Montmin, col de la Forclaz |
Le chaînon secondaire, largement boisé, du col de la Forclaz court du nord au sud entre celui de la Tournette et la plaine alluviale du Lac d'Annecy. Au sud du col, il constitue un mont jurassien*, car il est armé par un coeur anticlinal tithonique (anticlinal de la Forclaz), lequel est séparé, du côté est, du Tithonique qui soutient, au sud de Montmin, les pentes qui tombent de la Tournette, par un synclinal assez pincé et même rompu qui est le prolongement méridional du synclinal de Lanfon. Ces deux plis montrent d'autre part un net plongement axial vers le nord.
Au nord-ouest du col la voûte tithonique de l'anticlinal de la Forclaz cesse d'être mise en relief par l'érosion et s'enfonce dans le versant boisé car la voûte du pli (suivie par le tracé de la route D.42) s'abaisse par plongement axial pour aller former l'épaulement d'Angon, qui soutient la dépression de Vérel. Cet abaissement est aggravé par le fait que le pli est sectionné par le prolongement sud-occidental du décrochement de Montremont : ce dernier abaisse au nord la voûte principale du pli au niveau des replis synclinaux qui affectent au sud son flanc ouest.
Quant à la crête qui s'élève au nord-est du col (La Rochette, Rocher du Roux) elle est en relief inverse , contrairement au relief conforme qu'elle a au sud du col : elle est coiffée par l'Urgonien du cœur du synclinal de Lanfon même si ce dernier, fortement disséqué
par l'érosion, n'y est que trop médiocrement conservé pour y dessiner un "synclinal perché". Ce synclinal constitue d'autre part, sans ambiguïté,
le prolongement méridional de celui du Lindion (qui est tranché, au sud du Roc Lancrenaz, par le vallon de Vérel - col des Nantets).
Le col de la Forclaz lui-même est ouvert dans les couches relativement marneuses, garnies de prairies, du Berriasien. Mais il correspond aussi au passage d'une cassure (l'accident du col de la Forclaz) qui traverse la crête en biais. Cet accident se repère à ce qu'il coupe et décale dans le sens sénestre les axes des deux plis en mettant presque bout à bout l'Hauterivien du synclinal de Lanfon, au nord, avec le Tithonique de l'anticlinal de la Forclaz au sud.
Le chaînon de la Tournette (versants sud), vu d'avion depuis l'aplomb de Faverges. Plis : a.F = anticlinal de la Forclaz ; s.L = synclinal du Lindion ; a.AW , A.AE = deux moitiés (occidentale et orientale) de l'anticlinal de l'Aup - Montmin ; s.A = synclinal d'Arclosan ; a.V = anticlinal du Varo. Failles anciennes (en rouge) : f.F = accident du col de la Forclaz ; f.M = faille de Mercier (voir clichés en fin de page) ; f.AW, f.AE = failles ouest et est d'Arclosan. Failles du faisceau de l'Arcalod (en jaune) ; d.Ch= décrochement de Charvet ; f.M = faille de Mercier ; f.pC = faille du Plan du Chouet (= branche occidentale de la faille de l'Arcalod) ; f.Ar = faille principale de l'Arcalod. d1, d2, d3 = décrochement secondaires. suite du paysage vers la droite (synclinal de Serraval) |
Mais plus au sud ce décalage passe, dans les escarpements dominant la gorge du Nant de Montmin au sud de cette localité, à un simple soulèvement sub-vertical du Tithonique qui rompt la charnière, de plus en plus pincée et verticale, du synclinal ; il ne s'agit donc sans doute pas d'un décrochement, mais plutôt d'une faille extensive à lèvre orientale abaissée, dont le pendage s'atténue par basculement vers l'ouest lorsqu'on s'élève au dessus de l'altitude de la voûte tithonique de l'anticlinal de La forclaz.
De fait cette cassure se connecte, au nord, à des failles qui sont également longitudinales à ces plis (et sont d'ailleurs plus anciennes qu'eux) : il s'agit plus vraisemblablement du tronçon de l'une de ces failles longitudinales, qui a été déformé, par basculement vers l'ouest, du fait d'un cisaillement au sein des formations marneuses de la base du Crétacé (cf. schéma ci-dessous et histoire tectonique des Bornes).
même fenêtre < image plus grande > nouvelle fenêtre Coupe structurale schématique de la marge sud-occidentale des Bornes entre le lac d'Annecy et la dépression de Thônes. Noter la torsion des failles extensives anciennes (accidents de la Tête à Turpin et du col de la Forclaz, failles d'Arclosan), qui traduit un cisaillement vers l'ouest au niveau des terrains marneux du Néocomien. |
Au sud de Plan Montmin, enfin, le coeur de Tithonique de l'anticlinal de l'Aulp affleure largement en rive est du Nant de Montmin. Il se montre alors affecté de complications que l'on peut détailler grâce à la coupe naturelle qu'en donne la Trouée de Faverges entre Vézonne et Faverges
Le coeur de calcaires du Jurassique supérieur de l'anticlinal de l'Aulp (a.A) est partagé en deux moitiés par la faille de Mercier (f.M), peu oblique à l'axe du pli. C'est vraisemblablement le prolongement du décrochement de Charvet au terme d'un tracé à flanc de pente au dessus de Plan Montmin et de Montmin. Mais la monotonie et la couverture végétale ne permettent pas de le confirmer. Le sens de son rejet vertical (abaissement du compartiment oriental) est en effet compatible avec un coulissement dextre. Toutefois le fait que ses lèvres s'infléchissent synclinalement et enserrent ainsi un graben écrasé de Berriasien porte aussi bien à y voir une cassure extensive ancienne déformée (comparable notamment aux failles d'Arclosan, immédiatement plus orientales).
La vue ci-dessous, plus grande, montre mieux les détails de la géométrie tectonique de ce grand pli
La voûte de calcaires du Jurassique supérieur de l'anticlinal de l'Aulp, vue du sud depuis les pentes du Mont Vélan (La Serve). a.A = dessin de la voûte affectant l'ensemble des couches, si l'on ne tient pas compte des détails. Cette voûte est partagée en deux moitiés par la faille de Mercier (f.M), peu oblique à l'axe du pli. Le dessin étroit et aminci vers le bas de la pincée synclinale intercalaire semble bien traduire la fermeture d'un hémigraben* et son écrasement lors des serrages qui ont créé le pli. |
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(Entrevernes) | Tournette sud | |
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