Le Chevalon de Voreppe

Carrière de Sautaret

Le village du Chevalon, en rive droite de la trouée de l'Isère au sud de Voreppe, est installé sur le cône de déjections, d'ailleurs très bien dessiné, du petit torrent de Malsouche. Ce dernier descend de Chalais en suivant la combe monoclinale qu'il a creusée dans les couches marneuses de la base du Crétacé ("formation du Chevalon", d'âge Berriasien).

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Les grandes structures de la Chartreuse occidentale en rive droite de la trouée de l'Isère, vues du sud-ouest depuis le sommet de la Buffe (Vercors).
Seuls sont représentés les principaux éléments de l'organisation tectonique :
S0 = inclinaison des couches ; Ø1 = chevauchement de la Chartreuse occidentale ; f.V = faille de Voreppe ; f.aC = faille de l'Aiguille de Chalais ; a.Ch = anticlinal de Charminelle ; fl.N = flexure antiforme de Noyarey** ; fl.E = flexure synforme des Engenières** ; f.mSM = faille de Mont-Saint-Martin ; f.FE = faille du Fontanil orientale. ; ØS = chevauchement de Sautaret.
s.apl.
= ancienne surface d'aplanissement.
** ces deux accidents sont plus ouverts qu'en rive gauche de l'Isère (voir la page "Sornin").

Le village lui-même est dominé par les ruines d'une cimenterie qui traitait la pierre à ciment extraite d'une carrière ouverte, au lieu-dit Sautaret, dans les alternances de marnes et de marno-calcaires du Berriasien inférieur ("membre de Sautaret" de la formation du Chevalon) de la partie basse de cette combe. Son exploitation, en grande partie souterraine, est maintenant abandonnée.
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Les pentes du Chevalon, en rive droite de la trouée de l'Isère, vues du sud-ouest, depuis Veurey, à l'époque (1961) du fonctionnement de la cimenterie (cheminée fumante).
Sous l'éperon rocheux de la Cheminée de Mont-Saint-Martin l'épaulement boisé de la formation du Chevalon (= Berriasien inférieur et moyen) est constitué, de bas en haut, par les 3 membres* suivants : couches inférieures, de Sautaret (cChi), les plus marneuses, couches moyennes, du Peuil (cChm), les plus calcaires, et couches supérieures, des Oullières (cChs) ici formées d'alternances marnes et de calcaires.
(dans un souci de clarté on a délibérément omis de représenter les accidents tectoniques).


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Colonne stratigraphique des couches du Berriasien et du Valanginien entre Le Chevalon et Mont-Saint-Martin :
Les faciès sont d'autant plus marneux que leur figuré est plus sombre et, inversement, d'autant plus calcaires et riches en matériel bioclastique que leur figuré est plus clair.



A/ Vue d'ensemble des affleurements de la carrière de Sautaret

La carrière attaque le promontoire du Peuil, qui descend d'est en ouest depuis la "cheminée" de Mont-Saint-Martin vers le village du Chevalon par deux fronts orthogonaux qui se rejoignent du côté occidental.

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La carrière de Sautaret, vue d'ensemble en 1993. de l'ouest, depuis le Château de Veurey.
F.1, F.2 = failles extensives (lèvre droite abaissée) ; ØS = surface de chevauchement de Sautaret (lévre supérieure se déplaçant en fait vers l'avant gauche de l'observateur).


Schéma cartographique d'accès pédestre aux points d'observation (le point rouge sous le "S" de Sautaret localise la coupe du sommet du Tithonique).

Le front de taille méridional (entaille orientée presque N-S) montre la superposition du membre du Peuil à celui de Sautaret. On y constate l'existence d'une faille du Peuil, extensive orientée NE-SW (lèvre sud-orientale abaissée).

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La carrière de Sautaret : son front de taille méridional
vu du terre-plein coté 410 m, au SW (état en 1992).
Il montre différentes complexités d'organisation des couches de la partie inférieure de la formation du Chevalon (membres de Sautaret et du Peuil). Mais au dessus de la piste d'engins de l'étage moyen la perspective ne permet plus de bien suivre les faisceaux calcaires du membre du Peuil.
ØS = chevauchement de Sautaret ; s.P/S = surface limite entre les deux membres ; F1 = faille extensive NE-SW (lèvre sud-orientale abaissée), se partageant en deux branches (a et b).


