verticale) du flanc ouest de l'anticlinal de Doucy.
- du côté est le Tithonique du flanc oriental du pli ne forme au contraire qu'un ressaut au pied des pentes de Jarsy et n'y plonge que modérément vers l'est (cela traduit bien le fait que l'on a affaire à un pli déversé vers l'ouest).
À l'est de Jarsy les prairies du Coudray cachent, sous des dépôts glaciaires, le Berriasien du coeur du synclinal du Trélod.

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Les montagnes de rive droite du Chéran, au niveau de Bellevaux, vues des pentes dominant le Chalet Bottier (pentes orientales du val d'Arclusaz)
s.T = synclinal du Trélod ; a.Ch = replis de l'anticlinorium* de Chérel ; s.P = synclinal du Pécloz ;
d.sR = décrochement de Sainte-Reine ; f.A = faille d'Arcalod.


Puis les pentes boisées qui s'élèvent en direction de la Croix d'Allant sont installées sur les dalles du Jurassique supérieur du flanc oriental de ce pli (voir la page "Mont de la Coche"). La situation se complique là car ce flanc du pli est coupé par l'important décrochement de Sainte-Reine qui traverse le cours du Chéran peu en amont de son débouché dans la vallée (500 m au SE du village du Carlet). Son rejet dextre amène dans le prolongement des couches pentées vers l'ouest du synclinal du Trélod celles du flanc ouest du synclinal de l' Arclusaz, pentées en sens opposé.

Le rejet dextre de cet accident a pour effet d'escamoter complètement la voûte de l'anticlinal de Chérel, ce pli n'étant représenté que par son flanc ouest au nord du décrochement et par son flanc est au sud.


Deux coupes de part et d'autre de la haute vallée du Chéran (transversale d'École) :
a) (en haut) en rive droite (nord) du Chéran à la latitude de Doucy, du Trélod et de l'Arcalod : cf. cliché ci-dessus ;
b) (en bas) en rive gauche (sud) du Chéran à la latitude de Saint-Reine et de la montagne d'Arclusaz : cf. clichés ci-dessous.


D/ Au sud d'Epernay (village jumeau de celui de Sainte-Reine) la situation structurale devient totalement différente en raison du passage de ce décrochement. Alors que depuis École jusqu'à Epernay la vallée correspond à une "combe anticlinale" elle devient au delà, jusqu'au col du Frêne inclus, franchement un petit "val" jurassien. En effet le cœur du synclinal du Trélod y a été presque totalement évidé par l'érosion des terrains marneux du Crétacé inférieur qui l'occupaient (ce n'est que sur les deux kilomètres de long de l'extrémité plus rétrécie du sillon qui mène au col du Frêne que sont conservés les seuls premiers bancs du Berriasien).

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La vallée d'École, vue du nord, presque d'enfilade, depuis le sommet du Trélod.
d.sR = décrochement de Sainte-Reine ; f.A = faille d'Arcalod
a.D = anticlinal de Doucy ; s.T = synclinal du Trélod ; a.cF : anticlinorium du col du Frêne.

Cette modification radicale des rapports entre relief et structure de part et d'autre d'Épernay est due à ce que le décrochement de Sainte-Reine y met bout à bout les axes respectifs de l'anticlinal de Doucy ( relief inversé) et du synclinal du Trélod (relief conforme).
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La partie méridionale de la vallée d'École, vue du sud-ouest, depuis les pentes orientales du Mont Morbié.
d.SR = décrochement de Sainte-Reine ; f.A = faille d'Arcalod
a.D = anticlinal de Doucy ; s.T = synclinal du Trélod ; a.cF : anticlinorium du col du Frêne.

Au sud de cette cassure majeure, le val du col du Frêne est donc encadré par deux alignements de reliefs boisés et presque dépourvus de falaises qui correspondent respectivement à l'anticlinal de Doucy, à l'ouest (Mont Pelat) et à l'anticlinorium* du col du Frêne, à l'est (pentes inférieures de l'Arclusaz). D'autre part ce dernier est affecté de replis fortement déversés vers l'ouest qui font remonter les affleurements jurassiques très haut dans le versant, jusqu'à la bosse de l'Épion inclue.
Mais au dessus de cette rupture de pente on passe directement du Tithonique à l'Hauterivien, le contact entre les deux, presque parallèle à la falaise correspond en fait au tracé de la grande faille de l'Arcalod, longuement décalé vers le SW par le décrochement de Sainte-Reine depuis les pentes occidentales du Mont de la Coche (voir la page "Mont de la Coche").

Cette structure, mal mise en évidence ici par le relief, est beaucoup plus aisément lisible dans les pentes du revers sud-est du col, qui surplombent Saint-Pierre d'Albigny, On bénéficie là de ce que le versant NE-SW de la Combe de Savoie en donne une coupe naturelle non plus longitudinale aux structures mais presque transversale.

 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Albertville

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Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074


Dent de Rossanaz

Trélod

Arcalod
Mont Colombier

LOCALITÉS VOISINES

Mt de La Coche

Galoppaz

St-Pierre d'Albigny

Arclusaz
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