Tête de Gaulent |
La Tête de Gaulent est le point culminant d'une assez puissante arête rocheuse qui court parallèlement à la vallée de la Durance et qui la domine à la hauteur du village de Champcella. Situé à l'ouest de la faille de La Durance et limité au nord par la vallée de la Biaysse, ce petit massif a une structure assez représentative de celle de la frange occidentale de la zone briançonnaise. On y trouve en effet un empilement d'unités qui ont pour première particularité d'avoir été détachées de leur soubassement originel, constitué par la zone houillère axiale, pour venir recouvrir en chevauchement la couverture de la retombée orientale du dôme de socle du massif du Pelvoux.
Les unités briançonnaises qui le constituent sont considérées comme des éléments rattachables à deux nappes majeures, celles de Champcella et de Roche Charnière. Ces dernières possèdent l'une comme l'autre une mince semelle de Carbonifère et un corps principal de calcaires du Trias moyen mais se distinguent par des différences de détail dans leur succession stratigraphique post-triasique (Dogger-Malm bien développé dans la première et lacunes plus ou moins importantes entre Trias moyen et Crétacé supérieur dans la seconde).
La coupe naturelle du Torrent de Tramouillon, qui limite ce groupe montagneux du côté méridional donne la clé de l'agencement de leurs unités imbriquées, à pendage plutôt orienté vers l'ouest, dont les parties les plus orientales (correspondant aux "racines" de ces écailles) manquent, enlevées par l'érosion qui a disséqué ce versant de la vallée de la Durance. Ces "écailles" tectoniques sont coupées du côté occidental par un important accident, la faille du Front briançonnais qui les met à tour de rôle en contact anormal avec la nappe des flyschs de l'Embrunais (et qui a donc joué postérieurement à l'imbrication des unités briançonnaises).
En outre ce dispositif d'écailles empilées est recoupé par un système de failles NNW-SSE, à lèvres orientales abaissées, qui le découpe en tronçons successifs décalés en escalier descendant vers la vallée de la Durance. La plus importante est la faille de Serre Piarâtre, qui effondre suffisamment ce dispositif pour que le matériel de la nappe de Champcella affleure dans les basses pentes du Bois du Bouchet et du Serre de la Garde, en contrebas est des escarpements de Clot La Selle et de Serre Piarâtre, alors que ces derniers appartiennent pourtant à l'unité "inférieure", de Roche Charnière.
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Coupes SW-NE, transversales à la crête de Gaulent (extrait de J.DEBELMAS 1955a, pl.IV ; coupes suivantes vers le sud en page "Roche Charnière") Les unités imbriquées rattachées à la nappe de Roche Charnière sont reployées en un pli couché dont la charnière est visible dans les pentes entre la Tête de Gaulent et le Rocher du Peyron. F2 = faille extensive de Serre Piarâtre. |
Du côté septentrional de la montagne la profonde coupe naturelle de la vallée de la Biaysse montre les rapports entre le Briançonnais et l'autochtone de couverture du massif du Pelvoux (voir la page "Dourmillouse").
On y constate que le "front briançonnais" sectionne tout-à-fait transversalement l'empilement des unités briançonnaises ainsi que leurs surfaces de chevauchement. Par contre la surface de cette cassure majeure est grossièrement parallèle à celle du sommet de la succession stratigraphique des Grès du Champsaur autochtones. Entre les deux s'intercale une lame d'épaisseur hectométrique de flysch noir, qui prolonge au nord comme au sud le matériel de l'unité subbriançonnaise inférieure : elle semble, par sa continuité en dépit de sa minceur, avoir pu jouer le rôle de coussinet tectonique lubrifiant.
Il est particulièrement clair ici que le "front briançonnais" ne peut pas être considéré comme la surface de charriage originelle des nappes briançonnaises : c'est un accident tardif par rapport à ce charriage puisqu'il en reoupe l'empilement d'unités. S'il a amené les nappes briançonnaises à reposer sur l'autochtone c'est par l'effet d'un cisaillement au niveau élevé de la structure, qui a déformé cet accident sub-vertical dans ses parties profondes (voir la coupe de Réotier) en le déversant vers l'ouest. Cette manière de voir interroge quant à la signification de la grande charnière synclinale de Saint-Clément - Meyronnes : il est séduisant de penser qu'elle ne représente que le crochon induit, au niveau des nappes de l'Embrunais par ce cisaillement proverse tardif. |
Le versant occidental du chaînon de Gaulent, vu de l'ouest depuis le sommet du Piquet. ØBr = chevauchement frontal du Briançonnais ; n.P = nappe du Parpaillon (flysch à Helminthoïdes) : noter la terminaison de ses affleurements vers la gauche, où ils sont coupés en biseau par le front briançonnais ; SB = zone subbriançonnaise, réduite à une lame de flysch noir. commentaires complémentaires à la page "Couleau - Vautisse" |
Le matériel des nappes de flysch de l'Embrunais affleure à l'ouest du sommet de Gaulent, sur les hautes pentes du versant de rive droite de la Biaysse (voir la page "Vautisse"). Il y est reployé en un grand synclinal (prolongeant le synclinal de Saint-Clément), ce qui explique pourquoi il n'atteint pas le fond de la vallée.
Mais le flysch de l'Embrunais ne réapparaît pas au nord de la Biaysse, ce qui veut dire soit que l'extension de sa nappe n' avait peut-être pas atteint cette latitude, soit que sa surface de chevauchement devait passer plus haut "dans le ciel" par rapport à la crête de la Tête de la Lauzière. Quoi qu'il en soit le Front briançonnais est représenté au nord par une cassure qui met en contact le matériel briançonnais avec l'autochtone du massif du Pelvoux, soit
directement soit (à partir de la Vallouise jusqu'au Galibier) par l'intermédiaire d'écailles subbriançonnaises. |
voir la carte structurale du Briançonnais méridional. / catalogue des cartes locales de la section Briançonnais
Voir les colonnes stratigraphiques des diverses unités tectoniques du secteur.
Voir l'aperçu
général sur la tectonique du Briançonnais et plus précisément celui sur les chaînons à l'ouest de la Durance.
Voir aussi l'aperçu général sur
la bordure orientale du Massif du Pelvoux
ouvrage à consulter : DEBELMAS J. (1955a). - Les zones
subbriançonnaises et briançonnaises occidentales entre Vallouise et Guillestre
(Hautes-Alpes) . Mém. Serv. Carte Géol. France, 171 p., 37 fig., 7 pl., 1 carte
géol. et 1 schéma struct
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(Dourmillouse) |
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