Pointe Percée des Aravis |
La Pointe Percée (2750 m.) est le sommet emblématique du chaînon des Aravis proprement dit. Elle doit son nom à ce que l'Urgonien du sommet est effectivement percé d'une ouverture qui traverse son arête nord d'est en ouest. La pyramide sommitale doit la hauteur de ses abrupts au pendage de ses couches, proche de 45° et surtout au fait que la dalle urgonienne y est surhaussée, par rapport aux dalles de son versant ouest, par une faille NE-SW, la faille de la Pointe Percée qui, bien qu'elle ne soit pas très évidente à observer dans les abrupts locaux du sommet, montre une belle continuité longitudinale.
L'orientation de la surface de cassure de cette faille est très proche de N50 c'est-à-dire presque identique à l'orientation moyenne de la crête du chaînon. Il en résulte que les sinuosités du tracé de cette crête en viennent à lui faire recouper le plan de cassure à plusieurs reprises et à faire passer son tracé d'un versant à l'autre. Au nord du sommet il affecte d'abord les falaises orientales qui tombent sur le vallon de Doran (voir cliché en fin de page).
Il change de versant aux abords mêmes du sommet, au sud duquel il traverse le versant NW en biais, en contrebas ouest du Col des Verts où lequel il traverse les couches hauteriviennes.
Puis il traverse de nouveau la crête à la pointe des Verts et suit le pied (abaissé puisque appartenant à la lèvre occidentale) des abrupts urgoniens de Chombas et du Charvet.
Enfin il revient en versant NW, immédiatement au sud du sommet du Mont Charvet et reste alors sur ce versant où son tracé s'abaisse progressivement en direction du sud (voir la page "Mont Fleuri").
Cette cassure pourrait être prise pour une faille inverse (compressive) car sa lèvre supérieure (sud-orientale) est remontée par rapport à sa lèvre inférieure (nord-occidentale). En fait la surface de cassure est presque verticale et l'angle, ouvert et proche de 60°, qu'elle fait avec les couches ne s'accorde pas avec cette interprétation : ces traits géométriques suggèrent fortement qu'il s'agit d'une ancienne faille extensive ("normale") qui a été basculée lors du plissement avec les couches qu'elle affecte. Cette interprétation est confirmée par les données fournies, plus au nord, par l'entaille de la vallée de l'Arve sous la Pointe d'Areu. |
Coupe composite du versant oriental des Aravis selon la transversale de la Pointe Percée complétée interprétativement jusqu'à la vallée de l'Arve ØCB = chevauchement de Croise Baulet ; ØM = chevauchement de La Miaz ; ØA = chevauchement d'Areu ; ØMa = chevauchement de Magland. s.A = synclinal d'Arpenaz ; a.A = anticlinal d'Arpenaz. Failles extensives anciennes : f.G = faille de la Grangeat ; f.R = faille de La Rouelletaz (prolongement de la précédente, décalé par le chevauchement d'Areu ) ; f.pP = faille de la Pointe Percée : l'emplacement où cette faille se prolongeait sous le chevauchement n'est pas indiqué : sa surface de cassure devait limiter du côté gauche, l'escarpement tithonique inférieur des Quatre Têtes et être tordue plus bas, au sein des Terres Noires, par les plis de ce versant. |
A/ Sur le versant occidental de la Pointe Percée la régularité du pendage vers l'ouest des couches est responsable d'une frappante dissymétrie de la crête du chaînon : alors que les hauts abrupts de son versant oriental dévoilent largement le soubassement de cet Urgonien, son versant occidental reste, jusque très bas, formé de couches urgoniennes, décapées en dalles ciselées de lapiaz.
Cette dalle est tranchée du côté nord-ouest par la "faille de la Rouelletaz" qui est parallèle et de même sens de rejet que la faille de la Pointe Percée. On constate que les couches du Nummulitique et du Sénonien se rebroussent à la verticale (ce dernier se réduisant d'ailleurs à des lambeaux plaqués contre le miroir de faille).
