Montgenèvre, Fournéous |
Au NE de son confluent avec la Clarée (peu en amont du hameau de Vachette) le cours de la Durance quitte celle vallée, devenue N-S, pour rejoindre la trouée orthogonale du Montgenèvre, suspendue presque 400 m plus haut. Elle se termine en Italie à Clavière, localité à l'est de laquelle une dénivellation similaire, franchie par la Piccola Dora, la sépare de la haute vallée de la Dora Riparia (voir la page "Chaberton"). Cette trouée fait communiquer les bassins de la Durance et de la Doire Ripaire et permet une des grandes liaisons routières internationales des Alpes. C'est à son point le plus élevé, le col du Montgenèvre que la Durance prend sa source.
Il est remarquable que la partie orientale de cette trouée correspond sensiblement à la limite entre deux ensembles rocheux très différents qui sont le massif calcaréo-dolomitique du Chaberton au nord et le massif ophiolitique* du Chenaillet au sud. Au point de vue structural ces deux massifs sont séparés par une grande cassure NE-SW, transverse à la ligne de partage des eaux entre Durance et Dora Riparia, la faille de Clavière dont le tracé est reconnu avec certitude peu au sud du village, au Mont Fort du Boeuf.
À l'ouest de Montgenèvre le vallonnement de cette trouée s'avère orienté selon la direction de la faille de Clavière, ce qui suggère que son tracé pourrait résulter du prolongement de cette dernière. Toutefois cette hypothèse n'est guère soutenue par les observations de terrain. En effet ce vallon est fortement encombré d'alluvions glaciaires qui masquent son soubassement et, aux abords occidentaux du village, ses deux versants, nord et sud, sont constitués l'un comme l'autre par les épaisses couches dolomitiques du Trias supérieur, qui se prolongent par ailleurs plus au sud en se raccordant à l'unité piémontaise de Rochebrune (voir le cliché en fin de page). |
Par ailleurs du coté oriental, peu à l'ouest de Clavière aboutissent, bout à bout de part et d'autre de la trouée, les tracés de deux grandes failles dont l'orientation est voisine de N-S, la faille du Janus au sud (voir la page "Gondran") et la faille des Baisses au nord (qui limite le chaînon du Chaberton du côté oriental). Cela suggère qu'elles soient le prolongement l'une de l'autre ; mais en fait aucune de leurs autres caractéristiques ne concordent, qu'il s'agisse de la constitution de leurs lèvres, du sens d'inclinaison de leurs surfaces de cassure et du sens de leur rejet vertical : l'interprétation de cette disposition cartographique reste donc énigmatique. |
1/ Les pentes au nord de Montgenèvre sont limitées sur leur côté oriental par le vallon des Baisses (voir la page "Chaberton") et constituées par les deux crêtes de la Tête des Fournéous à l'ouest et du Serre Thibaud à l'est. Elles se raccordent vers le nord au Pic du Lauzin, à l'ouest du col des Trois Frères Mineurs pour y mourir en s'étranglant entre ceux du Pécé et du Chaberton (voir détails plus loin dans cette page).
L'une comme l'autre sont essentiellement constituées par des couches calcaires et dolomitique du Trias supérieur qui y sont disposées à l'endroit et presque horizontalement. Elles appartiennent à ce titre au domaine piémontais externe (voir la page " Briançonnais : tectonique"), plus précisément à l'unité des Fournéous, dont la surface basale est peu inclinée vers le sud, se ferme du côté nord avec le promontoire du Pic du Lauzin ; elle constitue presque une klippe puisque ce n'est que le hiatus d'affleurements du col du Montgenèvre qui empèche de voir qu'elle s'y connecte très vraisemblablement à l'unité de Rochebrune par l'intermédiaire des affleurements du Janus (voir la page "Gondran").
D'autre part la succession de l'unité des Fournéous
ne diffère guère de celle du Chaberton que par ses conditions d'affleurement :
- elle est disposée à l'endroit et se complète
vers le haut par des termes plus récents, d'âge peut-être
Jurassique moyen, à lits détritiques, évoquant
un flysch ; à la faveur de cette disposition elle comporte
également un minuscule chapeau de "couches de la Replatte" du Crétacé inférieur ligure ;
- l'épaisseur de sa succession s'y réduit du sud vers le nord, du fait
d'un rabotage tectonique basal : celui-ci tranche en biseau les dolomies
noriennes et les supprime presque totalement du côté
nord (de sorte que c'est le Lias qui repose presque directement sur les
unités sous jacentes au Pic du Lauzin).
Au contraire vers le sud la série dolomitique du Norien accroit son épaisseur au fur et à mesure que l'on se rapproche de Montgenèvre, même si elle n'y montre pas encore la puissance qu'elle expose au Janus. Il faut donc probablement voir dans l'unité des Fournéous la simple terminaison vers le nord, du fait de cet amincissement basal, de cette partie de l'unité de Rochebrune qui forme le Janus (voir la carte).