Le front de taille septentrional résulte d'une entaille orientée NE-SW (qui regarde vers les pentes de l'Aiguille de Chalais). Il montre une multitude d'accidents de petite taille, d'échelle métrique à décamétrique, compressifs et extensifs, dont certains ne peuvent d'ailleurs s'expliquer que par des phénomènes tectonique syn-sédimentaires.

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Le front de taille septentrional de la carrière de Sautaret : vue d'ensemble, depuis le NW.
Le cliché est pris d'assez loin pour atténuer fortement les déformations perspecties ; la hauteur totale observable est évaluable à environ 100 m.
Pour analyser la structure on a repéré et dénommé par des lettres les différents faisceaux de couches successifs.
En rouge les failles compressives (Ø) ; en bleu les failles extensives (F).
ØS = chevauchement de Sautaret ; Ø1, Ø2 = chevauchements satellites (situés plus haut dans la succession des couches et s'y amortissant) ; F1 = faille extensive NE-SW (lèvre sud-orientale abaissée) ; F2 = faille extensive moins importante et d'orientation précise mal déterminée (l'appréciation de son rejet se base sur la reconnaissance, éventuellement contestable, du faisceau "f"dans sa lèvre de droite).
(la pousse de la végétation sur les pentes d'avant-plan ne permet plus de prendre ce cliché !).

Ce front est surtout traversé à sa partie basse par le chevauchement de Sautaret, dont il montre le tracé composite avec une cassure principale soulignée par la présence d'une zone broyée.

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La partie nord du front de taille septentrional, vue du NW, montrant l'ensemble de la partie visible du chevauchement de Sautaret (mêmes notations qu'au cliché précédent).


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La partie centrale du front de taille principal : état en 2014. (cliché original obligeamment communiqué par Mme. Anne Robert-Bejot). (localisation sur le cliché d'ensemble : cadre bleu)
Le ravinement par les eaux météoriques à quelque peu dégagé la partie basse de l'escarpement, montrant notamment une charnière anticlinale qui correspond au crochon sur le chevauchement secondaire Ø1.mais on perd sous les éboulis la suite du tracé du chevauchement principal de Sautaret (ØS).
Le détail des chevauchements imbriqués (cadre vert) et de l'amortissement de ce chevauchement secondaire (cadre orange) sont figurés ci-après.

Cet accident, tout-à-fait mineur à l'échelle régionale, semble représenter le prolongement méridional de la faille de l'Aiguille de Chalais (voir le premier cliché de la présente page) qui se suit vers le nord en rive droite du ruisseau de Malsouche : elle y traverse la dalle tithonique de l'Aiguille de Chalais entre son sommet et le couvent et finit, plus au nord, par se perdre dans le Tithonique au nord des gorges de la Roize.

Il s'agit vraisemblablement là d'un chevauchement satellite de la grande faille de Voreppe (voir la coupe de la cluse de l'Isère) car l'un comme l'autre de ces accidents ont une surface de cassure orientée à peu près selon le N45° et pentée d'environ de 45° vers le SE.



B/ Vues agrandies de certains détails de la carrière de Sautaret.

La carrière de Sautaret constitue en définitive un véritable musée de structures tectoniques, où sont remarquablement bien visibles des plis, des failles normales (parfois un peu complexes à interpréter) et des failles inverses.
On trouvera, ci-après, la liste puis la localisation des images plus détaillées qui sont présentées dans la présente page.

  détails de failles normales

  détails de failles inverses

vue "en coupe transversale" (presque selon l'azimut de la surface de cassure) du chevauchement de Sautaret et de son cortège d'accidents annexes.
amortissement du chevauchement secondaire Ø1 (localisation : cadre rouge du cliché de la partie centrale, ci-dessus)
déformation en extension par un système de "mini blocs-basculés".


Localisation des clichés de détail.
Les cadres de couleur ne correspondent qu'approximativement aux limites des clichés ; l'astérisque rouge indique la position des mini-blocs basculés du faisceau "J".