Le rebroussement des couches nummulitiques contre la faille de la Rouelletaz est sans doute originellement un crochon* de faille extensive. Mais il a probablement été accentué ultérieurement par les compressions horizontales post-Nummulitiques, ceci en liaison avec le fonctionnement du chevauchement d'Areu, accident qui est ici invible (car masqué en profondeur) mais dont la présence est mise en évidence plus au NE à la faveur de la profonde entaille de la vallée de l'Arve (voir la page "Pointe d'Areu"). |
B/ Les pentes orientales du chaînon forment au contraire une ligne continue d'abrupts tombant directement de la crête, qui tranchent presque orthogonalement la succession normale des couches, de l'Urgonien jusqu'au niveau du Jurassique supérieur inclus (ce dernier y déterminant, comme d'habitude une ligne de ressaut).
Toutefois elles sont accidentées à l'est du sommet par la naissance d'une arête secondaire presque orthogonale à la crête principale qui forme forme un promontoire saillant d'environ 1,5 km. en direction de l'est. Ce dernier se termine par le sommet secondaire des Quatre Têtes qui se détache à la façon d'une verrue sur ce versant mais où prend naissance vers le NE la crête méridionale du vallon de Doran.
La montagne des Quatre-Têtes vue du sud-est, depuis la Tête Noire (Cordon) Le terme de "Tith. inf." désigne l'ensemble inférieur de la barre tithonique (= Kimméridgien - Séquanien). ØA = chevauchement d'Areu (voir la coupe A : c'est la cassure plate supérieure du soubassement de la Pointe Percée) Ce versant de la montagne porte les stigmates, aisément reconnaissables, d'un important éboulement, d'ancienneté vraisemblablement historique. |
La situation de ce sommet correspond à un point de moindre recul du versant oriental du chaînon des Aravis sous l'effet de l'érosion qui a mis à nu le Jurassique moyen dans les pentes qui descendent vers Sallanches. De ce fait on y voit affleurer le prolongement oriental, ailleurs enlevé par l'érosion, de la corniche tithonique qui court à flanc de versant de ce chaînon.
Or on y constate l'existence d'un redoublement de cette barre tithonique, lequel est occasionné par une surface de chevauchement dont le tracé est à peu près parallèle à celui des couches.
En fait il y a là un relais entre deux barres superposées, qui se terminent symétriquement en se faisant biseauter par la surface de chevauchement : vers le SW la barre inférieure s'effile sous la Tête du Gréppon, en rive droite du ravin du torrent des Fours, qui descend de la Pointe de Chombas (voir la page "Mont Fleuri"), tandis que la barre supérieure disparaît plus au nord en tête du vallon de Doran (image suivante).
L'entaille du vallon de Doran montre que la surface de chevauchement est inclinée vers le NW comme les couches mais moins fortement qu'elles : en effet elle tranche en biseau, en direction du NW, la barre tithonique de la lèvre supérieure, qui ne se prolonge pas sous le crétacé du versant NW de ce vallon. Mais le chevauchement se manifeste néanmoins sur ce versant puisque l'Hauterivien est lui aussi redoublé : il affleure en effet nettement en contrebas de la jupe d'éboulis qui masque le pied des affleurement hauteriviens de sa lèvre supérieure. Le tracé de la surface de chevauchement qui en découle rend pratiquement évident le fait que cet accident n'est que le prolongement méridional du chevauchement d'Areu (voir la page "Areu".
L'extrémité nord du chaînon de la Pointe Percée vue de l'est - nord-est, depuis la pointe de l'Arbaron (golf de Flaine). La perspective de ce cliché montre d'une façon particulièrement claire que le redoublement de la barre tithonique qui se produit sous le sommet des Quatre-Têtes prolonge le chevauchement d'Areu (ØA) Commentaires complémentaires à la page "Areu". |
Vue d'ensemble sur le chaînon des Aravis septentrionaux
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Mt Lachat de Châtillon | LOCALITÉS VOISINES | (Sallanches, Arve) |
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