Cette unité des Fournéous repose sur un soubassement de matériel globalement assez tendre, que sa constitution fait rattacher aux "écailles intermédiaires".
La constitution des unités du col de Dormillouse et du soubassement de la crête de Chalvet, qui sont rattachées à ces écailles intermédiaires, est assez différente de celle des unités plus occidentales qui affleurent, plus bas à l'ouest, sur les deux rives de la Clarée. Elle se caractérise d'abord par la très grande réduction, voire l'absence totale, de carbonates triasiques et par la présence en lambeaux disjoints de quartzites du Trias inférieur. L'essentiel de cette succession est formé de calcaires et de calcschistes à zones siliceuses (Malm-Néocomien) qui sont associés, en plusieurs points, à des affleurements de micaschistes : ces derniers ont été interprétés comme des écailles tectoniques de socle briançonnais ; ce sont plus vraisemblablement des olistolites ou des méga-brèches d'âge Crétacé supérieur, résultant d'une érosion du socle , ce qui porte à penser qu'ils proviennent du domaine "ultra-briançonnais". |
La présence de ces couches y détermine l'alignement des vallonnements N-S que jalonnent le col de Dourmillouse et le Pas de la Fanfare parce qu'elles sont mises à nu, sous l'unité des Fournéous, dans la lèvre orientale, abaissée, de la faille des Acles .
En fait ce matériel n'affleure pas seulement à l'ouest de la crête du Lauzin et de Chalvet mais il constitue un semelle continue sous l'unité des Fournéous (voir plus haut dans cette page) : on l'observe également à la marge orientale des affleurements de cette dernière, à la faveur de l'entaille du Rio Secco : son épaisseur y est d'ailleurs plus forte, apparemment du fait de complexités tectoniques. Il perce dans en outre en une petite fenêtre intermédiaire au sommet du vallon de l'Alpet (sous le col du même nom).
2/ À la latitude de l'agglomération de Montgenèvre cet alignement, qui borde le tracé de la faille des Acles, se poursuit sur le versant Clarée de la crête des Fournéous, où il est jalonné par les cargneules qui déterminent la vire du Sentier de la Fanfare. Il est notamment mis à nu plus largement (par l'érosion de la crête) au lieu-dit Clot Enjaime, c'est-à-dire haut sur l'extrémité méridionale de cette crête.
Au sud de ce point les témoins des écailles intermédiaires se font rares (au point de rendre difficile la distinction entre les deux lèvres de la faille des Acles au niveau du Rocher Deseur au delà duquel on la perd dans les pentes de rive droite de la trouée du Montgenèvre, sous le matériel quaternaire.
En effet l'extrémité occidentale de la trouée du Montgenèvre ne montre aucun affleurement sain entre ses deux versants : son creux est occupé en amont par un colmatage d'alluvions glaciaires et en aval par une zone disloquée par tassement, que la N.94 gravit par une pile de lacets en rive droite du lit de la Durance. Il résulte de ce hiatus d'observation que le raccord structural entre les deux versants de la trouée ne peut être que très interprétatif.
Or le flanc opposé de la vallée est en majeure partie constitué par la haute muraille du Mont Janus, qui appartient au contraire aux unités piémontaises externes (plus précisément à l'extrémité septentrionale de l'unité de Rochebrune) et l'on y voit pas affleurer les unités briançonnaises avant que le versant tourne pour regarder vers l'ouest. Il faut aller assez loin vers le sud (jusqu'aux chalets du Vallon) pour trouver à flanc des escarpements occidentaux de ce sommet des témoins de ces écailles intermédiaire.
Il pourrait sembler pertinent d'opposer les deux versants et d'expliquer leur différence de constitution en l'attribuant à un prolongement de la faille transverse de Clavière en direction de l'W-SW : en effet elle pourrait rejoindre ainsi l'accident transverse de Briançon (voir la carte structurale en fin de page). Mais la différence de constitution des versants à l'ouest de Montgenèvre est plus apparente
que réelle ; en fait la différence d'altitude que la surface de charriage de l'unité de Rochebrune semble présenter sous le Janus par rapport à celle des Fournéous semble aisément s'expliquer par le fait que cette surface est visiblement affectée d'un plongement vers
le sud. |
aperçu général sur la tectonique de la zone briançonnaise
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Carte structurale schématique extrait de la carte d'ensemble du Briançonnais f.Cv = faille de Clavière.
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Carte géologique simplifiée
des alentours de Montgenèvre
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
catalogue des autres cartes locales de la section Briançonnais
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Briançon ; Enrouye |
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Cesana-Torinese |
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"Montgenèvre" |
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