Roche Colombe, Alpe du Lauzet |
La crête rocheuse du Grand Galibier se poursuit vers le sud-est par la longue crête de la Roche Colombe et se termine finalement en dominant le versant de rive droite (septentrionale) du vallon de l'Alpe du Lauzet. Cette profonde entaille transversale, pratiquée par le torrent du Rif (le plus septentrional des affluents de rive gauche de la Guisane), donne une coupe naturelle de ce chaînon et montre en particulier, à son débouché aval, les rapports entre l'unité du Grand Galibier (la plus occidentale de la zone briançonnaise sur cette transversale) et son substratum de matériel subbriançonnais.
Mais la lecture de l'empilement des unités charriées y est perturbée par deux sortes de facteurs de complications :
- d'abord le fait que cet empilement est tranché en oblique par plusieurs cassures, la plupart orientées NW-SE. Ce sont des décrochements sénestres que l'on peut rapporter à la famille des décrochements du Lautaret (voir la page "Lautaret").
Toutefois que la manière dont est assurée la continuité de ces accidents d'une rive à l'autre de la vallée de la Guisane est difficile à déterminer avec rigueur en raison de la longueur de leur tracé qui y est masqué sous les alluvions. La faille la plus spectaculaire est celle qui décale, immédiatement en amont du Pont de l'Alpe, la voûte de l'anticlinal affectant la barre calcaire du Dogger ; elle semble bien être en position de représenter le prolongement de la branche principale du décrochement du Lautaret. |
- d'autre part l'importance de la surface qu'y occupent les glissements de terrain ; ils y sont d'ailleurs de types variés, depuis les paquets tassés plus ou moins disloqués jusqu'aux coulées boueuses qui affectent pratiquement toutes les pentes molles situées au NE de la Roche Robert (= "Croix Robert" de la carte Top 25 récente).
À ce propos on peut se poser la question de l'origine de la mise en saillie de ce monolithe de la Roche Robert. C'est objectivement une klippe que l'érosion a détachée de l'unité du Galibier ; mais on peut se demander si son isolement actuel ne résulte pas d'un glissement en masse l'ayant abaissé par rapport aux autres affleurements de calcaires triasiques qui sont situés plus haut sur la crête qui descend du Pic de la Ponsonnière (voir le cliché pris d'E en W, à la page "Le Lauzet"). |
Le versant occidental du groupe rocheux de la Tête de Colombe présente des escarpements spectaculaires qui dominent la route N.91 et que l'on peit contempler avec plus de recul depuis le col du Lautaret. Sous cet angle on constate que la falaise des calcaires triasiques qui arment l'unité briançonnaise du Grand Galibier est affectée par plusieurs failles dont les caractéristiques sont diverses.
Le décrochement de la Tête de Colombe est celle de ces failles qui a l'empreinte la plus importante sur le relief : elle détermine les abrupts sud du sommet et un rentrant vers l'est de près de 1 km de leur ligne de falaises. Son rejet sénestre est surtout mis en évidence par le décalage qu'elle inflige à la surface de chevauchement de l'unité du Galibier.
Deux failles symétriques encadrent la pyramide de marbres en plaquettes du Roc Termier, qui représente donc le contenu d'un graben*. Le miroir de la faille méridionale est garni ici par les couches rouges de base des marbres en plaquettes englobant localement des placages de brèches. Dans le revers oriental de la crête (voir plus loin dans cette page) il se raccorde, sans la décaler, à une paléo-faille fossilisée par des brèches jurassiques : il s'agit donc probablement d'un système de horst synsédimentaire.
La faille septentrionale, orientée NE-SW
est une faille extensive sans doute formée avant le charriage car elle ne semble pas décaler le tracé de ce dernier.
Du côté oriental et méridional la dalle rocheuse calcaire qui constitue l'unité du Grand Galibier s'enfonce globalement vers le sud-est jusqu'à buter contre la faille de La Ponsonnière. Cette cassure passe notamment 250 m à l'ouest du col de ce nom, au pied des rochers retenant le Lac Blanc . Ce dernier est un typique lac de surcreusement* retenu par un verrou* dont la localisation est due à ce que le glacier descendant du col Termier a évidé là un étroit synclinal d'axe presque N-S à cœur de calcschistes néocrétacés (il s'agit vraisemblablement du prolongement septentrional du synclinal de l'Aiguillette du Lauzet).
Sur ce versant cette unité du Galibier est affectée par deux sortes d'accidents :
- les uns sont des paléo-failles qui ont fonctionné au Jurassique et au Crétacé supérieur. La plus remarquable est celle qui a soulevé le compartiment nord-occidental du soubassement du Roc Termier. Antérieurement au dépôt des marbres en plaquettes néocrétacés une érosion a décapé ce compartiment jusqu'au niveau des calcaires triasiques ; elle y a sculpté un karst qui a été fossilisé au Crétacé supérieur, puis finalement remis à nu sur d'assez grandes surface par l'érosion quaternaire.
- les autres sont des plis et chevauchements mineurs, déversés, voire couchés vers l'ouest : c'est en particulier le cas du synclinal bordant la faille de la Ponsonnière, qui est exactement en situation de prolonger celui de l'Aiguillette du Lauzet).
Au premier abord on est tenté de voir dans ce pli un crochon* de chevauchement lié au jeu de la faille de la Ponsonnière. Mais cette interprétation est en définitive peu vraisemblable pour deux raisons: C'est aussi le cas au sud-est du Grand Lac, où le flanc est du synclinal se biseaute du sud vers le nord de sorte que les calcaires triasiques des arêtes de La Bruyère se terminent en sifflet en atteignant la rive oriental du lac; mais là il semble que la faille de la Ponsonnière soit décallée dans le sens sénestre par une faille annexe (voir la page "Ponsonnière"). |
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Carte géologique simplifiée des chaînons
de la Haute Guisane - Haute Clarée |
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Légende des couleurs de la carte
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aperçu
général sur la stratigraphie
du Briançonnais aperçu général sur la tectonique du Briançonnais aperçu d'ensemble sur les montagnes de rive gauche de la Guisane |
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(Combeynot) |
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