La crête des Éparres ; les Roches Rousses |
Cette longue arête boisée, qui borde du côté ouest le vallon des Éparres jusqu'au Guiers Vif, est un crêt* assez typique : il est formé (sauf à son extrémité tout-à-fait septentrionale) par l'Urgonien du flanc oriental de l'anticlinal chartreux médian. La continuité de la ligne de falaises formée par ce dernier terrain n'est pas troublée par le fait qu'elle recoupe plusieurs cassures appartenant aux familles dextre NE-SW et sénestre NW-SE, cette dernière étant beaucoup mieux représentée ici que dans la plupart des autres secteurs de la Chartreuse.
La crête des Éparres et la partie septentrionale des Roches Rousses vues depuis le sommet du Petit Som (la crête du Cernay est en arrière-plan) (voir aussi le cliché d'enfilade pris d'avion, du nord). L'extrémité gauche visible de la crête (bec coté 1639) correspond à un coude vers l'est de son tracé. Cette inflexion est due au décalage de la barre urgonienne par le décrochement dextre (orienté NE-SW) des Éparres (d.É). Cette cassures est de la même famille que le décrochement de l'Alpette, dont le tracé (d.A) est en fait largement masqué par la crête. Le rejet horizontal de ce décrochement est à peu près matérialisé par l'écart entre le bec de la crête des Éparres et le bec de la Roche Veyrand, qui lui correspond de l'autre coté de la faille (et sur l'autre rive du Guiers Vif). d.RR1 et d.RR2 désignent les failles de décrochement sénestres (orientées NW-SE) les plus septentrionales des Roches Rousses. Dans la falaise leur rejet vertical (abaissement du compartiment septentrional) se repère bien par le décalage de la limite entre l'Urgonien proprement dit et le Barrémien inférieur (souligné de tirets roses). |
Vers le nord la crête des Éparres se poursuit jusqu'au Guiers Vif, en conservant un caractère morphologique de crêt* toujours aussi accusé. Elle est traversée par une succession d'autres décrochements mineurs, la plupart dextres, qui n'ont d'autres conséquences sur le relief que de déterminer, sur son revers est, des petites falaises transversales à la crête principale.
Par contre la brèche du Pas Dinay est déterminée par le décrochement du Pas Dinay, qui est la plus méridionale des deux branches entre lesquelles se partage le décrochement du col de l'Alpette, dans son prolongement vers le sud-ouest. Du côté nord cette cassure décale fortement vers l'est la barre urgonienne, que l'on retrouve, au niveau de la vallée du Guiers Vif, à la falaise du Petit Frou. Le crêt des Éparres se poursuit pourtant jusqu'au lit de la rivière (qu'il rejoint en aval du Petit Frou), mais il est alors constitué par les calcaires du Fontanil les plus massifs, dont la barre vient se disposer juste dans le prolongement de l'Urgonien qui forme le crêt plus au sud.
Carte géologique schématique, en couleurs, du secteur de la Ruchère, depuis le Guiers vif jusqu'à la crête de partage des eaux avec le Guiers mort |
Les Roches Rousses sont la partie méridionale de la crête, la plus élevée, qui se trouve à la latitude du Petit Som. L'arête y perd son profil de crêt classique car elle est biseautée en chanfrein par une surface d'aplanissement qui est moins inclinée que les couches (ce que l'on voit mieux d'enfilade depuis le vallon de Mauvernay) : ceci ne laisse subsister que quelques dizaines de mètres d'Urgonien aux abords de la brèche des Roches Rousses (ce que l'on voit aussi sur les coupes).
La partie méridionale de la crête des Éparres (les Roches Rousses), vue de l'ouest, depuis le Petit Som (la crête septentrionale du Grand Som se profile en arrière-plan) Cette vue correspond à la partie centrale de la coupe ci-dessous et fait suite, du côté droit, au cliché précédent.
Coupe longitudinale selon la crête des Éparres méridionale (Roches Rousses). Cette coupe est orientée parallèlement à l'axe de l'anticlinal du Couvent : elle ne montre donc que des structures qui sont transverses à ce pli. Elle correspond assez bien à la vue sur la crête que l'on a depuis le Petit Som (photo ci-dessus). Les multiples cassures qui affectent l'Urgonien se répartissent en deux familles conjuguées : - les sénestres (à rejet apparent d'abaissement du compartiment gauche et orientées N130° à N160°E) sont notées Ds ; - les dextres (à rejet apparent d'abaissement du compartiment droit et orientées autour de N75°E) sont notées Dd. On peut constater que l'addition des rejets de ces deux familles de failles dessine une voûte anticlinale (très ouverte). La ligne de tirets-points indique la surface d'aplanissement (évidemment postérieure au jeu des décrochements) qui a arasé le sommet du crêt. |
Coupe transversale à la partie méridionale de la crête des Éparres La ligne en points-tirets, tangente à la pente topographique des Roches Rousses des Éparres, figure la surface d'aplanissement ancienne qui explique que le crêt urgonien soit ici aussi peu saillant. Cette surface est à l'évidence antérieure au fonctionnement du chevauchement de la Chartreuse orientale (Ø3), car il a nettement surélevé, par rapport à elle, le chaînon du Grand Som. |
La Brèche des Roches Rousses, qu'emprunte le sentier menant du col de Léchaud et le col de Bovinant, est une encoche naturelle qui correspond à l'un des multiples petits décrochements affectant la dalle urgonienne ; elle permet de voir certains aspects micro-tectoniques* de cette cassure.
vu du sud |
Le sac à dos est posé sur la lèvre sud-ouest du couloir de faille. La flèche orangée est tracée sur sur le calcaire massif urgonien du miroir de faille, vertical, de la lèvre opposée (lèvre NE). |
vu d'enfilade (du sud-est) |
schéma cartographique |
La zone de brèche qui remplit le couloir de faille, large
de 2 m et de teinte plus jaunâtre, est déprimée
par l'érosion et utilisée par le sentier. Elle est
bordée par un miroir de faille (visible à l'extrémité
gauche du cliché). Dans le quart inférieur droit
de la photo un morceau de brèche de faille plus compacte,
correspondant à une navette* intercalaire, affleure en
saillie devant le miroir et le cache : on y voit une ébauche
de feuilletage mylonitique (encore espacé et grossier),
noté S1 sur le schéma et le cliché
d'enfilade, dont l'angle aigu par rapport au miroir de faille
pointe vers la gauche (vers le nord-ouest). |
Environ 1 km au nord du col de Bovinant, à peu de distance du fond du vallon des Éparres, se trouvait l'une des anciennes mines de fer des Chartreux. Elle exploitait des filons de remplissage karstique dans l'Urgonien du revers de la crête des Roches Rousses.
Au sud de la Brèche des Roches Rousses la partie tout-à-fait méridionale de cette crête se termine brutalement, à la latitude du chalet de Bovinant, tranchée par l'entaille (due au décrochement de Bovinant) qui permet d'accéder à ce chalet. Cette extrémité méridionale est examinée à la page "Bovinant".
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Ruchère |
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Dent de l'Ours |
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Éparres |
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