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Vue rapprochée du rentrant vers l'est de l'extrémité du front de taille septentrional (localisation = cadre rouge).
(il est à noter que la pousse de la végétation sur le talus d'avant-plan ne permet plus de prendre ce cliché !).
Cette entaille, orientée presque E-W, donne une coupe représentative du chevauchement de Sautaret car elle est sensiblement perpendiculaire au plan de cassure de cet accident.
En effet, au centre du cliché, les surfaces de couches et de failles, ainsi que les axes de plis sont vus d'enfilade, : ceci permet de déterminer leur direction azimutale, qui s'avère proche de N45°, valeur qui doit correspondre aussi à celle de la surface de chevauchement (plus difficile à évaluer directement).
Cette coupe montre que l'accident principal (ØS) est frangé vers le haut par une zone broyée dont on distingue, même sur la photo, le feuilletage schisteux : ce dernier, fortement incliné vers la gauche, témoigne aussi du glissement vers la droite, c'est-à-dire vers le NW, du compartiment supérieur. L'accident principal est d'autre part accompagné d'un cortège d'accidents annexes (notamment le chevauchement satellite Ø1) qui déterminent des crochons* et même des navettes*.
Par contre la marge droite du cliché ne donne pas un dessin fidèle car le changement d'orientation de la surface topographique (plus proche de N-S) lui confère une forte fuite perspective : voir le cliché suivant.



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Failles inverses multiples (localisation = cadre vert vif)
Suite vers la droite de l'affleurement du cliché précédent, vu orthogonalement au font de taille, donc sans déformation perspective. Par contre cette coupe naturelle, NE-SW, coupe la structure en biseau et en déforme le dessin dans le sens d'un étirement horizontal.
On a attiré l'attention en rouge sur les rampes, les paliers et les crochons (indiqués par des astérisques) ; ici les axes de ces plis rentrent dans le versant de la gauche vers la doite et le mouvement de chevauchement se fait en direction de l'observateur, en biais vers sa droite.


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Amortissement par crochons au sein de lits particulièrement marneux (cliché original obligeamment communiqué par Mme. Anne Robert-Bejot).
Suite vers la droite de la partie représentée au cliché précédent (sur ce cliché, plus récent, l'érosion a dénudé le prolongement du chevauchement Ø1 au sein des petits bancs surmontant le faisceau "d").
Noter que les axes de plis ne sont pas perpendiculaires au front de taille mais s'enfoncent en oblique, vers la droite, dans la masse rocheuse.
(localisation sur le cliché d'ensemble = cadre orange)


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Plusieurs failles "normales" synsédimentaires (d'âge Berriasien inférieur) (localisation = cadre vert émeraude).
Ces cassures se sont formées pendant la sédimentation des alternances de marnes et de calcaires argileux du Berriasien. En effet on constate que les niveaux marneux varient d'épaisseur d'un compartiment à l'autre, de part et d'autre des cassures (au centre du cliché une ligne de tirets souligne la lacune de dépôts qui s'y manifeste par rapport aux marnes plus épaisses sédimentées à gauche comme à droite).
Les compartiments abaissés compris d'une part entre 2a et 2b et d'autre part entre 1a et 1b constituent des exemples de "graben"*.


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Vue de la portion du faisceau "j",
située à l'extrême droite du front de taille principal (localisation sur le cliché d'ensemble = astérisque rouge).
Ce faisceau montre une déformation en extension par un système de "mini blocs-basculés" (noter le sens de rotation individuel des blocs). Les deux grosses demi flèches montrent le mouvement relatif des faisceux calcaires, qui glissaient donc conformément à un mouvement de chevauchement vers le NW.


analyse plus détaillée du système de blocs basculés affectant le faisceau " j ".
s0 = surface de stratification du sommet du faisceau débité en blocs ; f1, f2, f3, f4, = failles extensives parallèles ; sC (demi-flèches) = sens du cisaillement tardif, parallèle aux faisceaux de bancs : il a provoqué, au sein des niveaux de marnes, le rabattement vers la droite (vers le sud-ouest) de l'inclinaison des anciennes surfaces de failles.

 

 


La carrière de Sautaret est étudiée dans la publication n°164


 

Carte géologique simplifiée (fond topographique d'après la carte IGN au 1/100.000°)
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuille Grenoble

(Veurey) Vercors

Voreppe

Chalais
("cluse" de l'Isère) Vercors LOCALITÉS VOISINES Mont-Saint-Martin

(Noyarey) Vercors

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Dernière mise à jour de cette page le 12/04/23
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